Les femmes afghanes livrées aux griffes des Talibans par les dirigeants américains
Une contribution de Khider Mesloub – Depuis trois décennies, la finalité primordiale des guerres menées par les Etats-Unis n’est pas tant l’anéantissement du terrorisme islamiste que la réaffirmation de leur hégémonie sur tout le globe, hégémonie impatronisée au lendemain de l’effondrement du bloc impérialiste rival soviétique.
La preuve nous est fournie par le retrait des troupes américaines de l’Afghanistan au cours de l’été 2021, livrant les populations aux hordes talibanes égorgeuses, le pays à une guerre civile sanglante, l’Etat aux mains des cerbères talibans décérébrés, qui ne manqueront pas de le transformer de nouveau en base arrière du terrorisme islamiste.
Au vrai, c’est pour recentrer leurs forces dans la zone indopacifique et en Europe orientale en vue de leurs préparatifs de guerre contre la Chine et son allié, la Russie, que les Etats-Unis avaient décidé en 2021 de se retirer stratégiquement de l’Afghanistan.
En août 2021, au moment du retrait des troupes américaines d’Afghanistan, j’écrivais dans un article en substance ceci : «En réalité, les Etats-Unis ont délibérément décampé de l’Afghanistan. Ils n’ont pas été chassés par les moyenâgeux Talibans, ces hordes islamistes sanguinaires déguenillés, comme le proclament certains observateurs pétris d’anti-américanisme primaire.
De même, contrairement aux informations répandues, les Américains n’ont pas été contraints d’abandonner leur arsenal militaire dans leur prétendue débandade, mais les avaient sciemment livrés aux Talibans pour leur permettre d’assurer, dans leur futur Etat islamique en transition, le maintien de l’ordre établi contre la populace afghane tentée par la révolte insurrectionnelle, l’agitation subversive sociale et, surtout, mater les groupes rebelles armés menaçant la stabilité du pays.
Le départ précipité chaotique organisé spectaculairement par les Etats-Unis a été une mise en scène pour ne pas être accusés d’avoir cédé officiellement des armes aux Talibans. Pour rappel, dans cet arsenal figurent : des avions, des munitions air-sol, des véhicules militaires, des armes, ou encore des équipements de communication et d’autres matériels. De quoi tenir en respect la population afghane.
Les Américains, en fins stratèges, avaient besoin, depuis vingt ans, des Talibans vivants pour justifier leur maintien en Afghanistan, un pays transformé en base d’entraînement militaire et d’expérimentation des armes nouvelles et des technologies récentes.
Aujourd’hui, ils ont besoin de Talibans surarmés pour maintenir l’ordre dans ce pays féodal en proie aux guerres tribales et à l’instabilité.» C’est ce que j’écrivais en août 2021.
De même que le dessein réel des guerres menées dans l’aire musulmane par les Etats-Unis n’a jamais été l’anéantissement du terrorisme islamiste mais la réaffirmation de leur hégémonie sur tout le globe, à plus forte raison, de même ces guerres n’ont jamais visé l’instauration de la démocratie, encore moins l’émancipation totale des femmes musulmanes.
La preuve par l’Afghanistan. Comme le note l’écrivain et historien Tariq Ali : «Le fait est qu’en vingt ans les Etats-Unis n’ont pas réussi à construire quoi que ce soit qui puisse racheter leur mission.» Ni démocratie, ni progrès économique, ni émancipation intégrale de la femme. Au vrai, les femmes afghanes, quoique timidement, commençaient à s’affranchir progressivement du joug patriarcal islamique grâce à leur instruction scolaire et intégration dans le monde du travail.
Tariq Ali ajoute, rapportant les propos d’une féministe afghane : «L’une des principales féministes en exil du pays a fait remarquer que les femmes afghanes avaient trois ennemis : l’occupation occidentale, les Talibans et l’Alliance du Nord. Avec le départ des Etats-Unis, disait-elle, elles en auront deux.»
En effet, les Américains sont les ennemis des femmes afghanes. Par calculs stratégiques, ils n’ont pas hésité à les abandonner aux Talibans. A la différence de 1996, les Etats-Unis savaient qui étaient les Talibans. Pourtant, sans scrupule, ils ont remis les clés du pouvoir à ces bandes armées terroristes, les Talibans.
Depuis lors, c’est-à-dire août 2021, le régime d’apartheid des Talibans, intronisé par les Etats-Unis, s’active à s’imposer par la force des armes fournies par l’armée américaine à une population indocile et hostile. Et les femmes afghanes sont les principales cibles du régime taliban théocratique.
Depuis trois ans, la situation économique, sociale et humanitaire de la population afghane s’est considérablement détériorée. En particulier celle des femmes, dont les dérisoires «acquis» ont été sans ménagement répudiés, brutalement lapidés.
Dès leur installation au pouvoir, les Talibans, ces barbares sans foi, ni loi, ont restauré le ministère pour «la promotion de la vertu et la prévention du vice», chargé de faire respecter la Charia. Les factionnaires du ministère ont pour mission de veiller à la séparation des hommes et les femmes dans l’espace public, et de contrôler les faits et gestes des femmes. En Afghanistan, les hommes et les femmes ne peuvent plus se croiser dans les espaces publics. Ces mesures ségrégatives ont été fortifiées par les méthodes de flagellations publiques et les exécutions.
Depuis leur retour au pouvoir, la politique des Talibans est de remettre sous tutelle les femmes, limitant ainsi leur capacité à s’instruire, travailler ou voyager.
La priorité du régime d’apartheid vise la disparition des femmes de l’espace public et la suppression systématique de leurs droits les plus élémentaires. Depuis l’intronisation des Talibans au pouvoir, les femmes afghanes sont matraquées sans répit, et par les fanatiques milices sadiques et par des lois restrictives et coercitives.
Pour les femmes et filles afghanes, 2022 aura été une annus horribilis
Depuis mars 2022, l’accès à l’éducation est interdit aux femmes afghanes à partir de 12 ans. Depuis le même mois, une femme n’a plus le droit de prendre l’avion sans être accompagnée par un parent de sexe masculin. Depuis mai 2022, le voile intégral, c’est-à-dire la burqa, est obligatoire pour les femmes dans l’espace public. Depuis novembre 2022, l’accès aux parcs, jardins publics, salles de sport et bains publics leur est également interdit. Depuis décembre 2022, c’est désormais l’université qui est formellement inaccessible aux femmes, avec la menace de poursuites judiciaires pour celles qui braveraient l’interdit. Depuis le même mois, les femmes afghanes ont interdiction de travailler pour les 1 260 organisations non gouvernementales (ONG). Rendant quasiment impossible l’acheminement de l’aide humanitaire auprès des femmes afghanes, puisqu’une femme afghane ne peut pas, selon la volonté du régime d’apartheid des Talibans, parler à un homme qui ne soit pas un proche parent.
Pour les bannir définitivement de l’espace public et professionnel, le régime d’apartheid taliban a décrété la fermeture de tous les salons de beauté tenus par des femmes, pourtant derniers lieux de sociabilité pour les Afghanes.
Aujourd’hui, l’Afghanistan est le seul pays au monde où les filles n’ont pas le droit d’aller à l’école ou à l’université. Où les femmes n’ont pas le droit de travailler, plongeant des centaines de milliers de familles dans la pauvreté.
Depuis le retour des Talibans au pouvoir, les femmes afghanes sont confinées 24 heures sur 24 chez elles. Plus de 28 millions de femmes et de filles sont emmurées vivantes. L’Afghanistan est devenu le pire endroit au monde pour les femmes.
Privées d’études, de travail et de sortie, leur vie ne vaut plus grand-chose. Conséquence : le nombre de suicides et de tentatives de suicide de femmes a explosé. Pour les achever, accélérer leur suicide, les tortionnaires talibans ont annoncé, le 24 mars dernier, que les femmes n’ont plus le droit de détenir des téléphones portables.
Plusieurs ONG qualifient l’oppression systématique des femmes par les Talibans de crimes contre l’humanité. Selon Amnesty International et la Commission internationale de juristes, «les restrictions draconiennes imposées par les Talibans aux droits des femmes et des jeunes filles afghanes, ainsi que le recours à l’emprisonnement, aux disparitions forcées, à la torture et à d’autres formes de mauvais traitements, pourraient constituer le crime contre l’humanité de persécution pour des motifs sexistes, au titre de l’article 7(1)(h) du Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI)».
Certes, le régime d’apartheid et de terreur taliban commet actuellement «un crime contre l’humanité de persécution pour des motifs sexistes», mais le véritable responsable est l’impérialisme américain. En connaissance de cause, ce sont les Etats-Unis qui ont hissé au pouvoir les ennemis les plus vicieux et pervers des femmes afghanes, les fondamentalistes islamiques, les Talibans.
Si la «communauté internationale» devait traduire un pays devant la Cour internationale de justice pour «crime contre l’humanité de persécution pour des motifs sexistes» commis contre les femmes afghanes, ce sera les Etats-Unis, coupables d’avoir livré les femmes afghanes pieds et poings liés aux tortionnaires et sadiques talibans.
Actuellement, tout le monde a les yeux rivés sur Gaza, où l’Etat nazi d’Israël mène une guerre d’extermination contre les populations civiles palestiniennes.
Le régime des Talibans est la version islamique du sionisme, fondée sur l’usurpation du pouvoir, l’apartheid, la théocratie islamiste, la violence étatique, la militarisation de la société, les milices. En un mot, le fascisme religieux et la religion du fascisme.
Le régime phallocratique terroriste des Talibans et le régime raciste sioniste doivent nous inspirer la même répugnance. Et la même volonté de combattre ces deux dernières formes de colonialisme et de suprémacisme sexuel.
La femme afghane est la «Palestinienne» du régime de terreur des Talibans. Notre sœur afghane, captive des tortionnaires talibans, victime d’un «génocide social et psychologique», mérite la même empathie que celle réservée à notre frère palestinien. Son avilissement doit susciter en nous le même sentiment d’indignation et de révolte. Nous devons lutter semblablement pour leur libération, leur émancipation.
K. M.
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