Le descendant de l’Emir Abdelkader critique la commission algéro-française
Par Houari A. – «L’ennemi d’hier ne peut pas être un ami aujourd’hui», a affirmé l’arrière-petit-fils de l’Emir Abdelkader, au sujet de la commission mémorielle algéro-française chargée de réécrire l’histoire qui lie les deux pays. «N’eût été la trahison de son entourage et du voisin de l’Ouest, l’Emir Abdelkader aurait vaincu l’armée coloniale et obtenu l’indépendance de l’Algérie à son époque», a, en outre, assuré, sur le plateau d’El-Bilad TV, l’Emir Khaled, qui porte cette qualification à titre purement honorifique. Ce dernier joint sa voix à celles de nombreux intellectuels qui estiment que l’histoire de l’Algérie doit être écrite par les Algériens eux-mêmes.
Dans les neuf propositions annoncées en février dernier par la commission, suite à sa dernière réunion tenue en France un mois auparavant, figure un chapitre relatif aux restitutions, la partie algérienne ayant proposé une «liste ouverte de biens symboliques comme ceux ayant appartenu à l’Emir Abdelkader, à Ahmed Bey et à d’autres personnalités algériennes». Parmi ces biens, l’épée, le burnous, le Coran, la tente et les canons de l’Emir, la tente d’Ahmed Bey, la clé et les étendards de Laghouat, les canons, etc.
A cet effet, la commission mixte s’est «félicitée de la proposition faite par des musées, comme le Quai Branly ou le Louvre, de réaliser un inventaire des items provenant d’Algérie». Elle a suggéré, par ailleurs, de «réaliser des expositions sur l’histoire de l’Algérie au XIXe siècle à partir des fonds présents dans les musées en France et en Algérie, notamment l’exposition sur l’Emir Abdelkader, réalisée au Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, en 2022, pour être également présentés dans un musée en Algérie».
Cette «bibliothèque partagée» pourrait, dans un premier temps, être portée par la Bibliothèque diplomatique numérique (BDN). Elle permettrait également de lancer un programme pour reconstituer numériquement la correspondance et la bibliothèque de l’Emir Abdelkader, dont les textes et les ouvrages sont actuellement disséminés dans le monde entier, dans sa famille, chez des particuliers ou dans des institutions patrimoniales.
C’est un média français qui avait annoncé la tenue d’une réunion de la commission mémorielle mixte dans la capitale française, voici cinq mois. «C’est une information RFI», précisait Radio France International, dans un article relayé par l’historien français Benjamin Stora, co-président de cette instance mise en place par les présidents Tebboune et Macron, l’été 2022. RFI avait indiqué que la délégation algérienne avait «reçu le feu vert du palais d’El-Mouradia pour participer à ce rendez-vous» et que «les historiens algériens, avec à leur tête Mohamed Lahcen Zeghidi, avaient émis le souhait que la rencontre puisse se dérouler en province, Aix-en-Provence ou Marseille par exemple, deux villes qui hébergent un grand nombre d’archives algériennes». Mais, «pour des raisons pratiques», la réunion a finalement eu lieu à Paris, le 25 janvier dernier.
Fin novembre 2023, Benjamin Stora et une équipe d’historiens français s’étaient déplacés à Constantine pour y rencontrer leurs homologues algériens.
H. A.
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