La guerre pourquoi ? La paix comment ? Eléments de discussion aux gens de bonne volonté
Une contribution de Kaddour Naïmi – Il s’agit d’un essai ainsi présenté : «L’ouvrage tente de répondre d’une manière synthétique aux deux questions posées dans le titre. Les destinataires sont prioritairement les personnes qui, malgré leur bonne volonté, manquent de temps, à cause d’un travail exténuant et/ou d’une attraction par le spectacle pour chercher les informations qui permettent, d’une part, de comprendre les causes et les conséquences réelles des conflits (guerre, résistance armée, terrorisme) et, d’autre part, mener des actions efficaces en faveur d’un monde équitable et pacifique.
Ce livre n’est pas celui d’un expert pour experts, ni de vulgarisation simpliste pour lecteurs superficiels, ni une somme systématique pour doctrinaires.»
Constatation
Celles et ceux qui exploitent par la domination l’humanité et la planète, ces individus représentent une toute petite minorité d’individus. Et voilà leur point fort : ils sont organisés, très bien organisés, unis, très bien unis malgré leurs divergences secondaires d’intérêts, pour maintenir et renforcer toujours plus leur hégémonie oligarchique. Car il s’agit bien d’oligarchie dont l’ancêtre est celle de l’antique Athènes : «(…) L’oligarchie entraîne avec elle la majorité dans des dangers, tandis que des profits, non seulement elle avale la meilleure partie, mais elle se les approprie en bloc, et ne les cède pas (1).»
Et cette mafia mondiale actuelle agit de manière solidaire, au-delà de toute considération ethnique, religieuse, culturelle : la soif de richesse unit cette oligarchie comme la faim unit la horde de loups. On y trouve aussi bien des Anglo-saxons, des Asiatiques, des Moyens-Orientaux, des Africains, bref tous les continents, toutes les religions, toutes les cultures, toutes les ethnies, toutes les «identités». Un seul dieu : le divin fric !
A l’opposé, la grande majorité de l’humanité dominée-exploitée, elle, au contraire, est divisée en ethnies, groupes religieux, aires culturelles, «identités», nationalités, etc. Qui crée et alimente cette division, sinon celui qui y trouve son intérêt : la minorité oligarchique exploiteuse-dominatrice ?
Proposition
Elle découle de la constatation.
Tant que le «troupeau», les «animaux», comme dirait un sioniste israélien, la «racaille», comme affirma un obscur avocat fils d’immigré devenu Président en France, tant que cette majorité humaine ne s’organise pas, ne trouve pas une modalité pour s’unir de manière libre, égalitaire et solidaire, cette majorité constitue les dindons d’où la bande de requins dominateurs-exploiteurs tirera la plus-value pour «jouir» de son infâme et criminelle existence sur cette planète.
On se rappelle l’appel désormais passé de mode : «Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !» La tentative échoua lamentablement, principalement parce qu’elle ne fut ni libre, ni égalitaire, ni solidaire. Mais le principe demeure valable, exprimé d’une manière actuelle : exploités-dominés de tous les pays, si vous ne trouvez pas le moyen de vous solidariser de manière libre et égalitaire, vous resterez la viande, la sueur et le sang qui nourrissent la bande de carnivores qui vivent à votre détriment, et avec le sourire satisfait des vampires.
Utopie, cette union ? Telles furent considérés les appels, au début très minoritaires, à l’élimination de l’esclavage antique puis moderne, du féodalisme, du colonialisme. Par conséquent, après environ quatre siècles de domination du capitalisme, par nature prédateur, pourquoi son élimination ne serait pas envisageable ? Bien entendu, ses thuriféraires le proclament : «Le système le plus conforme avec la nature humaine, le moins mauvais de tous les autres systèmes, donc éternel est la fin de l’histoire.» L’esclavagisme puis le féodalisme furent également présentés de manière identique. Platon et Aristote trouvaient «naturel» l’esclavage, et l’intelligentsia du Moyen-Age considérait également le féodalisme comme «naturel».
Une première tentative d’éliminer le capitalisme par les anarchistes et les marxistes échoua. Il s’agit de tirer les leçons nécessaires de cette expérience, sans œillères dogmatiques (pas facile) pour trouver comment reprendre l’action de manière efficace.
Elle commence par se débarrasser de «Maîtres à penser», furent-ils «scientifiques», et de «révolutionnaires professionnels», furent-ils sincères, pour considérer l’importance stratégique de formation d’associations citoyennes : de quartiers, de zones urbaines, de zones rurales, de nations, de la planète (devenue tellement petite, vu les moyens de communication), toutes ces associations basées sur les principes : liberté, égalité, solidarité, principes dialectiquement dépendants l’un de l’autre. Un long chemin commence par des premiers pas, et il n’est pas nécessaire d’assister au «Grand Changement» pour y contribuer. Tel est l’enseignement de celles et ceux, très minoritaires, qui contribuèrent à l’élimination des «éternels et naturels» esclavagisme puis féodalisme.
N’est-il pas venu, enfin, le temps de sortir des groupuscules militants, de s’affranchir des dogmes stérilisants et de toutes les catégories illusoires qui divisent et opposent les brebis du troupeau en peau noire/peau blanche, croyants/athées, marxistes/anarchistes, Nord/Sud, nationalistes/internationalistes, jeunes/vieux, hommes/femmes, etc. pour se reconnaître dans l’opposition principale, fondamentale, décisive, stratégique : dominateurs-exploiteurs/dominés-exploités ? En éliminant cette division, ne trouverions-nous pas la solution des autres oppositions secondaires, réelles ou préfabriquées ?
Manifs ? Et après ?
Les manifestations, aussi gigantesques soient-elles, n’empêchèrent pas l’agression militaire impérialiste contre l’Irak, et celles actuelles n’empêchent pas la poursuite du génocide sioniste (soutenu par la bande dominatrice-exploiteuse) contre le peuple palestinien à Gaza.
Si, après la destruction de l’Irak, les citoyens partisans de «Pas de paix sans justice» avaient compris la nécessité de se doter d’une forme d’organisation permanente, au niveau local, national et international (à l’exemple de l’oligarchie mondiale), les agressions militaires seraient-elles encore possibles ? Les ouvriers qui fabriquent les armes, les dockers qui transportent ces armes, les soldats qui les utilisent, les employés qui assurent la bureaucratie de ces opérations, les citoyens qui paient des impôts pour financer la guerre, les policiers qui traquent les protestataires contre la guerre, toutes ces catégories de citoyens continueraient-ils leur servile activité au service du crime contre l’humanité si l’on crée des associations où les inviter à comprendre, en paraphrasant notre ami La Boétie : décide d’être un humain digne de ce qualificatif et te voilà tel ? Mais tu ne peux pas l’être sans t’associer avec tous ceux qui veulent être humains comme toi, même si tu choisis de t’isoler dans une grotte et de te contenter d’herbes sauvages. Là, aussi, te menace la guerre bactériologique et/ou nucléaire car, pour la minorité oligarchique, tu n’es qu’une bête dont il faut tirer profit, sinon éliminer parce que surplus parasitaire.
Le décisif : jamais facile mais indispensable
«Se vuoi la bicicletta, devi pedalare» (Si tu veux la bicyclette, tu dois pédaler, proverbe italien).
S’unir en partant d’associations de base n’est pas facile, encore moins après les désillusions passées (2), encore moins tant que sévissent les «Maîtres à penser» se réclamant de la «Science», encore moins tant qu’existent des «politiciens professionnels» bien rémunérés, encore moins avec les réseaux sociaux qui donnent l’illusion virtuelle de communication solidaire tandis qu’ils isolent physiquement les uns des autres, encore moins tant que les castes dirigeantes, en pleine crise du système qui leur permet d’exister, décrètent loi sur loi pour désarmer toute action de contestation réelle de la domination-exploitation, avec l’habituel cynisme de défendre la «liberté» (celle du plus fort contre le plus faible), la «démocratie» (gérée par le plus fort au détriment du plus faible), la «civilisation» (celle du barbare contre ses victimes).
Pour disposer d’instruments de réflexion en vue d’une action efficace, il faut consacrer du temps, beaucoup de temps, et se débarrasser de toutes les lunettes dogmatiques portées par un ego mal géré ; autrement, on ne comprend pas réellement ce qui est «pourri» sur la planète Terre, et comment y remédier. Le pire est de se trouver dans une situation d’ignorant qui ignore son ignorance. Une contribution à cette clarification est librement téléchargeable.
K. N.
1) Thucydide, La guerra du Peloponneso, op. cit., Livre VI, pp. 410-411.
2) Apprenez l’histoire réelle de la Commune de Paris, des Soviets russes, des conseils ouvriers en Allemagne puis en Hongrie, des Coletividad durant la guerre civile en Espagne, des Comités d’autogestion en Yougoslavie puis en Algérie, de la Commune de Shanghai de 1967-1968.
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