Premier tour des législatives en France : quels pronostics pour le second round ?
Par Nabil D. – Comme donné par la majorité des sondages, l’extrême-droite arrive sans surprise aucune en tête. Au premier tour de ces législatives anticipées, et avec ses 33,2 des voix – large différence par rapport à 2022 où il a obtenu 18,68% –, talonné par le Nouveau Front populaire (28,2%) et, enfin, la majorité présidentielle qui obtient 21%, le Rassemblement national part rassuré quant à l’issue du second tour, qui aura lieu, pour rappel, le 7 juillet prochain. Certain de remporter la majorité absolue, et l’affaire étant conclue pour le clan Le Pen, Jordan Bardella chasse Gabriel Attal et se voit déjà à Matignon. La participation totale est estimée, quant à elle, à 65,8%.
Selon des spécialistes de la scène politique française, en annonçant la dissolution de l’Assemblée nationale, le 9 juin dernier, Emmanuel Macron, pensait pouvoir profiter de la cassure de la gauche. Cassure née des fragilités et désaccords entre ses différentes factions (les écolos, François Hollande…). Comment va réagir Macron, lui qui n’a eu de cesse de diaboliser aussi bien La France Insoumise de Jean Luc Melenchon que le Rassemblement national, allant dans ses propos jusqu’à dire que les programmes de ces deux partis vont mener les Français à une guerre civile ? Comment va réagir Macron qui, tout au long de ses discours pour cette présente campagne, n’a cessé de marteler qu’il restera à son poste quel que soit le résultat ? Cette déconvenue du camp des macronistes reste dure à avaler.
Les Républicains, eux, avec 10% des voix, se maintiennent donc au même niveau que lors des législatives de 2022. Eric Ciotti, le patron des LR, annonce nouer un accord avec le RN alors que le parti d’Eric Zemmour, Reconquête, qui n’a présenté que 330 candidatures à travers toute la France (n’ayant pas pu trouver un accord avec le Rassemblement national), s’efface complètement de la scène politique. A ce premier tour de ces législatives, il n’a récolté que 0,6% des suffrages.
Il reste le 7 juillet. Quelle est donc la consigne de vote pour le second tour ? D’ores et déjà, les socialistes, les écologistes et les communistes appellent à voter contre les concurrents du RN dans tous les cas de figure car, selon Jean Luc Melenchon : «Jamais aucun électeur Insoumis, j’en suis certain, ne donnera sa voix au Rassemblement national. Et nous leur dirons que personne n’a à faire cette bêtise, quel que soit son motif.»
Les macronistes, eux, semblent se diriger, selon des analystes avertis, vers un «ni-ni» en cas de duel RN-LFI. Enfin, pour arriver à briser le fort rempart du RN, les candidats ont jusqu’à mardi soir pour se désister en faveur du candidat qu’ils estimeront le mieux placé pour faire barrage à l’extrême-droite. Du côté des socialistes, écologistes et communistes, le ton est d’ores et déjà donné : «Nous nous désisterons si nous arrivons en troisième position derrière un candidat macroniste.»
Désistements tous azimuts, guerre civile, accords-désaccords entre clans… le paysage si flou pour les uns, si clair pour les autres semble inquiéter le simple citoyen lambda français qui ne sait plus à quel saint se vouer. En attendant donc le second tour qui mènera soit vers la cassure de l’extrême-droite malgré sa large réussite à ce premier tour, soit à son intronisation pour la première fois de sa longue carrière à une majorité absolue qui lui ouvrira les portes de Matignon… Wait and see.
N. D.
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