Hypothèses sur la décision d’avancer l’élection présidentielle au 7 septembre
Par Karim B. – Le communiqué de la présidence de la République annonçant la tenue d’une élection présidentielle anticipée a ouvert toute grande la porte à mille et une supputations, en raison de l’absence d’explication de cette décision inattendue. On savait que l’échéance électorale allait être respectée, après la réaction au vitriol de l’agence de presse officielle APS en réponse à une série d’articles parus à l’étranger sur un supposé report de cette élection, prévue normalement en décembre, mois clôturant le mandat du président en exercice, mais sans plus.
L’organisation d’élections anticipées signifie-t-elle que le président Tebboune ne compte pas rempiler et a décidé de se retirer du pouvoir avant même la fin de ses cinq années à la tête du pays ? Une telle supposition peut ne pas être exclue car rien ne pousse le chef de l’Etat à avancer l’échéance de trois mois, une démarche qui n’aurait aucune explication rationnelle, ni politique ni technique. Le successeur de Bouteflika dans les conditions délicates que tout un chacun connaît en décembre 2019, après deux reports de la présidentielle sur fond de manifestations lancées en février de la même année, estime-t-il qu’il a rempli le contrat et achevé ses engagements pris lors de sa campagne électorale et qu’il est temps de laisser la place à un remplaçant qui aura pour mission d’ouvrir une nouvelle ère après son départ ?
Rien n’a fuité sur les dessous de la décision annoncée ce jeudi, alors que rien ne présageait une telle nouvelle. Ce, d’autant que le président de la République tient une série de rencontres avec des responsables de partis politiques et des acteurs du secteur économique. Mais ces rencontres médiatisées pourraient avoir préludé ce changement de cap. Le Président a-t-il informé ses interlocuteurs de la tenue d’une présidentielle anticipée ? Aucune des personnalités reçues au palais d’El-Mouradia n’y a fait référence. De même qu’aucune déclaration officielle n’a laissé entendre que les Algériens allaient devoir se rendre aux urnes en septembre et non en décembre, comme le stipulent les lois en vigueur. Hormis, sans doute, son rival lors de la précédente présidentielle, Abdelkader Bengrina, qui a lancé des bribes d’information au sortir de l’audience qu’il venait d’avoir avec le chef de l’Etat.
Ce transfuge de l’ex-Hamas du défunt Mahfoud Nahnah a, en effet, déclaré avoir abordé avec le président Tebboune «toutes les prochaines échéances et ce qu’elles impliquent comme appui à la stabilité des institutions de l’Etat, outre l’importance de prendre le temps pour la mise en œuvre des programmes [et] la révision du code électoral». Etait-ce un clin d’œil à l’information qui vient d’être rendue publique ce 21 mars ? Peut-être. Mais une question lancinante se pose : qui remplacera Tebboune au cas où il ferait le choix de renoncer ? Autrement dit, quel candidat à sa succession sera adoubé par l’institution militaire en charge de la sauvegarde de la sécurité et de la stabilité dans le pays, conformément à la Constitution ? Sera-t-il issu du gouvernement ou verra-t-on une personnalité chevronnée briguer la fonction suprême ?
Ni dans les partis pro-pouvoir ni dans ceux de l’opposition émerge un nom qui pourrait prendre les rênes du pays dans ce contexte international extrêmement dangereux. Alors ? Toutes ces conjectures pour rien ? Le président Tebboune se rengagera-t-il pour un second mandat par défaut ou par volonté de parachever son propre programme ? Les réponses à toutes ces questions seront connues à la date échue pour le dépôt des dossiers de candidature, soit vers le mois d’août.
K. B.
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