La réponse arrogante du régime émirati au «conseil» du président Tebboune
Par Karim B. – Mohammed Ben Zayed n’a pas répondu directement aux accusations formulées par le président Tebboune à l’endroit des Emirats arabes unis, «pays arabe frère» qui adopte un comportement «illogique» envers l’Algérie. Il a confié cette mission à son conseiller, l’ancien ministre des Affaires étrangères Anwar Gargash, qui s’en est pris violemment à notre pays sur X [ex-Twitter]. «Un Etat frère lointain étonne par sa pratique du clin d’œil et de l’insinuation au sujet de ses relations avec les Emirats, persévérant dans ses allusions sans déclaration explicite», écrit-il. Et de surenchérir : «Malgré cela, nous nous abstiendrons de répondre car la patience est notre credo et la sagesse est intrinsèque à nos dirigeants qui jugent les relations avec les pays frères prioritaires et les considèrent comme étant un pilier fondamental dans notre politique.»
Une autre voix émiratie, relayée par un média à capitaux arabes paraissant à Londres, a invité le président Tebboune à «se tourner vers les crises internes complexes», à «les résoudre par le bon sens et la bonne gouvernance», et à «ne pas les projeter sur une partie extérieure dans une tentative machiavélique flagrante de se réfugier dans les attaques contre un pays étranger pour camoufler les erreurs intérieures». Réponse sarcastique qui dénote l’arrogance du régime belliqueux des Al-Nahyane et prouve la justesse des accusations proférées par le chef de l’Etat contre ce pays vassal d’Israël, missionné pour déstabiliser tout pays arabe qui n’adhère pas au plan de normalisation échafaudé par le lobby sioniste.
Pour rappel, le président de la République a lancé une pique en direction du régime d’Abou Dhabi, sans le citer nommément. Mais les termes utilisés par Abdelmadjid Tebboune pour décrire ce «pays arabe frère» indiquaient clairement qu’il s’agit des Emirats arabes unis, qui ont multiplié les actes hostiles aux intérêts de l’Algérie dans la région ces dernières années. «L’Algérie ne s’inclinera devant personne, la leçon est claire dans l’histoire du pays des martyrs», a mis en garde le président Tebboune, qui laissait ainsi entendre que ce pays, allié du Maroc et d’Israël, pourrait être tenté par une action hasardeuse contre l’Algérie. «Tous les frères arabes témoignent que nous n’avons utilisé aucun langage violent», a-t-il argumenté, pour expliquer que le régime émirati est à l’origine de la guerre froide qui oppose les deux pays et dont il espère une fin proche, à condition que les Emirats «cessent ces comportements».
«L’Algérie ne s’inclinera devant personne», a menacé le président de la République, en invitant – indirectement – Mohammed Ben Zayed, principal instigateur du complot contre l’Algérie, à «tirer des leçons des grandes nations que nous respectons et qui nous respectent». «Se trompe celui qui croit pouvoir imposer à l’Algérie ce qu’il impose à d’autres nations», a asséné le chef de l’Etat, qui sous-entendait ainsi la soumission du Maroc à cette pétromonarchie. «L’Algérie a sacrifié [plus de] cinq millions de martyrs pour sa souveraineté, et l’enseignement est clair à travers l’histoire du pays des martyrs», a-t-il prévenu.
L’allusion claire aux Emirats arabes unis est comprise dans le constat fait par le président Tebboune au sujet de ce pays qui «utilise des fonds dans les événements qui se déroulent dans les pays du voisinage» et dans l’invitation qu’il lui adresse à «éviter la fitna», à cesser donc la division qu’il sème entre pays musulmans. Le régime émirati est, en effet, présent en Libye, au Maroc, au Sahel et au Soudan où les autorités viennent d’interpeller le Conseil de sécurité pour enjoindre à Mohammed Ben Zayed de cesser d’armer et de soutenir financièrement les milices sur place.
Enfin, le président de la République a tendu une main amicale à ce pays envers lequel, a-t-il précisé, l’Algérie «ne nourrit aucune animosité […] mais cherche toujours à établir des relations positives avec tous». «A ceux qui cherchent à nous provoquer, nous leur disons que la patience a des limites», a toutefois averti le chef de l’Etat, sans détour.
K. B.
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