Entre décrets Crémieux et diplomatiques : la France otage de son passé

Entre décrets Crémieux et diplomatiques : la France otage de son passé
Les présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron à Alger. D. R.

Une contribution du Dr A. Boumezrag – Dans les coulisses de la diplomatie française, les relations avec Israël et les Palestiniens sont marquées par une tension palpable entre les politiques historiques discriminatoires et les impératifs contemporains de la diplomatie. Le titre évocateur, «Entre décrets Crémieux et décrets diplomatiques : la France, otage de son passé», résume parfaitement ce dilemme.

Le décret Crémieux, promulgué en 1870 en Algérie, accordait la citoyenneté française aux juifs, mais pas aux Arabes musulmans, reflétant ainsi les politiques coloniales discriminatoires de la France. Ce décret, avec d’autres politiques similaires, a laissé des cicatrices profondes dans les mémoires collectives des populations algériennes, juives et musulmanes, et continue d’influencer les relations de la France avec Israël et les Palestiniens.

D’autre part, les «décrets diplomatiques» représentent les défis actuels auxquels est confrontée la diplomatie française dans le contexte du conflit israélo-palestinien. La France cherche à jouer un rôle de médiateur dans ce conflit complexe, tout en jonglant avec les intérêts historiques, géopolitiques et économiques en jeu. Cependant, son héritage colonial, symbolisé par le décret Crémieux, pèse lourdement sur ses actions diplomatiques présentes.

Le titre souligne cette tension entre le passé et le présent de la France dans sa diplomatie au Moyen-Orient. Il rappelle que la France est confrontée à un défi de taille : comment naviguer dans les eaux troubles de la politique étrangère tout en confrontant son passé colonial et en répondant aux impératifs de justice et d’équité dans la région ?

En somme, il met en lumière les complexités de la diplomatie française au Moyen-Orient, soulignant les défis et les dilemmes auxquels est confrontée la France alors qu’elle cherche à trouver un équilibre entre son héritage historique et les impératifs contemporains de sa politique étrangère.

La morale qui découle de cette réflexion est la nécessité pour la France, en tant qu’acteur sur la scène internationale, de prendre conscience de son passé colonial et des répercussions de celui-ci sur ses actions présentes et futures. En reconnaissant les erreurs du passé et en confrontant les injustices historiques, la France peut mieux naviguer dans les défis contemporains de la diplomatie, en particulier dans des contextes sensibles, tel que le conflit israélo-palestinien.

La clé réside dans la capacité de la France à concilier son passé et son présent, en s’efforçant d’agir avec équité, transparence et justice dans ses relations internationales. Cela implique de reconnaître les droits de toutes les parties impliquées dans les conflits, de promouvoir la paix et la stabilité régionales, et de travailler en collaboration avec d’autres acteurs internationaux pour parvenir à des solutions durables et équitables.

En fin de compte, la France peut tirer des leçons de son passé pour façonner un avenir où elle joue un rôle constructif sur la scène internationale, tout en respectant les principes fondamentaux de dignité humaine, de justice et de respect des droits de l’Homme.

Pour ce faire, elle doit reconnaître publiquement sa responsabilité dans les crimes contre l’humanité commis en Algérie pendant la période coloniale. Cela serait un pas significatif pour la France afin de donner des gages de bonne volonté envers l’Algérie et de faire face à son passé colonial de manière responsable.

Une telle reconnaissance serait un acte de justice historique, reconnaissant la souffrance et les injustices infligées au peuple algérien pendant la période coloniale. Cela contribuerait à la réconciliation entre les deux nations et à la construction de relations plus transparentes et respectueuses.

En admettant ses erreurs du passé, la France pourrait également ouvrir la voie à un dialogue plus ouvert et sincère avec l’Algérie, favorisant ainsi la compréhension mutuelle et la coopération dans divers domaines, telles que l’économie, la politique et la culture.

Une telle démarche nécessiterait du courage politique et une volonté de faire face aux défis et aux conséquences de l’histoire coloniale. Cependant, elle pourrait également ouvrir la voie à un avenir plus juste et plus harmonieux entre la France et l’Algérie, fondé sur la vérité, la réconciliation et le respect mutuel.

Le respect mutuel entre la France et l’Algérie doit être basé sur le principe de l’égalité entre deux nations souveraines, plutôt que sur une relation de domination ou d’imposition de choix unilatéraux.

Cela signifie reconnaître et respecter la souveraineté de chaque nation dans ses décisions politiques, économiques et sociales. Il s’agit de promouvoir une coopération équitable et transparente, fondée sur le dialogue, le partenariat et le respect des intérêts légitimes des deux parties.

Pour la France, cela implique de reconnaître le droit de l’Algérie à définir son propre avenir, sans ingérence extérieure ou pression indue. Cela signifie également traiter l’Algérie en tant que partenaire égal dans les relations bilatérales, plutôt que comme un acteur subordonné ou dépendant.

Pour l’Algérie, cela suppose également de respecter les intérêts et les préoccupations légitimes de la France, tout en affirmant sa propre identité nationale et en défendant ses propres intérêts nationaux.

En favorisant une relation basée sur le respect mutuel entre deux nations souveraines, la France et l’Algérie peuvent construire un partenariat solide et durable, bénéfique pour les deux peuples et contribuant à la paix, à la stabilité et au développement dans la région.

A. B.

Comment (11)

    BENYOUNES
    31 mai 2024 - 1 h 27 min

    Mr. Docteur, Avocat ou Philosophe Boumezreg, je vous répondrais par la même réplique de cette dame dans une des chansons de cet autochtone amazigh chanteur d’Algerie qu’est Slimane Azem : » Monsieur, vous chantez bien, mais comme même … ». Par le décret Crémieux, les français n’ont pas à octroyer la nationalité française aux arabes d’Algérie, comme ils l’ont fait pour les juifs (d’ailleurs il s’agit de religieux), pour une simple raison, historiquement, ethniquement et socialement, il n’ y a jamais eu d’arabes en Algérie, par contre ils auraient pû faire la même reconnaissance aux imazighen musulmans (là aussi aux convertis religieux). Nous sommes dans un Monde ou l’honnêteté intellectuelle a déserter l’humain, elle est malmenée, bafouée et souvent détournée. Au fond comme disait quelqu’un: nos bourreaux d’aujourd’hui sont pires que ceux d’hier.

    2passage
    30 mai 2024 - 13 h 01 min

    Le décret Crémieux est en soi un des nombreux crimes de la colonisation.
    Il a amputé la société algérienne millénaire d’un pan qu il a dressé contre elle.

    Chaoui
    30 mai 2024 - 12 h 46 min

    Il n’est de relation loyale et honnête entre les hommes et les pays sans justice et vérité.

    La France, après avoir joué les ‘cigales’ ces cinq derniers siècles n’a de choix, à présent qu’elle plonge dans la disette, que de se faire fourmis et rejoindre toutes les autres fourmis œuvrant à leur bien être dans la fourmilière Terre…

    Passage obligé : pour y être admise, elle devra nécessairement se départir définitivement de ses oripeaux de prédateur (colonialisme, expan…sionisme et impérialisme) ; ce qui implique, excuses et reconnaissance de ses crimes. De tous ces crimes.

    Elle y viendra.

    Le plus tôt est le mieux pour elle…Plus elle tarde, plus elle y perd. Et elle est seule à y perdre.

      Anonyme
      30 mai 2024 - 19 h 23 min

      Plus elle tarde, plus elle y perd.

      Elle perd quoi, d’après vous?

        Chaoui
        30 mai 2024 - 20 h 36 min

        A « l »Anonyme » ou marocain ou français :

        Pour peu que tu saches vraiment voir et voir loin, ouvre les…yeux…

        Elle perd sa conscience (il faut dire : le peu qu’il lui reste encore) et ce qui reste de son économie, ses biens et patrimoine – c’est-à-dire si peu – dont les rapaces du capitalisme mondialisme ne lui ont pas encore soutirés…

    Mokrane
    30 mai 2024 - 10 h 23 min

    Vous dites :  » Le décret Crémieux, promulgué en 1870 en Algérie, accordait la citoyenneté française aux juifs, mais pas aux Arabes musulmans « .
    Rassurez vous Dr A. Boumezrag, la france colonialiste n’ a pas accordé non plus la citoyenneté francaise aux Berbères musulmans bien plus nombreux.

      Anonyme
      30 mai 2024 - 13 h 33 min

      Excellent commentaire, sachant qu’en 1830 les Algériens étaient à plus de 90 % berberophones et que la question, si les Algériens sont arabes ne se pose même pas.

        Anonyme
        30 mai 2024 - 20 h 46 min

        Ils étaient tous considérés par la France à cette époque comme une population indigène, les 9 millions d algeriens à cette époque coloniser par 1 millions de français européens . C était ça la présence française pdt 132 ans en Algérie. En tout cas la langue française n avait dérangée les populations autochtones pdt toute cette présence française presque un siècle et demi c’est pas rien non plus ?

      Vert
      30 mai 2024 - 14 h 23 min

      Toujours un MAKISTE pour l a ramené
      On étais Algerien
      On a combattu Algerien
      Tombe au champ d honneur Algerien
      Pour un drapeau un seul Algerien (…)
      Le Chahid était Algerien.
      BASTA

    Vert
    30 mai 2024 - 9 h 59 min

    J ai pas compris
    Pourquoi le décret de 1870 vous dérange autant..?
    Au contraire on est resté Algeriens
    On a combattu pour L Algerie
    Et les autres ont quittés L Algerie
    Et si on était devenu français
    On serait comme les DOM TOM
    Pris dans le piège
    Tout compte fait c est un Mal pour un bien

    Alif
    30 mai 2024 - 9 h 17 min

    D’après cette description faite de la relation entre l’Algérie et la France, les non-initiés comprennent que l’Algérie vient d’avoir son indépendance!
    62 ans après l’indépendance, cette lecture est indigne de nous. Ce temps était largement suffisant pour construire un pays moderne et prospère sachant les ressources humaines et naturelles dont ce pays dispose encore à ce jour.

    Encore une fois, je redis ce qui n’a pas été publié dans mes précédents posts; la responsabilité de nos aïeux était totale en 1830.
    Analysons les root causes de notre vulnérabilité à l’époque ce qui était fatale pour cet espace géographique devenu colonie de peuplement.
    Arrêtons de pleurnicher et de ne pas assumer notre responsabilité dans notre totale défaillance aujourd’hui.
    There are two type of people; those who complain and those who make things happen.

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