A défaut de laïcité : l’islam demeure une arme d’autodéfense des démunis en terre judéo-chrétienne

A défaut de laïcité : l’islam demeure une arme d’autodéfense des démunis en terre judéo-chrétienne
La bourgeoisie actuelle partage, face à Gaza, la même inconscience qu'à Sétif en 1945. D. R.

Une contribution de Saadeddine Kouidri – Le 8 mai 1945, le colonialisme nous a infligé une énième «sous-France» indélébile, qui porte le nom du coupable, un coupable jamais inquiété, à pouvoir nous en rajouter d’autres, par ses compères, comme celle de Gaza aujourd’hui.

Cédric Robinson explique que le capitalisme et le racisme ont évolué avec le système féodal plutôt que constitué une rupture avec lui (comme le pensent les communistes occidentaux, et pas seulement), pour aboutir à un système mondial moderne du «capitalisme racial reposant sur l’esclavage, la violence, l’impérialisme et le génocide». A défaut de connaître l’histoire de la lutte des peuples, cet éclairage aurait permis à l’OLP de ne pas abandonner la lutte armée, tout en anticipant les alliances du capitalisme occidental, et particulièrement le dernier, celui de l’accord d’Abraham qui était sur le point d’être signé par l’Arabie Saoudite, après les Emirats, le Maroc, etc., dont le but est de porter un coup mortel à la nation palestinienne. Son mouvement de la libération réanimé par Hamas a fait échouer cet accord juste à temps, le 7 octobre 2023.

Selon un parti politique qui prend à temps le chemin des élections présidentielles, «les peuples qui ne se donneront pas les moyens politiques pour s’assurer un véritable développement dans des délais raisonnables se verront impitoyablement éjecter du cours de l’histoire». Apparemment, ce parti ne tire aucune leçon des événements actuels, ceux de Gaza notamment. Les peuples qui résistent sont ceux qui ont une conscience politique élevée, cette morale moderne et, non seulement, un développement. Pour ce dernier, il faut apprendre les mathématiques. Pour faire de la politique il faut apprendre l’histoire des révolutions et particulièrement la révolution algérienne qui reste méconnue, puisque le ministère des Moudjahidine semble ignorer Frantz Fanon par son refus d’aider au financement du film sur ce militant algérien. Ce parti ne l’a pas rappelé à l’ordre, preuve qu’il méconnaît, à son tour, sa propre histoire. Le développement doit être intrinsèquement être corrélé à la fois à la morale ancestrale et à la pratique politique de sa classe, celle, qui porte au plus haut la morale de la société qui avance pour la paix des peuples. L’idéal étant que toujours le présent serve à construire l’avenir, affirmait Fanon, et c’est pour cela qu’il est nécessaire de ne pas porter préjudice au passé glorieux du présent.

Les Occidentaux pratiquent l’islamophobie pour nous porter préjudice. Certes, l’islam était l’opium du peuple, dont le sens où il aidait l’indigène à surmonter sa douleur pour pouvoir se relever face au colon et à son armée. Aujourd’hui, émancipé de la colonisation, il est l’arme pour la contre-violence, aux mains des plus démunis, en terre judéo-chrétienne, depuis que Mitterrand le laïc avait pris la défense des terroristes islamistes par ressentiment envers le pays des «fellagas». Ce guillotineur est mort en ayant la victoire de la Révolution algérienne sur le colonialisme de peuplement en travers de la gorge, que ses adeptes ont hérité, dont Badinter qui, lui, avalait la cause palestinienne en plein écran quelques semaines avant d’étouffer.

Oui, on apprend que le ministère des Moudjahidine a refusé de contribuer au financement du film d’Abdenour Zahzah, sur Frantz Fanon, un des illustres dirigeant de la Révolution, intitulé Chroniques fidèles survenues au siècle dernier à l’hôpital psychiatrique Blida-Joinville. Ce long métrage a été projeté, le 25 avril en avant-première, au Théâtre régional Azzeddine-Medjoubi, en présence d’un public nombreux, dans le cadre de la compétition du 4e Festival du film méditerranéen d’Annaba, qui vient de lui décerner le prix du Jury et dénonce implicitement le refus du ministère. Bravo au jury d’Annaba, présidé par le réalisateur turc Nuri Bilge Ceylan.

Pour préserver l’islam, il faut le séculariser et l’arracher aux nantis qui s’en servent à des fins électorales, pour aveugler le citoyen, comme ces riches étrangers qui se convertissent aux yeux du monde. Le trésor que nous portons en nous, sous notre culture millénaire et populaire, ou avec la foi, c’est selon, n’est pas convertible. Ce n’est pas une devise, ce n’est surtout pas du dollar. Nous constatons qu’Al-Azhar, ce temple religieux, et ses savants de par le monde brillent par leur silence, à l’ombre de l’Egypte groggy par la défaite face aux Etats-Unis, protégeant Israël le 7 juin 1967.

Charles Darwin est mort le 19 avril 1882. Ce naturaliste qui a conçu la théorie de l’évolution ne l’appliqua à l’Homme qu’une décennie après, dans son livre majeur La filiation de l’Homme et la sélection liée au sexe, publié en 1871. L’histoire de ce livre se confond, dit-on, avec celle de sa méconnaissance, mais qui, en réalité, a été censurée par le capitalisme d’alors, sous l’influence des créationnistes. C’est entre 1859, date de la publication de son livre L’origine des espèces, et 1871 que les plumitifs du système ont élaboré le «darwinisme social», pour porter l’estocade aux thèses du naturaliste dans le cas où le blackout fomenté par le système s’avérerait faillible. C’est le blackout sur les thèses de ce savant, ce naturaliste, qui a mis en péril le matérialisme, la laïcité et le communisme dans les pays occidentaux et dans leurs colonies et ex-colonies.

Au nom de la préservation du patrimoine, nous n’avons pas le droit de tourner le dos à la solidarité avec les musulmans de l’Inde, par exemple. Il fallait dénoncer l’inauguration, le 22 janvier 2024, par Narenda Modie et la construction (en cours) d’un temple hindou sur les ruines de la mosquée d’Ayodhya, détruite par des extrémistes antimusulmans en 1992. Que serait l’islam sans la mosquée d’Al-Qods ? En Palestine, l’enjeu est la terre et le patrimoine à cause de la judaïsation d’Israël aidée par les évangélistes étatsuniens. Nous ne perdons pas de vue que notre souhait majeur est l’universalisme, mais pas au dépend de nos valeurs, comme tentent de nous l’imposer les judéo-chrétiens des pouvoirs occidentaux et leurs valets royaux.

La résolution 3070 adoptée par l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU) le 30 novembre 1973, consolide aux yeux du monde le droit de «la légitimité de la lutte des peuples pour se libérer de la domination coloniale et étrangère et de l’emprise étrangère par tous les moyens en leur pouvoir, y compris la lutte armée». Le terrorisme des peuples colonisés n’est rien d’autre qu’une contre-violence, pour se libérer de l’oppression ; elle est donc légitime. Cette évidence n’étant pas perçue prouve encore une fois le racisme des dirigeants et des médias occidentaux.

Le paradoxe de la colonisation, c’est que tout en affichant sa croix de chrétien, l’Occidental veut convertir l’autre par l’épée et la baïonnette. C’est juste impossible car c’est sous la baïonnette du chrétien et du juif que le colonisé retrouve son refuge dans l’islam, qu’il soit religieux ou athée, car son âme baigne dans les relations sociales connectées depuis des siècles dans la toile brodée de ses cultures, ses traditions et ses mythes. Marx n’écrivait-il pas que «les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas arbitrairement, dans les conditions choisies par eux, mais dans des conditions directement données et héritées du passé» ?

La domination est un des traits caractéristiques de toutes les sociétés capitalistes. Cette vérité fait obligation aux partis politiques et aux institutions de l’éducation de tenir compte de ce que disait Salomon, à savoir que «science sans conscience n’est que ruine de l’âme». La solidarité des étudiants étasuniens avec la Palestine rappelle celle du Vietnam et prouve que la flamme de la liberté des peuples est toujours dans le cœur de la jeunesse, y compris celle qui est dans l’antre du système. Surtout quand on sait que leur pays n’arrête pas de faire la guerre aux peuples de la terre et qu’il s’est servi opportunément de toutes les religions. Il s’est servi de l’islam pour s’allier les féodaux arabes et a ruiné la République démocratique d’Afghanistan et toutes les autres républiques arabes comme l’Irak, la Syrie, la Somalie, la Libye et le Yémen. On constate le bourbier estampillé par leur haine contre le communisme que le capitalisme synonymise avec l’athéisme, méconnaissant comme tout mauvais élève en histoire que les religions sont un ciment des cultures ancestrales.

C’est pour cela qu’on susurrait aux indigènes que la démocratie est l’enfant des Lumières. Celle de Rousseau, de Diderot, de Voltaire… Le système nous leurre avec d’illustres intellectuels pour cacher la lumière des Révolutions, dont celle de 1789, que leurs philosophes ne pouvaient anticiper car ils n’étaient que des bourgeois inconscients, des esclavagistes, des racistes dans leur majorité, puisqu’ils n’ont pas pipé mot lors le génocide des Amérindiens. La bourgeoisie actuelle, face à Gaza, partage la même inconscience que la génération de la Seconde Guerre mondiale face au génocide de Sétif, Guelma et Kherrata, le 8 mai 1945, il y a 79 ans. Comme on le constate, le monde est perlé de drames humains de cet acabit depuis cinq siècles.

Le capitalisme empreinte aux Romains la devise de diviser pour régner, qui a comme résultat d’entraver la solidarité des peuples. Une forte solidarité qui puisse stopper le meurtre de masse. Quant aux révolutionnaires, ils étaient condamnés à l’exécution, au bagne et dans le pire des cas à l’embourgeoisement, pour siéger dans l’enclos de leur Parlement, à l’exemple de la Knesset, et ne plus entendre les revendications des plus démunis, mais celles des plus fortunés, pour plus de terre, celle de l’autre, du Palestinien, de l’Africain, de l’Asiatique, des mers et des océans.

Hélas, soufflent certains, la religion ne permet pas les revendications de liberté, de laïcité et de démocratie. Certes. Mais elle permet la revendication primordiale au temps de la colonisation, qui est celle de la terre.

S. K.

Comment (5)

    Brahms
    17 mai 2024 - 17 h 04 min

    Un OQTF a tenté de cramer la synagogue de Rouen, il a prit 05 balles.

    Par contre, Benjamin Netanyahu a tué 35 000 palestiniens (femmes, enfants, vieillards), il est libre comme l’air. Le système n’est pas fait pour le pauvre, c’est toujours le puissant qui impose son diktat et les lois sont faites que pour sanctionner les pauvres.

    Le pauvre subira toujours et le puissant sera toujours épargné.

    reactor
    13 mai 2024 - 4 h 44 min

    « A défaut de laïcité : l’islam demeure une arme d’autodéfense des démunis en terre judéo-chrétienne»
    Cela dit quand on est musulman on sait à quoi s’attendre quand on va en France ,pays laïque de tradition judéo chrétien
    Alors pourquoi les Algériens continuent ils à vouloir s’y installer ,parfois même en risquant leur vie et pourquoi ceux qui y sont déjà ne veulent pas rentrer au pays .Il serait bon de nous poser ces questions avant de rejeter nos fautes sur les autres ,mais en est on capable

    Le Chat Botté
    12 mai 2024 - 17 h 43 min

    « l’islam demeure une arme d’autodéfense des démunis en terre judéo-chrétienne. » Vous dites
    C’est là que les Musulmans du monde entier font erreurs.
    L’Islam n’est pas une arme d’autodéfense mais une doctrine entre les mains de peuples qui savent s’en servir. Il y a une grande différence.

    DZ
    12 mai 2024 - 12 h 40 min

    tourjours la meme question ? pourquoi les musulmans viennent en france ???? pareil pour les algeriens pourquoi venir en france malgre la souffrance que les algeriens ont endures par la france en plus ils pleurent pour obtenir les papiers francais (5 MILLIONS d algeriens en france il y a quand meme une incoherence (…)??????? et tous les sacrifices des chouadas

      Anatole France
      13 mai 2024 - 2 h 15 min

      Combien il y a de portugais en france?
      Combien de marrocains?
      Combien d’espagnols?
      Combien de camerounais?
      Combien d’italiens?
      Combien de chinois?
      Combien d’anglais?
      Combien de roumains?
      Combien de polonais?

      Avec le genre de mec comme toi, Lafrance doit au moins compter 350 millions d’habitants.

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