Calendes grecques
De Paris, Mrizek Sahraoui – Avec un tel contexte des plus explosifs, il est clair qu’on s’achemine vers un énième report, voire une annulation pure et simple de la visite d’Etat que devait effectuer le président Tebboune en France. Cette visite du chef de l’Etat, plusieurs fois reportée en raison des nombreuses provocations venant de la France, que ce soit par le biais de canaux officiels ou informels, prévue fin septembre ou début octobre, a encore moins de chance d’être maintenue, puisqu’il est désormais de l’ordre de la certitude que l’extrême-droite gagne les élections législatives prochaines.
Il est plus que probable qu’elle soit renvoyée aux calendes grecques, en effet. D’abord, parce qu’on imagine mal un événement d’une telle importance se dérouler dans un climat serein avec un gouvernement d’extrême-droite au pouvoir. Les premières menaces visant l’Algérie ont été proférées dès l’annonce de la dissolution du Parlement par Emmanuel Macron. Ensuite, le risque que la France bascule dans une guerre civile est sérieusement pris en compte par les Français eux-mêmes, mais aussi par les partenaires européens.
S’il y a eu une réelle volonté que cette visite ait lieu, Emmanuel Macron aurait dû s’y prendre autrement. Mais dans la mesure où rien n’a été fait jusqu’ici par les autorités françaises qui soit de nature à apaiser ses relations tumultueuses avec son ancienne colonie, on se retrouve au point de départ. C’est-à-dire au point mort, bien que l’Algérie ait tout fait pour éviter des conflits inutiles, recherchant inlassablement à instaurer un climat serein entre les deux pays, eu égard à l’histoire, à la proximité géographique, aux liens économiques très forts et, enfin, à la présence importante d’une communauté algérienne résidant en France, désormais dans le viseur du RN.
Quand l’Algérie est respectée, tout se passe pour le mieux. L’exemple de l’Italie, dont le gouvernement est issu pourtant des rangs de l’extrême-droite, donne à réfléchir. Les partenariats économiques se multiplient dans l’intérêt des deux pays, la communauté nationale établie en Italie, moins nombreuse qu’en France, certes, ne fait pas l’objet d’une abjecte stigmatisation et, surtout, rarement, voire jamais, sont rapportées des provocations de la part des autorités italiennes contre l’Algérie.
Contrairement à la France où, afin d’endiguer les colères citoyennes exploitées de façon cynique à des fins électoralistes, cherchant en permanence un bouc émissaire pour justifier l’incurie et l’inefficacité des politiques publiques, on recourt à chaque fois à des attaques récurrentes contre les institutions de l’Etat algérien. Et le contexte présent et à venir à très court terme ne va pas dans le sens d’une amélioration de la situation.
La prise probable du pouvoir par l’extrême-droite après les législatives anticipées prochaines met singulièrement et sérieusement en péril les relations entre l’Algérie et la France. En témoigne les déclarations de responsables politiques du Rassemblement national qui s’en sont pris à l’Algérie dès après l’annonce des résultats des élections européennes. La première action, a-t-on menacé, sera de revenir de façon unilatérale sur les Accords de 1968. Accords dont les Algériens n’ont, au demeurant, jamais bénéficié dans la réalité.
Des menaces directes ont été proférées à l’encontre de notre pays. Comme le programme du RN est d’une vacuité absolue, tout laisse à penser que le probable futur gouvernement d’extrême-droite fasciste concentrera ses attaques en direction de l’Algérie, histoire de contenter l’aile la plus radicale du parti. En clair, une majorité des électeurs du RN dont le souhait majeur est de rééditer le «boulot» des criminels responsables du massacre du 17 Octobre 1961.
Mais il n’est pas dit que l’Algérie se laissera intimider par qui que ce soit. Ni permettra à quiconque de lui dicter l’ombre d’un oukase sur la gestion de sa politique intérieure, tout comme sur ses relations et ses rapports internationaux.
A bon entendeur…
M. S.
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