Rumeurs, retour des violences dans les stades : que se trame-t-il dans l’ombre ?
Par Abdelkader S. – Le fait que ce soit la présidence de la République qui démente les rumeurs sur des changements qui toucheraient les procédures et les conditions d’obtention de l’allocation chômage et non pas le ministère du Travail est lourd de sens. En effet, le démenti ne revêt pas un simple aspect technique mais une dimension éminemment politique. C’est que les plus hautes autorités ne peuvent qu’être informées qu’une campagne insidieuse est menée après l’annonce de la date des élections présidentielles et que des manœuvres sont ourdies dans l’ombre pour en empêcher la tenue ou, du moins, les perturber.
Ce qui conforte cette hypothèse, ce sont les violences qui ont repris d’une façon soudaine dans les stades, alors que les dernières saisons ont été caractérisées par une organisation parfaite des rencontres dans les gradins, enjolivés par des animations visuelles spectaculaires, animées par des aficionados arborant les couleurs de leur club et scandant des chants sans qu’aucun incident ne vienne perturber l’ambiance festive. Ces images idylliques semblent déjà faire partie du passé, sans que l’on sache comment, ni pourquoi un tel revirement de situation a eu lieu aussi brusquement.
Il y a forcément des mains invisibles derrière ce regain de violence, et l’endroit choisi n’est pas anodin. Il faut rappeler que c’est à partir des tribunes des stades, algérois notamment, qu’a commencé le mouvement de contestation contre l’ancien président Bouteflika. Paradoxalement, c’est dans l’enceinte d’Omar-Hamadi, à Bologhine, antre fétiche de l’USM Alger, financé alors par le patron du Forum des chefs d’entreprise (FCE), Ali Haddad, pourtant proche des centres de décision de l’époque, que tout a commencé. Des chants hostiles à Bouteflika étaient entonnés par les milliers de supporters qui en apprenaient les paroles par cœur chaque semaine, jusqu’au jour fatidique du 22 février où la contestation sera portée hors du carré vert.
Y a-t-il une tentative de rallumer la mèche de la contestation, mais de façon plus violente, à partir des bancs des stades ? La question mérite d’être posée, d’autant plus que ces accès de violence, qui refont surface après avoir disparu du paysage sportif national pendant longtemps, coïncident étrangement avec cette rumeur sur l’allocation chômage. Ce qui lie les deux événements, c’est la frange de la société ciblée, c’est-à-dire la jeunesse.
Les positions fermes et inflexibles de l’Algérie sur les questions palestinienne et sahraouie et son refus de se plier au diktat des puissances occidentales qui cherchent à mettre au pas tous les pays jaloux de leur souveraineté ne peuvent rester sans réponse de la part de ces mêmes puissances qui actionnent leurs leviers arabes – Maroc et Emirats arabes unis – et manipulent les masses par l’intermédiaire des réseaux sociaux. Si le «printemps arabe» a échoué en Algérie, cela ne signifie pas que ses instigateurs ont baissé les bras. Ils cherchent la faille et attendent le moment venu pour agir.
La vigilance est de mise.
A. S.
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