Quel serait l’impact d’une guerre entre la France et la Russie sur l’Algérie ?
Par Abdelkader S. – La question mérite d’être posée. D’abord, parce que le discours belliciste et le comportement agressif du président français, Emmanuel Macron, à l’égard de la Russie risque de pousser cette dernière à intégrer la France dans son plan de guerre. Ensuite, parce que la France et la Russie sont deux partenaires de premier plan de l’Algérie. Tout conflit armé entre ces deux pays européens aura, dès lors, un impact direct sur le nôtre.
Sur le plan diplomatique, l’Algérie se trouvera dans une position délicate. La Russie étant un allié stratégique et un pays ami depuis la Guerre de libération nationale, une neutralité en cas de conflit armé avec l’ancienne puissance coloniale, dirigée par une poignée de responsables politiques néophytes qui la mène droit dans le mur, serait mal vue par Moscou. L’Algérie se gardera de s’ingérer dans un affrontement entre deux puissances nucléaires – même si l’écart est immense entre elles – et s’emploiera à éviter toute escalade qui se répercuterait de façon sensible sur sa propre sécurité, à cause de la proximité géographique et des liens puissants qui la lie à la France pour des considérations historiques évidentes.
Une attaque russe contre la France, dans le cas d’une extension de la guerre en Ukraine plus à l’ouest, provoquera une remigration massive des millions d’Algériens qui y constituent la première communauté immigrée. Déjà, actuellement, un grand nombre d’entre eux sont soit rentrés définitivement au pays, soit envisagent de le faire, face la montée de l’islamophobie, de la xénophobie et de l’insécurité, et de la détérioration des conditions sociales due à une gestion économique catastrophique depuis l’avènement d’Emmanuel Macron et de son équipe de novices au pouvoir en 2017. Une situation qui va en se dégradant.
Sur le plan militaire, l’Algérie aura beau maintenir une position neutre, le pragmatisme finira par prendre le dessus dans le cas d’un conflit généralisé, qui verra des Etats hostiles profiter de l’occasion pour lancer une offensive contre elle. Les casus belli sont déjà perceptibles et nombreux à travers les manœuvres, les alliances et les provocations venant de pays comme le Maroc, les Emirats arabes unis et leur souteneur Israël.
«Nous sommes un pays pacifiste, mais il faut nous préparer au pire», a insisté le président Tebboune dans un discours prononcé devant les hauts gradés de l’Armée nationale populaire (ANP). Une annonce faite au siège du ministère de la Défense nationale, qui résonne comme un avertissement à ces trois ennemis. Le général d’armée Saïd Chanegriha lui a fait écho, en affirmant que la puissante armée algérienne «est consciente des défis actuels» et que l’état-major a «veillé à renforcer les capacités militaires dans toutes leurs formes» et «pris les mesures appropriées pour faire face à toute éventualité».
Vladimir Poutine a mis en garde la France que tout mercenaire ou soldat français qui serait pris en Ukraine serait tué. Le ton est monté d’un cran lors des festivités marquant la victoire de l’ex-URSS sur l’Allemagne nazie, le 8 mai 1945, le président russe ayant menacé de frapper les intérêts de la France hors d’Ukraine au cas où Emmanuel Macron s’avisait d’envoyer des armes au régime de Kiev. La France serait alors considérée comme partie prenante au conflit et la guerre lui serait déclarée.
Le pensionnaire aventurier de l’Elysée osera-t-il défier l’ogre russe dont l’armée s’approche de la capitale ukrainienne qu’elle s’apprête à prendre, marquant ainsi la victoire finale de la Russie sur l’OTAN ? Rien n’est moins sûr, d’autant que les troupes françaises sont chassées sans coup férir par les soldats russes des territoires africains que la France a continué de coloniser sous des formes plus sournoises.
A. S.
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