Programme Scorpion : la France complice du génocide palestinien
Une contribution de Mohsen Abdelmoumen – Souvenons-nous de la visite, en février dernier, des représentants du groupe belge John Cockerill, venus en Algérie pour des négociations avec Sonelgaz en vue d’un partenariat. J’avais écrit un article à ce sujet, dans lequel j’alertais sur le fait que ce groupe n’était pas si belge qu’il y paraissait et que c’était la France qui tentait une incursion en Algérie, puisque l’actionnaire majoritaire et président du groupe est le Français Bernard Serin, et que dans le conseil d’administration figure le fasciste Gérard Longuet, ancien ministre de la Défense sous Sarkozy et beau-frère du milliardaire Vincent Bolloré, grand argentier de l’extrême-droite et patron de diverses chaînes, dont CNews, et de journaux.
J’avais montré que le groupe John Cockerill était spécialisé dans différents secteurs, dont l’un des principaux était la défense, et qu’il avait créé diverses filiales, dont CMI Défense France, une entreprise française spécialisée dans l’industrie de l’armement, laquelle avait fusionné avec la société Agueris, acteur de la simulation militaire terrestre. Il se fait que la société John Cockerill Défense vise à devenir fournisseur des Forces terrestres françaises et belges, notamment à travers le programme militaire Scorpion-CaMo (CaMo = Capacité Motorisée), en rachetant la société Arquus qui produit les blindés Griffon et le Jaguar en partenariat avec les entreprises Nexter (groupe KNDS) et Thalès.
«Scorpion» est un programme qui vise à moderniser l’armée française avec de nouveaux véhicules blindés tels que le VBMR Griffon, le VBMR-L Serval et l’EBRC Jaguar. De nombreux pays en Europe, en Asie et au Moyen-Orient, dont les Emirats arabes unis, se sont montrés intéressés par ces véhicules et ont passé commande à la France. Et le programme Scorpion est déjà l’objet d’un partenariat CaMo entre la France, la Belgique et le Luxembourg qui ont signé un accord dans le domaine de la Défense. Ce programme Scorpion (Synergie du contact renforcé par la polyvalence et l’infovalorisation) est le point stratégique de l’armée de terre française pour les guerres du futur. Il est conçu pour s’articuler autour d’un commandement numérique unique qui permet aux troupes ainsi qu’aux drones, robots et véhicules d’être interconnectés et d’anticiper les réactions de l’ennemi.
D’après les louanges adressées à ce fameux programme Scorpion, les soldats de l’avenir seront guidés par une interface et assistés par des drones et des robots-mules, lesquels pourront se charger du transport des charges et des blessés. Scorpion vise à éviter autant que possible les guerres sanglantes avec un minimum de perte de soldats. Des guerres «propres» en quelque sorte. Propres pour qui ? Certainement pas pour le peuple palestinien qui sert de cobaye aux ingénieurs de l’armée sioniste pour élaborer de nouvelles armes meurtrières.
Car la mise en œuvre de Scorpion s’est faite dans le plus grand secret entre la France et l’entité sioniste d’Israël, tous les industriels français de l’armement s’étant associés avec l’entreprise israélienne Elbit System pour mener à bien ce programme. Le drone de surveillance Watchkeeper, par exemple, est le fruit d’une collaboration top secrète entre la multinationale française Thalès et Elbit. Parallèlement à cette collaboration, l’entité sioniste vend à la France ses systèmes de cybersurveillance, ses drones et ses robots soldats. Israël ayant acquis son expertise en matière de drones en les «testant» depuis des années sur le peuple palestinien dans les Territoires occupés et à Gaza, les drones sont de plus en plus silencieux et certains sont miniaturisés au point de leur donner l’apparence d’insectes, ce qui les rend particulièrement efficaces en matière de renseignement.
Ainsi, en faisant appel à l’«expertise» israélienne qui s’est faite en expérimentant ses armes année après année sur les Palestiniens, la France s’est rendue complice de ces massacres répétitifs, en plus d’être le premier exportateur européen d’armes à l’entité sioniste. Cependant, les armes de haute technologie utilisées par l’armée sioniste, les drones silencieux, les fausses mouches et autres bestioles à la James Bond, tout cela n’empêche pas l’armée «la plus morale» du monde de recevoir une raclée monumentale de la part de la résistance palestinienne qui inflige quotidiennement des pertes à l’ennemi dans les décombres de Gaza.
Dépassée par l’ampleur des pertes qu’elle subit et par son incapacité à venir à bout de la résistance, empêtrée dans des démêlés majeurs au sein du gouvernement, et devant les manifestations de protestation massives des Israéliens qui ont lieu tous les jours à Tel-Aviv, l’armée sioniste vient d’annoncer qu’une pause tactique de l’activité militaire pour des «raisons humanitaires» dans le sud de Gaza sera observée de 8h à 19h tous les jours jusqu’à nouvel ordre. Quelle hypocrisie ! Depuis quand cette armée de bouchers tueurs d’enfants se soucie-t-elle des civils palestiniens qu’elle considère comme des animaux ? Plus de 37 000 civils ont été massacrés depuis le 7 octobre, dont 14 000 enfants ! Non, la vraie raison est que Gaza est le Vietnam des sionistes, que l’armée israélienne est confrontée à plusieurs fronts avec le Hezbollah qui pilonne le nord et la résistance palestinienne qui pratique une guérilla implacable et efficace pour les troupes de soldats Pampers sur toute la bande de Gaza, et que le gouvernement Netanyahou se déchire à belles dents. Déjà Benny Gantz a démissionné du gouvernement le 9 juin, accusant Netanyahou de privilégier sa survie politique au détriment de la sécurité du pays.
Quant à la France, qu’elle soit de droite, de gauche, ou du centre, elle s’écharpe face à l’extrême-droite dont la victoire électorale a provoqué un véritable séisme. C’est la foire d’empoigne et la course à l’échalote. On assiste en effet à une bataille rangée au sein des partis qui a tout des «Tontons flingueurs» avec une droite exsangue qui se donne en spectacle comme on l’a vu avec le cirque d’Eric Ciotti qui a liquidé le peu qu’il restait des Républicains en ralliant le Rassemblement national et qui s’est barricadé au siège de son parti pour éviter son éviction. Sachant qu’il est visé par une enquête pour détournement de fonds publics, va-t-il cette fois prendre le maquis ? Par ailleurs, ce n’est pas un «Front populaire» divisé par les egos des uns et des autres qui pourra faire face au déferlement de la vague brune, comme on le voit, entre autres, avec un François Ruffin qui tire à boulets rouges sur son parti La France Insoumise pour le choix de ses représentants à la prochaine élection.
«Voilà voilà que ça recommence», chantait le regretté Rachid Taha. La famille Le Pen reprend du service comme à chaque élection mais, cette fois, elle risque bien d’emporter la mise. Pour la contrer, on voit même revenir des fantômes du passé avec François Hollande, dit Flamby, qui reprend du service en représentant le PS en Corrèze, et l’éternel perdant Manuel Valls qui réapparait sur les plateaux de télévision, en quête d’une petite place, n’importe laquelle, à la mangeoire. En parlant de revenant, le vieux Serge Klarsfeld, le célèbre «chasseur de nazis», a déclaré sur LCI qu’il voterait pour le Rassemblement national puisque celui-ci soutient Israël. Rappelons que le parti de la famille Le Pen a été cofondé par le Waffen-SS Pierre Bousquet. Les temps changent… Eh bien, au moins, le vieux Klarsfeld nous donne l’exemple de ce qu’est un parfait sioniste et nous indique de quel côté se place le Rassemblement national face au génocide du peuple palestinien. Quant à la guerre en Ukraine, en balayant le paysage politique de l’extrême-gauche à l’extrême-droite, tout le monde est unanime pour soutenir l’Ukraine et l’OTAN.
Dans tout ce micmac à la française, on retient que quel que soit le parti sur l’échiquier politique, chacun se voit Premier ministre du prochain gouvernement et le proclame devant les caméras. Quel piètre spectacle ! Emmanuel Macron a réussi haut la main à placer la France aux mains de l’extrême-droite qui est en passe de gouverner le pays et qui le mènera à la guerre civile. Déjà, des bagarres éclatent dans les villes ici et là entre les deux camps. La fin de la Ve République se profile à l’horizon. Dans de telles conditions, tous les scénarios sont envisageables et l’accès de l’extrême-droite au pouvoir aura certainement des répercussions sur la communauté algérienne installée en France. Et devant le chaos qui s’annonce dans un proche avenir, le programme Scorpion avec ses blindés et ses drones sera peut-être obligé de servir sur le territoire français…
M. A.
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