Driencourt «explique» aux Marocains pourquoi l’Algérie est une «énigme»
Par Karim B. – C’est dans le protectorat marocain que l’ancien ambassadeur de France à Alger a assisté à la Fête nationale française, célébrée officiellement en présence de plusieurs ministres marocains, ce 14 juillet à Rabat, où La Marseillaise a été chantée à gorge déployée et le drapeau tricolore hissé à quelques encablures de la statue du fondateur du royaume, le maréchal Lyautey, qui trône sur la ville voisine de Casablanca, capitale économique.
Xavier Driencourt a profité de son séjour dans ce pays que «les Français aiment par-dessus tout» et «connaissent on ne peut mieux» puisqu’ils sont «quelque sept à huit millions de touristes» à s’y rendre chaque année, pour s’exprimer au micro de l’outil de propagande de la DGED le plus hostile à l’Algérie. Le diplomate «à la retraite», qui a assuré – encore une fois – s’exprimer «à titre personnel», n’a rien dit de nouveau en réalité, faisant sien le proverbe latin bis repetita placent [les choses répétées plaisent]. Dans l’interview diffusée sur les réseaux sociaux, le «journaliste» marocain pose ses questions orientées, foncièrement anti-algériennes, ruminant le vocabulaire de Nasser Bourita et Omar Hilale tel un jacquot, et incitant son interlocuteur à en rajouter une couche.
Mais à force de régurgiter les mêmes mots, Xavier Driencourt a fini par ne plus avaler ses propres couleuvres, tentant à grand-peine d’expliquer à ses amis marocains pourquoi l’Algérie «est une énigme» et s’enfonçant dans des justifications redondantes, fruit de la vision étroite qu’est la sienne. «C’est une énigme et c’est un paradoxe parce que la France a occupé l’Algérie, a été présente en Algérie pendant 132 années et, finalement, c’est un pays que les Français connaissent très mal, très peu, parce que c’est un pays compliqué, c’est un pays qu’on qualifie d’opaque en France, et puis il y a une histoire compliquée, il y a eu la colonisation, il y a eu la guerre d’indépendance, il y a eu les pieds-noirs, il y a eu les harkis», a-t-il prétexté. Le diplomate, normalement habile, ne se rend pas compte qu’il dit la chose et son contraire, tant les faits qu’il évoque font que les Français connaissent l’Algérie et les Algériens mieux que quiconque.
A la question boiteuse de l’agent de Yassine Mansouri : «Quand vous traitiez avec le régime algérien, est-ce que vous aviez affaire à des gens sensés qui faisaient de la politique ou à des militaires qui essayaient de vous convaincre de leur doxa nationale qui a érigé la haine de la France et du Maroc en politique algérienne ?» Driencourt privilégie la feinte de corps. «J’ai passé presque huit ans en tant qu’ambassadeur à deux reprises, à deux périodes complètement différentes. Durant la première période, le président Bouteflika était en pleine forme, donc dirigeait le pays de manière très forte, très ferme, et dans mon deuxième séjour, en revanche, le président était malade, affaibli, on ne le voyait plus», a répondu Xavier Driencourt, qui esquive la question.
«J’ai vécu cette période qu’on appelle le Hirak qui a abouti à la chute de Bouteflika. Pour un ambassadeur de France en Algérie, c’est évidemment une expérience – j’allais dire – exceptionnelle, extraordinaire, d’assister à une révolution, à la chute d’un Président. Je ne pouvais pas m’empêcher de penser à mes collègues qui, dans le passé, avaient été en poste en Russie, au moment de la chute du Tsar Nicolas II, il y a des périodes de l’histoire, comme ça, quand on est en poste à ce moment-là, on vit des choses incroyables», a-t-il étayé, s’éloignant encore plus de la question du Marocain.
Xavier Driencourt concède néanmoins à son interrogateur que le président français, Emmanuel Macron, a eu un «tropisme algérien», alors que «du côté du Maroc, il y a eu plutôt une période de froid». Seule réponse consentante qui a, toutefois, laissé le Marocain sur sa faim.
K. B.
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