Le président des Etats-Unis surprend le monde en jouant un tour à Netanyahou
Une contribution d’Ali Akika – Voir le président américain en personne annoncer un plan de cessation des combats suscitant un communiqué rageur de Netanyahou, qui persiste dans ses chimères en parlant de liquider la résistance palestinienne, avant d’expliquer ce coup de Jarnac* de Joe Biden à Netanyahou, son «ami» et néanmoins allié, il est bon de signaler que l’Américain rend la monnaie de sa pièce au Premier ministre israélien. Car Netanyahou avait fait à son chef de la CIA un coup de Jarnac.
Début mai, dans un article (1) dans Algeriepatriotique, j’expliquais que la résistance avait donné son accord à un plan concocté, d’après les propositions des deux parties, par les médiateurs Egypte, Qatar et Etats-Unis. Et le chef de la CIA s’envola dare-dare pour Le Caire, le Qatar et Tel-Aviv pour dire de vive voix à ces capitales que la résistance trouve positif le résultat du travail de leur médiation. On sait que c’est à Tel-Aviv, dernière escale de Mister Burn, chef de la CIA, que le protocole d’accord fut enterré par Netanyahou. Le 31 mai dernier, le président Biden a tenu à annoncer lui-même, pour peser politiquement de tout le poids de la première puissance du monde, un poids que le chef de la CIA n’a pas pu exercer sur Netanyahou.
Entre le début et la fin mai, les Etats-Unis «laissèrent» Netanyahou faire son dernier baroud à Rafah tout en lui donnant le droit d’utiliser de «petites» bombes. En vérité, la CIA, au courant de la nature féroce des combats et des pertes insupportables de l’armée d’occupation, avait réussi à arracher l’accord annoncé par Joe Biden. Une semaine plus tôt, on devina qu’il allait y avoir du nouveau à la suite de la rencontre de la CIA, du Mossad avec le ministre du Qatar à Paris. Ce n’est donc pas un hasard si Biden a fait une telle annonce surprise ce 31 mai. Son annonce est le résultat de l’échec militaire symbolisé à Jabalīyah par la retraite des «fameux» parachutistes et la vengeance pathétique d’Israël sur un camp de déplacés à Rafah qui souleva le dégout dans le monde entier.
De plus, la résistance avait démenti sa présence dans la médiation réunie à Paris, signifiant par là qu’elle ne revenait pas sur ses demandes exprimées dans l’accord du début mai. Que c’était donc à Israël de confirmer l’accord du début mai, sabordé par Netanyahou. C’est pourquoi Joe Biden désigna dans son intervention que le plan qu’il annonçait était celui d’Israël. Un président américain prenant la parole à la place de Netanyahou sur un problème important d’Israël montre le peu de cas que l’Amérique tient des intérêts d’un allié. Il faut dire que l’allié en question est tellement dépendant qu’il ne peut que se soumettre. Que va-t-il faire Netanyahou que rien ne peut arrêter, selon ses dires ?
Tous ces événements décrits ci-dessus furent allégrement passés sous silence ou déformés par la machine de mensonge d’Israël. Mais voir ce servile comportement en France par une télé poubelle en dit long sur un type de journalisme qui a pris «le pouvoir» dans la presse. En effet, offrir une émission à un Netanyahou aux abois face à un journaleux qui rêve sans doute recevoir le prix Pulitzer n’est pas étonnant (on en connait la même musique de ces journaleux sur l’émigration algérienne). Qu’ont-ils caché ces journaleux à l’opinion depuis le 7 octobre ? Des vérités qu’ils ont ensevelies sous un tombereau de grossiers mensonges cultivés dans leur jardin de l’ignorance crasse et d’infâmes préjugés. D’abord, ils feignent ignorer que le 7 octobre a surgi on ne sait pourquoi. Car, pardi, la Palestine était un havre de paix depuis 1948 et que les réfugiés qui s’entassent dans des camps des pays voisins sont des victimes d’Etats qui ont refusé de les intégrer pour leurs besoins de propagande. Voilà de quoi les gens de cette secte serinent l’opinion en effaçant l’histoire car, au fond d’eux-mêmes, ils ne croiraient pas à leurs balivernes s’ils prenaient la peine de lire Théodor Herzl, père du sionisme politique, et Ben Gourion, premier président d’Israël installé en Palestine. Le 7 octobre était pour ces Lucifer du mensonge un acte barbare commis par des «terroristes» pour pouvoir donner libre cours à leur soif de vengeance. Sauf que ces «terroristes», dont la bravoure et l’intelligence politico-militaire avec le soutien de leur peuple, ont fait éclater aux yeux du monde la justesse de leur combat aux prix de massacres innommables perpétrés par une armée «morale». Les jours, les semaines, les mois passent et on découvre le bourbier dans lequel patauge Israël et, face à lui, la force tenace de la résistance qui a annoncé ses buts de guerre lesquels sont, grosso modo, repris dans l’intervention surprise du président américain. Intervention jugée positive par la résistance comme l’a été celle que leur a transmis le chef de la CIA en début mai.
En revanche, les buts de guerre dits et répétés d’une façon tonitruantes par un Netanyahou ont perdu de leur crédibilité. Netanyahou se trouve devant un choix douloureux, la fuite en avant ou bien faire face une aventure intérieure explosive. L’ultimatum de Gandz, ex-chef d’état-major et le petit signe d’un soldat qui menaça Netanyahou d’une mutinerie dans une vidéo annoncent du mouvement dans son gouvernement. Ces deux événements sont une sorte de chaudron inimaginable avant le 7 octobre. Reste une carte trouée que Netanyahou pense sortir de sa besace, Signer l’accord annoncé par Joe Biden pour ensuite le saborder comme il le fit avec les accords d’Oslo. Sauf que comparer deux situations séparées par les fureurs de l’histoire, c’est faire pour le moins une preuve de paresse intellectuelle. Car aujourd’hui l’obstacle à franchir s’appelle les Etats-Unis d’Amérique occupés à sauver le soldat Zelensky tout en évitant un clash nucléaire avec la Russie.
Netanyahou a aujourd’hui en face de lui des Palestiniens qui ont bien cerné son personnage et sa parole qui vaut de «l’or». Ils ont aussi suffisamment payé et souffert du projet de la mystique sioniste qui a grignoté jour après jour le moindre centimètre carré de leur pays. Aujourd’hui, ils ne signeront rien car jamais, au grand jamais, ils ne lâcheront les armes, leurs seuls garants contre les pièges et autres entourloupes d’un ennemi qu’ils ont appris à connaitre. Ils ont donné la preuve par leur capacité de manœuvre sur le champ de bataille et sont sortis vainqueur de la guerre de l’information dont la rengaine de «terroriste» et «barbarie» se sont transformés, aux yeux de l’opinion, en bravoure et noblesse de la résistance et en justesse de la cause de la Palestine.
En conclusion, l’échec d’Israël qui se profile à l’horizon, les Etats-Unis espèrent diminuer ses effets en s’appuyant sur une nouvelle équipe en Israël et le syndicat des féodaux de la région. Il faut rappeler à ce beau monde que la résistance est adossée à deux piliers politiques, la reconquête des droits historiques nationaux de leur peuple et l’indépendance de la décision politique palestinienne, deux piliers liés par la dialectique du droit à la lutte inscrit dans la Charte de l’ONU ou tout simplement par l’Histoire d’un Spartacus symbole du droit de l’opprimé à se battre contre son oppresseur.
Un dernier mot à la future victoire de la résistance. Juste avant l’annonce de Joe Biden, la résistance libanaise a asséné des terribles coups à une base militaire, info censurée, tandis que les Yéménites ont attaqué six cibles en mer Rouge. Dans une pareille guerre de haute intensité, des infos militaires et des annonces politiques d’importance ne sont pas tout à fait étrangers l’un à l’autre.
A. A.
(*) coup de Jarnac, expression louant l’habilité et la surprise transformée par le langage populaire en coup asséné à quelqu’un de non recommandable, habitué aux coup bas donnés dans le dos.
1) https://www.algeriepatriotique.com/2024/05/09/invasion-de-rafah-par-israel-le-dernier-baroud-de-la-defaite-de-netanyahou/
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