Jacob Cohen sur la guerre Israël-Iran : «Je ne crois pas à un embrasement !»
Par Houari A. – «Je ne crois pas à un embrasement général car aucun pays en dehors d’Israël qui voudrait impliquer l’OTAN dans sa croisade n’y a intérêt, ni l’Amérique, ni l’Iran, ni les pays du Golfe, ni les puissances des BRICS qui pourraient être prises dans la tourmente», a affirmé l’écrivain et militant antisioniste franco-marocain Jacob Cohen.
«Cela n’empêche pas évidemment les spéculations, ni les surenchères sur une prétendue riposte iranienne. Celle-ci aura lieu, au choix des stratèges iraniens, mais de manière proportionnée et indirecte, de façon à ne pas créer les conditions d’une confrontation générale», a-t-il prédit, dans un entretien à nos confrères d’Algerie54, la veille de l’attaque lancée par l’Iran contre Israël, cette nuit.
«Je ne me sens pas assez compétent pour qualifier la situation militaire. Cependant, je n’aurais pas parlé de défaite stratégique [d’Israël]. Certes, les forces sionistes ont du mal à venir à bout des résistances palestiniennes à Gaza. Et elles paient un prix fort dans ce conflit. Mais leur détermination semble encore très forte. Le peuple israélien est capable de grands sacrifices, surtout s’il est convaincu par la propagande de ses dirigeants qu’il n’y a pas d’autre issue que la guerre et la victoire, et que les ennemis d’Israël ont juré sa destruction», a expliqué Jacob Cohen. «Par ailleurs, le tiers nord de la bande de Gaza a été détaché du reste et interdit aux Gazaouis. Une bande d’un kilomètre de large est devenue zone de sécurité où toute présence gazaouie est interdite. Je dirais qu’il y a des revers ponctuels et tactiques, mais qui ne provoquent pas l’effondrement stratégique de l’appareil militaire israélien», a-t-il développé.
«Les mouvements de résistance à Gaza se sont extraordinairement bien préparés à cette guerre. Je pense que beaucoup d’experts, et en premier lieu les Israéliens, sont tombés de haut devant leur organisation, leur préparation, leurs moyens de communication, les réseaux de tunnels, leur détermination», a soutenu Jacob Cohen. «Est-ce que la résistance palestinienne obtiendra un retrait total de l’armée sioniste ? J’en doute. Et même si elle l’obtenait, les Israéliens garderaient leur emprise totale et cruelle sur le territoire, emprise qu’aucun Etat n’ose remettre en question», présage-t-il. «Les mouvements palestiniens ont montré qu’ils sont toujours présents à Gaza et que la flamme de la résistance brille toujours», note-t-il encore.
Pour Jacob Cohen, le 7 octobre «a donné le coup d’envoi de la nouvelle stratégie sioniste» qui consiste à «vider les Territoires palestiniens de leurs populations», si bien que «les destructions systématiques de toutes les institutions civiles à Gaza avaient pour but de rendre le territoire quasiment invivable». «En Cisjordanie, les sionistes utilisent la méthode économique : en privant les Palestiniens de travail et donc de revenus, ils affament la population, la réduisent à l’inactivité et à la misère pour, finalement, la pousser à un exil forcé, d’autant que leur sécurité n’est plus assurée, les attaques des colons étant devenues monnaie courante, ainsi que les confiscations des maisons et des biens», fait-il constater.
H. A.
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