L’Algérie va-t-elle torpiller un marché gazier entre les Emirats et l’Espagne ?
Par Kamel M. – La crise entre l’Algérie et les Emirats arabes unis pourrait jouer un rôle décisif dans l’offre publique d’achat (OPA) du groupe énergétique émirati TAQA sur la firme espagnole Naturgy, qui nécessite l’approbation du gouvernement espagnol. «La géopolitique pourrait marquer l’OPA que l’émirati TAQA étudie sur Naturgy avec l’aval de Criteria Caixa, principal actionnaire de la société gazière avec 27% du capital. Toutefois, cette opération nécessite l’approbation du gouvernement, et ce dernier ne peut négliger les intérêts stratégiques qui, dans le domaine énergétique, passent par l’Algérie», relève El-Confidencial.
«Ce pays d’Afrique du Nord est le principal fournisseur de gaz de l’Espagne», rappelle le média espagnol, selon lequel l’Exécutif espagnol «ne peut pas se permettre de rompre cet équilibre, surtout après avoir constaté l’impact de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, qui a provoqué la pire crise énergétique de l’histoire, dont les conséquences se font encore ressentir sous forme d’inflation». «C’est pour cette raison que le marché doute de l’OPA et estime que la position de l’Algérie pourrait conditionner l’opération», souligne El-Confidencial, qui précise que l’Algérie pourrait «faire valoir contre l’Espagne tous les griefs qu’elle nourrit à l’encontre des Emirats arabes unis», laquelle position «influencerait l’OPA sur Naturgy».
El-Confidencial note que Sonatrach «fournit à l’Espagne plus d’un tiers du gaz consommé» et que «ce gaz est acheminé à travers le méga-contrat que la compagnie gazière algérienne a signé avec Naturgy». «De plus, ajoute le média espagnol, cette société algérienne est partenaire à hauteur de 50% de Medgaz, le gazoduc qui relie l’Algérie à l’Espagne à travers la mer Méditerranée.» «Enfin, Sonatrach est également un actionnaire de premier plan de Naturgy, avec 4% des parts de la société», précise-t-il encore, en rappelant que, «par le passé, l’Algérie a déjà menacé de suspendre ses approvisionnements si son gaz était revendu au Maroc, avec lequel elle a rompu ses relations».
Le gouvernement espagnol, qui fait face au rachat de Naturgy par les Emirats en pleine crise avec son plus grand fournisseur de gaz et Abu Dhabi, doit décider s’il autorisera la firme émiratie à contrôler Naturgy.
Des médias espagnols spécialisés ont expliqué que le groupe gazier émirati a eu des discussions avec Global Infrastructure Partners (GIP) et CVC Capital Partners (CVC) pour racheter leurs participations dans Naturgy. «Si cela est réalisé, TAQA lancerait une offre publique d’achat sur Naturgy pour obtenir le contrôle total, puisque les deux participations dépassent la limite de 30% de la société, elle serait donc obligée de faire une offre à 100%», précisent ces médias, qui soulignent qu’un «éventuel changement de propriétaire ferait que l’émirati TAQA deviendrait l’un des principaux acteurs du secteur énergétique espagnol».
K. M.
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