Plaidoyer pour une politique autrement plus intransigeante à l’égard du Maroc
Une contribution de Hocine-Nasser Bouabsa – La genèse du match avorté entre l’USM Alger et son adversaire marocain de Berkane a révélé, encore une fois, une défaillance et un manque de discernement flagrants chez les responsables algériens concernés par les différentes étapes de ce rendez-vous sportif transformé par le Makhzen en un événement politique. Certains doutent même qu’il y ait eu un sabordage par des milieux internes hostiles aux intérêts de l’Algérie.
Pourquoi rouvrir le ciel fermé à une équipe de football ?
Le premier couac qui attire l’attention et qui aurait été passé sous silence si l’affaire du maillot illégal du RS Berkane n’avait pas éclatée, concerne l’autorisation accordée – en dépit de l’interdiction de survol aux avions marocains, décidée par le Haut Conseil de sécurité (HCS), depuis septembre 2021 – à l’avion transportant ce club pour rallier Alger, en rentrant directement de l’espace aérien marocain dans celui de l’Algérie. Certains ont voulu dévier les regards critiques en faisant croire que l’avion affrété était espagnol. Or, c’est l’ENTV, la Télévision publique, qui a confirmé que l’appareil en question appartient bien à la Royal Air Maroc (RAM). De toute façon, tôt ou tard, les Algériens auraient appris la nouvelle, car l’équipe de Berkane a atterrit à l’aéroport international Houari-Boumediene à une heure de grande affluence.
D’où la question : qui, en Algérie, a autorisé l’avion de la RAM à effectuer ce vol, sachant qu’il ne s’agit pas d’une urgence humanitaire ? Si on se rappelle que les autorités algériennes ont refusé une telle faveur en 2022, à l’occasion de la CHAN-2022 – un événement international beaucoup plus important qu’un match de demi-finale de la CAF – à l’équipe nationale marocaine A’ de football, la question devient encore plus lancinante. Qu’a fait donc le Makhzen marocain sionisé de conciliant envers l’Algérie pour que cette dernière infléchisse une position souveraine et pertinente dictée par des impératifs nationaux vitaux ? Rien. Pire, ce régime marocain archaïque et pervers a enchainé les actes belliqueux graves, comme l’assassinat de transporteurs algériens par des drones pilotés, d’après certaines sources médiatiques, par des Israéliens, alors que ces transporteurs se trouvaient dans les territoires sahraouis à l’est du mur de la honte.
Il n’y avait donc aucune raison d’autoriser l’équipe de Berkane à entrer dans l’espace aérien à bord d’un avion de la compagnie aérienne marocaine ni même en affrétant un aéronef auprès d’une compagnie espagnole ou autre. L’Algérie n’avait rien à gagner dans une telle démarche conciliatrice. Elle avait, au contraire, tout à perdre. Le reste des événements liés à ce match en explique la raison. En effet, le Maroc et son régime n’étant qu’une dépendance franco-israélienne financée par les Emirats vassaux, c’est la France, Israël et les Emirats qui dictent au pouvoir marocain la feuille de route. Et comme l’Algérie n’est pas prête à s’incliner devant les désidératas de ces trois fauteurs de troubles, il est évident qu’il faut s’attendre à des événements encore plus belliqueux de leur part, si le peuple algérien et son Armée nationale populaire transigent.
Certes, il faut trouver un équilibre pour ménager l’amour-propre de la frange de nos alliés marocains qui sont surtout dans les régions frontalières et dans le Rif, mais la machine impitoyable de la propagande du Makhzen est à l’œuvre de façon ininterrompue, si bien qu’il est difficile d’atteindre l’objectif escompté.
Par ailleurs, si on se souvient de l’imbroglio né de la confiscation de dépendances de l’ambassade algérienne à Rabat par les autorités marocaines et les réactions contradictoires de certains responsables algériens, on se rend compte que quelque chose ne tourne pas rond dans la position algérienne envers le Maroc dont la grande majorité du peuple algérien souhaite qu’elle soit encore plus sévère.
Ce qui s’est développé après la découverte par les douanes algériennes de la provocation préméditée ourdie par le Makhzen, en l’occurrence, l’introduction en territoire algérien par l’équipe de Berkane des maillots illégaux et à consonance hautement politique, ouvre la porte à plus de questions légitimes.
Pourquoi concevoir des tenues de rechange pour une équipe adverse ?
En effet, les responsables de l’USMA, mais surtout ceux de la FAF, ont enchaîné une série de faux pas qui laissent beaucoup de gens douter sur leurs connaissances et leurs compétences. Car, au lieu de se garder de faire des déclarations et se positionner derrière la décision souveraine de l’Etat algérien représenté par son institution douanière, sur laquelle ni la CAF ni la FIFA ne disposent de moyens de pression, ces responsables ont laissé libre cours à un activisme contreproductif et à des propos irréfléchis que les adversaires marocains, habitués aux coups de Jarnac et aux méthodes perverses, vont utiliser contre l’Algérie. Le summum des actes irréfléchis est l’œuvre du président de la FAF, qui n’a pas trouvé mieux que de fabriquer des maillots portant des logos et des symboles sans autorisation de la partie à laquelle ils étaient destinés. Il l’a fait sans qu’aucune réglementation ni instance ne l’y aient obligés et sans que qui que ce soit ne lui en ait fait la demande.
Le bon sens aurait dicté à ces responsables de seulement signaler à la CAF qu’ils n’exercent aucune influence sur les décisions des douanes algériennes et lui rappeler que la réglementation de la Confédération africaine oblige toute équipe visiteuse à ramener dans ses bagages un équipement de rechange. Ce, sans oublier de mentionner à cette même CAF que cette dernière, à supposer qu’elle ait autorisé – et ceci en contradiction de sa propre réglementation et celle de la FIFA – le maillot illégal de Berkane, n’a aucune autorité sur les institutions algériennes pour les obliger à tolérer une entorse à ces réglementations qui prévoient de séparer le sport de la politique sur son territoire. Ce travail fait, aussi bien l’USMA, en tant que premier concerné, que la FAF n’avaient plus qu’à attendre la décision de l’arbitre, le jour du match, pour décider des démarches juridiques que les spécialistes leur auraient conseillées.
Les incohérences et les erreurs d’appréciation dans notre politique envers le Maroc ne semblent pas se limiter au football. Elles s’étendent aussi à des domaines névralgiques, comme la sécurité liée à la libre circulation des personnes. Ce dernier sujet est complexe et mérite qu’on lui dédie une attention particulière et, donc, un autre article.
H.-N. B.
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