Intrigant appel de Chems-Eddine Hafiz : mosquée algérienne ou annexe du Crif ?
Par Abdelkader S. – Le recteur de la Grande Mosquée de Paris, bien algérien, s’est fendu d’un énième appel, dont on ne comprend pas trop bien à qui il est adressé exactement, pour inciter à se rendre nombreux aux bureaux de vote ce dimanche pour faire barrage au Rassemblement national (RN) qui s’apprête à prendre les rênes d’une France en pleine dérive. Si l’initiative en soi peut sembler louable, les mots choisis par son auteur, eux, posent problème et suscitent moult interrogations. En effet, sans le vouloir, ou acculé par les institutions officielles et le lobby sioniste en France, Chems-Eddine Hafiz, non seulement accuse la communauté musulmane d’antisémitisme, mais admet que lui-même ne représente que sa personne.
Le recteur de la Grande Mosquée de Paris, à qui le tapis rouge est déroulé à chacune de ses visites furtives à Alger, commence par dire que «notre nation se trouve à un carrefour déterminant» et «notre patrie» est menacée. Par «notre nation» et «notre patrie», il entend la France pour laquelle il affirme vouer un amour incommensurable. Ensuite, il dénonce un débat «dominé par des discours d’antisémitisme et d’islamophobie», en priorisant les attaques qui visent la communauté juive par rapport à celles, nombreuses, qui ciblent les musulmans, comme si l’appel avait été rédigé par le Crif ou la Licra, et non par un dignitaire musulman.
«En tant que recteur de la Grande Mosquée de Paris, lieu de sauvetage de nombreux juifs durant la Seconde Guerre mondiale, l’ennemi n’est pas le musulman. Ce n’est pas parce que des discours haineux persistent que cela devient une vérité», s’enfonce Chems-Eddine Hafiz qui s’emmêle les pinceaux en voulant dénoncer l’extrême-droite mais en pointant son doigt accusateur en direction de sa propre communauté dont il se proclame le représentant. Pourtant, quelques lignes plus loin, il affirme que «rien, ni personne, ni un prédicateur, ni un homme politique, ni même une institution religieuse ne nous représente en tant que communauté musulmane». Selon lui, donc, seule la communauté juive, qu’il encense, a le droit d’être défendue à travers ses influentes institutions et ses très médiatiques rabbins.
«Si l’antisémitisme est une réalité, il n’est pas l’apanage des musulmans», s’enlise encore Chems-Eddine Hafiz qui confirme son accusation de haine envers les juifs proférée contre la communauté musulmane de France, tout en se gardant, en évoquant l’agression militaire israélienne à Gaza, d’appeler les choses par leur nom. Il prend des pincettes en parlant de «conflit israélo-palestinien» qui «fausse le débat», là où il s’agit d’un génocide commis par le régime nazi de Netanyahou contre les populations civiles palestiniennes. Et, même quand il exhorte les destinataires de son appel à «s’indigner» contre la montée du Rassemblement national, il le fait «au nom de ce que le peuple juif a enduré sous une Europe gouvernée par une extrême-droite ultranationaliste le siècle dernier».
Alors, la Grande Mosquée de Paris, une institution religieuse algérienne ou une annexe du Crif et de la Licra ?
A. S.
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