Censuro-démocrate
Par Khider Mesloub – Au moment où la bourgeoisie française décadente prône, au niveau économique et social, la dérégulation totale, elle s’active, au plan politique et sociétal, à préconiser la régulation totalitaire d’internet. Le contrôle et la limitation d’accès aux réseaux sociaux.
Au lendemain de la révolte des jeunes l’été dernier, Macron avait évoqué de potentielles mesures visant à bloquer l’accès aux réseaux sociaux. «Nous avons besoin d’avoir une réflexion sur les réseaux sociaux, sur les interdictions qu’on doit mettre. Et, quand les choses s’emballent, il faut peut-être se mettre en situation de les réguler ou de les couper», avait déclaré Macron face aux maires, réunis à l’Elysée.
Dans le prolongement du durcissement autoritaire imprimé à sa gouvernance, sur fond de la militarisation de la société soumise à la terreur policière et la marche forcée vers la guerre généralisée, en vue de neutraliser la dissidence, étouffer toute contestation amplifiée par le concours d’internet, le régime oligarchique macronien s’active à verrouiller les réseaux sociaux. Preuve de la volonté d’encadrement totalitaire de la pensée.
Après Macron et ses fidèles de la majorité partisans de d’encadrement totalitaire de la pensée, c’est au tour de l’ancienne ministre de l’Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, de prêter main forte au régime macroniste, en plaidant en faveur de la régulation d’internet. Elle propose rien de moins que de rationner internet, par une réduction drastique du nombre de gigas accordés quotidiennement à chaque utilisateur.
«Face à la pollution numérique, une telle mesure serait profondément progressiste», assène-t-elle. Sous couvert de lutter contre les fake news et les commentaires critiques, elle préconise en vrai de verrouiller la liberté d’expression par le rationnement d’internet.
«Si nous savons que nous n’avons que trois gigas à utiliser sur une semaine, nous n’allons sans doute pas les passer à mettre des commentaires haineux ou fabriquer des fakes», avance-t-elle. Elle ajoute : «Alors, évidemment, dès que j’évoque cette possibilité d’un rationnement d’internet, les accusations pleuvent : irréaliste ! Réactionnaire ! Dictatorial – après tout, la Chine le fait ! Vous imaginez ? La Chine ! Est-ce cela que nous voulons pour nos enfants ? Mais, sauf erreur de ma part, en Chine, on soigne aussi les malades, et je ne vois pas au nom de quoi cela devrait nous conduire, nous, à ne pas le faire, et à fermer tous nos hôpitaux. Réactionnaire ? Il me semble, au contraire, qu’une telle mesure est profondément progressiste : parce qu’elle permet concrètement de faire face à l’une des grandes sources de pollution – le numérique.»
Casser le thermomètre n’a jamais fait tomber la fièvre. Pourtant, c’est l’ultime manœuvre illusoire que la bourgeoisie française, apeurée, envisage, en charlatan de la médecine contre-insurrectionnelle, d’opérer pour tenter d’endiguer la fièvre réflexive subversive. Pour juguler l’esprit de révolte, elle recommande de verrouiller internet. Plus exactement, les réseaux sociaux.
Sous couvert de moralisation de l’information, la bourgeoisie française œuvre en vrai à l’accentuation de l’asservissement de la population.
Sans nul doute, ces dernières années, la classe dirigeante française a succombé à ses vieux démons par sa politique de l’inquisition pour éprouver le besoin méphistophélique de contrôler et de surveiller internet aux fins de museler la dissidence protéiforme française.
Fustigeant la macronie, un journaliste notait qu’«avec le contrôle des réseaux sociaux, les dictatures sont plus stables qu’auparavant». Macron, pour stabiliser son régime honni et contesté, semble emboîter le pas des dictatures par la mainmise totalitaire sur internet. Dans les pays dits autoritaires, les réseaux sociaux sont tout à la fois utilisés à des fins de propagande numérique pour manipuler l’opinion et exercer un contrôle social totalitaire. Cela est encore plus vrai durant les périodes de crise politique ou sécuritaire où internet est coupé.
Ces dernières années, la surveillance des réseaux sociaux se généralise dans de nombreux pays. La liste des pays qui ont mis en place des outils de surveillance des internautes, procédé régulièrement à des coupures d’accès à internet, ne cesse de s’allonger.
Et la France de Macron vient d’intégrer ce club de pays totalitaires. Dans ce club de pays fondé sur la terreur, lorsque des troubles sociaux surgissent, c’est l’ensemble du Web qui peut se retrouver coupé. On l’a constaté en Iran, en Birmanie, en Biélorussie, en Chine, etc. La France rejoint ainsi ces pays autocratiques qui imposent la censure par les coupures d’internet, musèle l’expression de la liberté par le verrouillage des réseaux sociaux. A ce titre, le gouvernement Macron projette d’adopter de nouvelles règles de contrôle des contenus sur les réseaux sociaux. Pis. D’instaurer, en collaboration avec les plateformes, une surveillance accrue pour localiser les auteurs de contenus estimés «radicaux» pour les traduire en justice.
Si le renforcement du contrôle des Etats sur internet est le signe manifeste d’un durcissement autoritaire, il traduit surtout un état de fébrilité politique, donc de faiblesse étatique, de vulnérabilité structurelle. Telle est la situation de la France en proie à une crise multidimensionnelle. Macron semble vouloir reprendre en main la diffusion de l’information à tous niveaux, notamment via les réseaux sociaux.
Globalement, les médias mainstream lui sont sinon acquis, au moins bienveillants. En revanche, internet, espace de liberté numérique, échappe encore au contrôle totalitaire étatique. Plus désormais. Macron est déterminé à verrouiller les réseaux sociaux, à réguler internet.
Certes, les réseaux sociaux sont des plateformes où l’information circule rapidement, mais ils sont loin d’être les seuls moyens de communication.
En tout cas, toute régulation totalitaire d’accès à internet pourrait accentuer les tensions, exacerber la révolte, étendre la contestation à l’ensemble de la population française. Car la mesure serait perçue comme la preuve de la volonté du gouvernement Macron de censurer et de contrôler l’information. De durcir sa gouvernance déjà amplement despotique. Donc, la preuve de l’intégration de la France dans le club des pays totalitaires.
K. M.
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