La LICRA divorce d’avec la Grande Mosquée de Paris : Stasi répudie Hafiz
Par Karim B. – «Il y a trois ans, la LICRA signait avec la Grande Mosquée de Paris une convention de partenariat afin d’étudier tous les moyens possibles à mettre en œuvre pour lutter en commun contre le racisme, le racisme antimusulman et l’antisémitisme. Cette convention est arrivée à son terme le 19 mai 2024. De facto à l’arrêt depuis un an, elle est donc, à présent, caduque», a asséné cette organisation dans un communiqué rendu public ce jeudi. Ce qui est reproché à Chems-Eddine Hafiz, c’est de n’avoir pas fait preuve de «tempérance et de responsabilité […] dans le contexte actuel exacerbé par l’identitarisme, le racisme et l’antisémitisme».
Le recteur de la Grande Mosquée de Paris vient donc de se faire taper sur les doigts par les porte-voix d’Israël en France, perdant d’un coup et leur soutien et l’espoir de gagner une hypothétique représentativité auprès de la communauté musulmane, dont les dignitaires n’ont eu de cesse de mettre en garde contre cette grave dérive de celui qui préside aux destinées d’une institution cultuelle, bien algérien, et dont les positions et les propos sont considérés comme traduisant le discours officiel de l’Algérie.
Le successeur de Dalil Boubakeur, dont l’élection à la tête de la Mosquée de Paris en janvier 2020 demeure à ce jour contestée, avait cru qu’en tenant le bâton par le milieu, depuis le déclenchement du génocide des Palestiniens à Gaza par Israël, il allait éviter de s’attirer les foudres de la LICRA, du CRIF et du grand rabbinat présidé par son «ami» Haïm Korsia, les trois têtes de pont du puissant lobby sioniste en France. Courte vue d’un novice en stratégie, qui se retourne contre lui.
Lorsqu’une convention de partenariat avait été signée le 19 mai 2021, entre le président de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme, Mario Stasi, et le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, cela avait été dépeint comme «un moment historique pour les deux parties à la convention, en tant qu’acteurs associatifs partageant les mêmes valeurs universelles et républicaines». Or, apprend-on de sources sûres, la démarche de Hafiz était récusée y compris par les responsables des fédérations rattachées à la Mosquée de Paris, voire par son propre bras droit, Mohamed Louanoughi.
Le recteur de la Grande Mosquée de Paris était bien seul sur ce coup, apposant sa signature sur un document qui allait la rendre, trois années plus tard, complice des crimes commis par Israël en Palestine, et clamant qu’«entre nous, il n’y a pas de murs, il n’y a que des intérêts convergents». Propos auxquels le président de l’organisation sioniste, Mario Stasi, répliquait, dans un jeu de théâtre dans lequel Hafiz campait le rôle de comparse : «Nous voulons essayer de faire baisser le niveau de tension souvent insupportable qui existe chez nos concitoyens, souvent relayé par des médias irresponsables», croyant pouvoir faire oublier les propos de son prédécesseur, Alain Jakubowitz, martelant que l’islamophobie «est une imposture» et appelant à bannir ce mot du «vocabulaire public».
Abdallah Zekri était monté au créneau, en avouant avoir «sursauté» à l’annonce de ce partenariat. «Non que j’aie des problèmes avec la LICRA, mais parce que ce n’est pas son rôle», avait-il expliqué. «Il existe un Observatoire de lutte contre l’islamophobie pour lequel il y a une convention-cadre signée en 2011 par le ministre de l’Intérieur et le président du Conseil français du culte musulman (CFCM)», avait martelé le vice-président de cette instance, en ajoutant qu’il avait été tout aussi scandalisé par le double langage de Chems-Eddine Hafiz qui avait allégué qu’il n’y avait pas d’islamophobie, en réponse à la question d’un journaliste de RTL. «Quand j’avais déclaré qu’il régnait un climat de haine contre l’islam et les musulmans, [il] avait considéré que c’était de l’exagération, en soutenant qu’il n’y a pas mort d’homme. Je devais donc comprendre qu’il attend que des musulmans soient assassinés pour qu’il réagisse», avait déploré Abdallah Zekri.
Il avait vu juste. Le mariage de (dé)raison entre Chems-Eddine Hafiz et Mario Stasi était une hérésie.
K. B.
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