Aides algériennes à Gaza : dangereuses manipulations des services marocains
Par Abdelkader S. – Pendant que l’Algérie concentre ses efforts sur son combat pour la cause palestinienne à l’ONU et sur le terrain, à Gaza, le régime marocain s’enfonce dans une crise intérieure qui risque de l’emporter, les manifestations contre la normalisation avec l’entité sioniste allant crescendo dans l’ensemble du royaume. Cette dichotomie entre les deux voisins sur la question palestinienne inquiète les alliés du Makhzen que sont Israël, la France et les Etats-Unis, en embuscade. C’est de cette logique que participe un récent article sur une supposée brouille entre le Croissant-Rouge algérien et une association algérienne très active sur le terrain dans l’enclave palestinienne, assiégée et ciblée directement par des frappes chirurgicales de l’armée israélienne.
Les services secrets marocains ont monté une cabale, en y impliquant l’ambassade des Etats-Unis à Alger qui s’intéresserait de très près à cette ONG et en inventant des commentaires que la présidente du Croissant-Rouge algérien (CRA) aurait postés sur les réseaux sociaux pour s’en plaindre. Actionnant leurs outils de propagande habituels, les services de Yassine Mansouri prétendent que «les services de l’ambassade des Etats-Unis à Alger ont lancé d’intenses recherches et une discrète enquête sur les activités financières d’une association caritative affiliée au parti islamiste algérien, le MSP». Un parti décrit comme «hostile aux intérêts des Etats-Unis en Algérie» et qui serait derrière l’association en question, destinataire de «sommes colossales […] via des canaux qui restent obscurs et indéterminés, jusqu’à Gaza où les relais du Hamas palestinien vont ensuite se charger de récupérer ses fonds pour les gérer, sans faire preuve d’une grande transparence».
Le Makhzen est très gêné par le soutien actif de l’Algérie en faveur de la cause palestinienne, si bien qu’il attribue à la présidente du CRA une «influence au sein du régime algérien» pour faire accroire à un désaccord en Algérie sur les aides humanitaires destinées aux populations martyres de Gaza. «Sur les réseaux sociaux, Ibtissem Hamlaoui s’en est prise violemment aux militants et activités de l’association El-Baraka, les accusant de collecter des fonds qui pourraient être détournés vers des mercenaires via des courtiers de la guerre». Or, sur les réseaux sociaux, aucune trace de ces attaques présumées qui ne sauraient, de toute façon, exister, en raison de l’évidente obligation de réserve à laquelle est tenue cette responsable.
Les Américains auraient réagi suite à ces «déclarations» de la présidente du CRA «pour vérifier la véracité de ces allégations, en particulier en ce qui concerne la destination réelle des fonds et leur éventuel soutien aux activités armées du Hamas». Non contents d’impliquer cette dernière dans une fausse bisbille entre Alger et Washington, les services marocains ont mêlé «plusieurs journalistes et internautes algériens» (sic) qui accusent les membres d’El-Baraka d’amasser de l’argent et de le transférer au Hamas, «organisation classée terroriste par les Etats-Unis». Nos recherches poussées pour retrouver ces accusations ont été tout aussi vaines.
Les Marocains se servent de ce différend imaginaire pour, à la fois, remettre en cause le travail colossal que l’association El-Baraka mène sur le terrain, au mépris des menaces qui guettent ses membres, sachant que l’armée israélienne n’éprouve aucun scrupule à assassiner des humanitaires, fussent-ils des ressortissants de pays alliés, et créer une crise entre l’Algérie et les Etats-Unis qui seraient «fortement inquiets» par la prochaine présidentielle algérienne, prélude à «une éventuelle crise dans ce pays».
Des arguments tirés par les cheveux qui dénotent encore une fois le caractère puéril des pratiques du régime marocain à l’agonie.
A. S.
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