Algérie 1965-2024 : l’Etat, l’économie et la société sous l’ombre de Boumediene

influence Boumediene
Le défunt président Houari Boumediene. D. R.

Une contribution du Dr A. Boumezrag – Cinquante ans après la fin du règne de Houari Boumediene, son héritage continue de façonner l’Algérie contemporaine. Son influence sur l’Etat, l’économie et la société reste indéniable, laissant une empreinte profonde et durable.

L’Etat : un héritage de centralisation

Boumediene est souvent rappelé pour avoir consolidé un Etat fort et centralisé. Son leadership a marqué une période de stabilité politique après l’indépendance, en mettant en place des institutions étatiques solides et en centralisant le pouvoir autour de la présidence. Cette structure a permis de maintenir l’ordre et de lancer des réformes ambitieuses. Cependant, cette centralisation excessive a également limité la pluralité politique et concentré le pouvoir entre les mains d’une élite restreinte, posant des défis pour la démocratie et les libertés civiles en Algérie.

L’économie : nationalisation et dépendance

Sur le plan économique, Boumediene a mené une politique de nationalisation ambitieuse, particulièrement dans les secteurs des hydrocarbures, de l’industrie lourde et de l’agriculture. Cette stratégie a permis à l’Algérie de contrôler ses ressources stratégiques et de mobiliser des capitaux pour le développement national. Pourtant, cette dépendance excessive aux revenus pétroliers a rendu l’économie algérienne vulnérable aux fluctuations des prix mondiaux du pétrole. Les efforts de diversification économique n’ont pas été suffisants, et l’économie reste encore largement tributaire des hydrocarbures, freinant une croissance durable et inclusive.

La société : modernisation et contradictions

Sur le plan social, le règne de Boumediene a marqué une période de modernisation rapide et de politiques sociales ambitieuses, notamment dans les domaines de l’éducation et de la santé. Ces initiatives ont considérablement amélioré les conditions de vie pour de nombreux Algériens, en augmentant l’accès à l’éducation et en renforçant les infrastructures de santé. Cependant, les libertés individuelles et les droits de l’Homme ont souvent été sacrifiés au nom de la stabilité et du développement, ce qui a laissé des cicatrices profondes dans la société algérienne.

Un héritage complexe

L’héritage de Boumediene est complexe et parfois controversé. Les générations actuelles et futures doivent naviguer entre l’appréciation des réalisations historiques et la nécessité d’adapter les structures et les politiques héritées pour répondre aux défis du XXIe siècle. L’Algérie se trouve à un carrefour décisif, avec des défis importants à relever, tels que la diversification économique, les réformes politiques profondes et la lutte contre la corruption.

Perspectives d’avenir

L’avenir de l’Algérie dépendra de sa capacité à tirer les leçons du passé, tout en forgeant un avenir répondant aux aspirations de tous les Algériens. Pour construire un avenir prospère, l’Algérie doit apprendre des erreurs du passé, embrasser le changement et permettre à chaque citoyen de participer activement à la construction de la nation.

L’Algérie doit trouver un équilibre délicat entre la stabilité héritée de Boumediene et l’adaptabilité nécessaire pour répondre aux défis modernes. C’est dans cette tension que réside le défi et la promesse de l’avenir, où les racines profondes de la tradition peuvent nourrir un arbre dont les fruits sont variés et abondants pour tous ses citoyens.

En honorant les idéaux de justice sociale et de progrès de la Révolution, tout en adoptant des pratiques modernes de gouvernance et d’économie, l’Algérie peut surmonter ses défis et réaliser son potentiel. L’histoire de l’Algérie n’est pas encore écrite ; elle continue de se dérouler, et avec une vision claire et une détermination collective, un avenir brillant est à portée de main.

«Un Etat fort et stable est comme un arbre robuste aux racines profondes, mais sa capacité à prospérer dépend aussi de la flexibilité de ses branches pour s’adapter aux vents du changement.»

Ainsi, l’Algérie, en tirant parti des leçons du passé et en adoptant une vision tournée vers l’avenir, peut transformer l’héritage de Boumediene en une fondation solide pour un avenir de prospérité et de liberté pour tous ses citoyens.

A. B.

Comment (6)

    Aderre
    23 juin 2024 - 21 h 10 min

    Boumediene ! Un homme des Paradoxes ou des contraires ! Certes, il fut un nationaliste convaincu, mais il n’est pas exempt de toutes critiques.

    1/ Il voulait construire une NATION algérienne, tout en maquillant notre identité millénaire. On ne peut pas faire nation avec des identités d’emprunts.

    Boumediene scandait que l’Algérie est [arabo musulman] or L’algérien est le fruit de son histoire. On ne peut avoir un autre lien avec l’arabité que l’Islam. Cette religion qui s’est sédentarisée chez nous, à saupoudré notre héritages socioculturel, linguistique d’un arabe algérien parler de 70% de nos territoires ; mais cela n’a jamais transformé un oranais, un constantinois ou un Tbessi, en un Oriental de Hedjaz dans sa manière de parler arabe, de manger….. .

    2/ Boumediene se voulait émancipateur de la femme, de l’homme Algérien de toute formes d’archaïsme rétrograde ; mais au même temps, c’est lui qui a transformé le Week-end universel chez nous en Jeudi Vendredi, offrant de la même une occasion aux Wahhabites de prendre racine dans nos rues. Petit à petit, grâce aux AGE du Vendredi, l’islamisme des futurs assassins de l’intelligence, sortait de nos mosquées.

    3/ Boumediene disait « la Révolution du peule et pour le peule, » « Seul Héro le peuple ». Donc, il devait construire une Algérie des institutions démocratiques issues du vote du peuple, puisque la révolution est pour le peuple. A la place, il a construit une seule et unique institution : La SM. Par écrémage des élites, s’est substitué à l’Etat.
    4/ Boumediene voulait une jeunesse algérienne ouverte au monde, aux cultures africaines, européennes de l’Est, sud-américaine, Asiatique… . Mais pour sortir d’Algérie, en plus d’un passeport indécrochable, il fallait avoir une autorisation de sortie du territoire, un autre sésame.

    5/ Economie : La nationalisation des hydrocarbures, mais la SONATRACH, pourvoir du pain du peuple dépendait du bon vouloir d’un client unique ou voir deux , pour nos Dollars.
    « Industrie industrialisante », d’Abdeslam Belaïd!! Comment faire une industrialisation sans essaimage industriel par de petites entreprises familiales ou ateliers du privé national, qui sous-traiteraient avec ses les grandes entreprises d’Etat ; comme fut le cas en Angleterre en Allemagne… au commencement de l’ère industriel.

    6/ Boumediene un homme du peuple sincèrement proche de ses semblables, mais il a laisser faire la caste des N’AIT BELLEKACEM, BENBABI. C’est derniers ont fermé la porte de nos media de masse aux chants, danses populaires. Pour voir le peuple algérien heureux épanouis dans sa véritable culture et le voir chanter son Rai, danser son Neïyelli, ou Estaïfi …. il faillait y aller dans les mariages, les Zerdas. ,ou les Zouk ,où des ciseleurs de mots labouraient l’imaginaire des enfants comme celui des adultes par des saillies, des tirades du roman National. Alors que la TV et media de masses, furent des pipes lignes à doubles vannes ouvertes, pour une autre acculturation nouvelles, celles des égyptiens, libanais, irakien; c’était comme si, ce peuple n’avait pas de racines essentialisantes , qui remontent à un peu plus loin que Masinissa ou Saint Augustin. et dans tout les domaines, le peuple Algérien avait même des CIVILISATIONS….

    Algerien Pur Et Dur
    20 juin 2024 - 23 h 24 min

    Il est crucial qu’un président soit non seulement éduqué, mais aussi loin d’être naïf. Malheureusement, ce ne fut pas le cas de Chadli. Non seulement il occupait une position qu’il n’aurait jamais dû atteindre, mais il était également entouré de conseillers qui, rétrospectivement, semblaient servir des intérêts extranationaux. Sinon, comment auraient-ils pu lui permettre d’écouter les conseils de Mitterrand, tristement célèbre pour avoir été le bourreau des Algériens dans les années 50 en tant que ministre de l’intérieur du pays occupant ?

    Mitterrand lui a conseillé de démanteler le tissu industriel minutieusement construit par son prédécesseur et de brader des entreprises étatiques qui auraient pu devenir les fleurons de l’économie algérienne, comme cela a été fait en Corée du Sud. Il lui a aussi suggéré de permettre à des islamistes prêchant un islam éloigné du rite malikite, plus adapté à notre personnalité algérienne, de former un parti politique. Ce parti a failli détruire l’Algérie. Une fois ses plans perturbés par le départ de Chadli, Mitterrand a montré son vrai visage en menant l’Occident dans des campagnes de boycotts, y compris celle des armes, pour mettre ce parti au pouvoir et transformer le pays en un autre Iran.

    Je n’accuse nullement Chadli d’être un traître à son pays. Je dis seulement qu’il a occupé une fonction bien au-delà de ses capacités intellectuelles, bien que, à ce moment-là, le choix semblait se limiter entre lui et un autre, qui s’est révélé être un véritable « canasson » (reprenant l’expression du feu général Nezzar) pendant les vingt ans qu’il a passés à El Mouradia. Dans les deux cas, l’Algérie méritait mieux.

    Quant à Boumediene, personne ne peut l’accuser de ne pas avoir aimé son pays ou d’être un vulgaire dilapidateur des deniers publics. Jusqu’à ce jour, personne n’a pu associer à son nom des fonds mal acquis, malgré de nombreux efforts. Il a même fait de son mieux pour doter le pays d’une base industrielle solide. Mais il a aussi commis des erreurs, notamment en ce qui concerne le secteur touristique, qui était prospère dans les années 60 et pouvait se comparer avantageusement à d’autres pays. Il peut aussi être tenu responsable de l’état de l’agriculture. Deux secteurs importants de l’économie ont été complètement minimisés sous son pouvoir. Il a tenté de se rattraper avec la révolution agraire, qui, en fin de compte, n’a fait qu’aggraver la situation du secteur agricole.

    Quant à l’éducation, il l’a certes démocratisée en ouvrant de nouvelles universités dans différentes régions du pays, rendant l’éducation gratuite et offrant des bourses aux étudiants pour qu’ils puissent poursuivre leurs études dans les meilleures conditions. Cependant, l’arabisation forcée de l’éducation a également détruit les fleurons pour lesquels les universités algériennes étaient réputées, notamment la médecine et certains domaines scientifiques tels que les mathématiques, la physique et la chimie. Ces domaines avaient produit de nombreux brillants esprits algériens dont les médias locaux rapportent occasionnellement les grandes réalisations, notamment aux États-Unis, au Canada, en France et en Angleterre. Qui ne se souvient pas aussi de l’École Polytechnique d’Alger et de celle d’Architecture?

    Je ne peux donc pas accuser la démocratisation du système éducatif en soi, car plusieurs des brillants esprits dont je viens de parler n’auraient jamais pu se permettre une éducation sans cette démocratisation. Ce qui a vraiment abaissé le niveau du système éducatif, c’est son arabisation rapide et forcée, confiée à des individus qui n’avaient pas les intérêts du pays à cœur.

    En somme, personne ne peut diriger seul. Tout bon président doit être entouré d’un système de freins et contrepoids que seule une bonne équipe de conseillers et de ministres peut lui fournir. En fait, un président, quel que soit son charisme, n’est aussi bon que l’équipe qui l’entoure. Dans le cas de l’Algérie, il est difficile de citer des personnalités qui méritaient leur place depuis 1962, à part quelques rares exceptions dont la vie a été bizarrement écourtée, tels que Khemisti et Benyahia par example, et peut-être quelques autres qui se comptent sur les doigts d’une main. Cette situation peu reluisante pour un pays grand et riche montre que l’Algérie a mérité beaucoup mieux. Espérons que cela changera avec l’équipe en place, malgré les nombreuses forces de l’ombre toujours présentes et qui continuent d’agir contre les intérêts du pays.

    DZ
    20 juin 2024 - 20 h 29 min

    QUE L ONT VEUILLE OU PAS BOUMEDIENNE A TENU L ALGERIE MEME SI LA BOUGEOISIE NE LUI A PAS FACILITE LA TACHE APRES SA DISPARITION ON A VUS CE QU EST DEVENU L ALGERIE UN GRAND BAZAR BOUMEDIENNE A AIME SON PAYS ET ETAIT UN VRAI PATRIOTE IL A DONNE DES BASE SOCIALISTE A L ALGERIE LE FAMEUX ENRICHISSEZ VOUS DE CHADLI TOUT ET N IMPORTE QUOI SANS VERITABLES FONDATIONS CHADLI A OUVERT LA PORTE AU FIS AIDE EN CELA PAR MITTERANT ET LES PAYS DU GOLFE HEUREUSEMENT L ARMEE A REAGI EN 1999 BOUTFLIKA A REPRIS LE PAYS EN MAIN AVEC TOUTE LA GABEGIE ET EN ACHETANT LES GENS DU FIS ALORS QUE L ARMEE AVAIT MAITRISE LA SITUATION

    lhadi
    20 juin 2024 - 19 h 13 min

    Les raisons d’ordre historique sont nombreuses qui poussent à établir un lien entre l’épanouissement de la démocratie politique et celui du capitalisme. Ne serait ce que l’existence d’une concomitance dans les phases de leur développement. Il est impossible de ne pas reconnaitre de véritables convergences entre leurs logiques respectives de fonctionnement : elle est permis, jusqu’à nos jours, au capitalisme et à la démocratie libérale de s’épauler mutuellement,, au moins dans leur aire d’origine. L’économie de marché et la démocratie pluraliste sont liées non seulement par des homologies de structure (les notions de concurrence et de compétition) mais aussi par des rapports de soutien réciproques.

    Dans notre pays, le lien entre le système politique d’inspiration soviétique et le système économique planifié à tendance autarcique est suffisamment ancien et fort pour autoriser un certain nombre de conclusions : soixante ans plus tard, on assiste à une véritable implosion de ce modèle économique.

    Malgré l’ampleur des défis à relever, l’Algérie n’est pas désarmée. Il ne faut pas sous estimer l’importance de la culture du dialogue et de concertation qui imprègne aujourd’hui, plus que jamais auparavant, l’ensemble de la nouvelle génération qui veut vivre son temps, bâtir son avenir tout en bâtissant l’avenir du pays.

    Il faut se garder de sous-estimer la capacité intégrative à long terme d’une vie politique qui accueille le débat et la diversité d’opinion.

    Fraternellement lhadi
    ([email protected])

    Abou Stroff
    20 juin 2024 - 7 h 32 min

    « Algérie 1965-2024 : l’Etat, l’économie et la société sous l’ombre de Boumediene » titre A. B..

    je pense que, contrairement à ses successeurs, Boumediene agissait en ayant un projet de société répondant essentiellement à une tentative de détruire la logique coloniale dans laquelle la formation sociale algérienne fut insérée par la colonisation française.

    cependant, les faits, rien que les faits, montrent que, dès le coup d’Etat de 1965 (le redressement révolutionnaire?), Boumediene a offert à la mouvance arabo-islamiste, le secteur éducatif qui a, ainsi, permis à cette dernière de formater, jusqu’à nos jours, les algériens dans leur grande majorité dans le moule de la religion (qui sert, jusqu’à nos jours de référent incontournable) et de limiter, pour ne pas dire contrecarrer, toute tentative de sortir de l’arriération dans laquelle la colonisation nous a plongé.

    ceci étant dit, je pense que, depuis l’époque de Boumedienne, seule la rente tirée de l’exportation des hydrocarbures a permis à l’économie algériene de se renouveler sans accrocs et aux couches dominant la formation sociale algérienne de pérenniser leur pouvoir malgré leur stérilité remarquable.

    quant « Perspectives d’avenir », reconnaissons que tout individu sensé aura du mal à appréhender ce que recouvre le sujet « Algérie » qui, du point de politique, ne signifie strictement rien.

    en effet, que veulent dire les sentences:

    « l’Algérie doit apprendre des erreurs du passé, embrasser le changement et permettre à chaque citoyen de participer activement à la construction de la nation. »
    « L’Algérie doit trouver un équilibre délicat entre la stabilité héritée de Boumediene et l’adaptabilité nécessaire pour répondre aux défis modernes. »
    « l’Algérie peut surmonter ses défis et réaliser son potentiel. »
    etc.?????

    réponse grauite: il n’y en a aucune, à part que la formation sociale algérienne est, comme toute formation sociale contemporaine divisée en couches sociales aux intérêts antogoniques et que l’Algérie, en tant que telle est une abstraction totalement stérile.

    Vert
    20 juin 2024 - 7 h 05 min

    Une Anecdote
    Un gosse gourdin a la main squattait un trottoir à Alger en exigeant d etre paye pour «  »garder «  » les véhicules de pauvres citoyens qui étaient terrorisés et payaient
    Un équipage de la police l a chassé et lui a dit que c’était interdit..
    Il s assoid et pleurniche à côté d un vieux
    Il dit au vieux Monsieur «  »Hagarinnes «  » ils m empêchent de travailler d apres lui et il rajoute au temps de Boumedienne (qu il n a jamais connu) ca ne serait pas arrivé..
    Le vieux Monsieur lui réponds
    Au temps de Boumedienne tu serais à Djelafa entrain d enlever El Helffa dans un champs en pleine chaleur

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