France : au barragisme électoral se greffe l’entravisme présidentiel

Macron barragisme
Emmanuel Macron ne veut rien lâcher. D. R.

Une contribution de Khider Mesloub – Comme nous l’écrivions dans un précédent article, en France le barragisme est ce mouvement réactionnel dressé électoralement par la clique prédatrice gouvernementale et politique pour contrer un parti supposément réactionnaire ou incendiaire de remporter les élections législatives ou présidentielles au second tour du scrutin.

Le barragisme, mouvement impulsif et intempestif électoraliste interclassiste, surgit à chaque scrutin où le parti d’extrême droite française, le Rassemblement national, et dorénavant LFI, rafle massivement le suffrage des électeurs au premier tour.

Ce mouvement réactionnel est, en effet, initié à chaque déconvenue électorale présidentielle ou législative essuyée par les mauvais perdants de droite comme de gauche, ces enragés autoproclamés défenseurs de la République bourgeoise française, déterminés à s’accrocher au pouvoir pour préserver leurs privilèges. Leurs sinécures et prébendes. Leurs rentes gouvernementales, parlementaires, institutionnelles, politiques.

Les protagonistes du mouvement barragiste, tous membres des partis institutionnels et dirigeants gouvernementaux établis, bataillent ainsi pour empêcher, y compris par des manœuvres dolosives et tractations secrètes, le parti en lice d’extrême droite (RN) ou d’«extrême gauche» (LFI) de concrétiser sa victoire obtenue au premier tour, que ce soit à l’Elysée ou au Parlement.

Ces manœuvres dolosives et tractations secrètes, ourdies par le bloc gouvernemental et les partis institutionnels affidés, épaulés par leurs alliés intellectuels et médiatiques, trahissent tout à la fois l’imposture de la démocratie bourgeoise et le mépris des élites de la souveraineté populaire, du vote du peuple.

Pour parvenir à leurs fins, les barragistes réactionnels exercent la pression et le chantage au fascisme sur les électeurs afin d’obtenir leur suffrage, arracher leur vote par le dol. D’aucuns diraient le vol d’un consentement électoral obtenu par des pressions politiques et médiatiques dignes des méthodes employées couramment par la mafia.

Ces barragistes s’autoproclament comme exclusifs directeurs de conscience et uniques maîtres dans l’exercice de la parole divine républicaine. Aussi penser bien et voter correctement revient-il à penser comme eux et à voter pour eux.

Dorénavant, une première sous la Ve République, au barragisme électoral initié par les partis institutionnels vient s’adjoindre l’entravisme présidentiel, innové par Emmanuel Macron.

En effet, en dépit de l’échec de la macronie, battue aux élections législatives, le président Macron entrave la formation d’un gouvernement composé d’élus du NFP, pourtant placé en tête, certes, sans obtenir une majorité absolue. Macron tente ainsi de faire obstruction au NFP en fixant les conditions du prochain gouvernement.

Par voie épistolaire, le despote Macron, qui ne communique dorénavant avec son peuple et ses élus que par lettres pour dicter ses ordres et directives, dans une missive envoyée à la presse régionale, a fixé discrétionnairement les conditions pour la nomination d’un nouveau Premier ministre, qui devra émaner, selon lui, d’une coalition majoritaire. Traduction : une majorité issue de la macronie et de la droite institutionnelle (LR). Au pire, également du PS.

Malgré la défaite de son camp aux législatives, le despote Macron impose ainsi sa volonté de façon totalement bonapartiste et antidémocratique. Une position totalitaire qu’il pousse jusqu’à s’immiscer dans le programme du futur gouvernement, en exigeant que celui-ci «devra se construire autour de quelques grands principes pour le pays, de valeurs républicaines claires et partagées, d’un projet pragmatique et lisible et prendre en compte les préoccupations que vous avez exprimées au moment des élections».

Ce veto présidentiel vise non seulement à entraver la formation d’un gouvernement NFP, réclamé par la gauche, mais également à maintenir au pouvoir le gouvernement actuel jusqu’à l’émergence d’une coalition issue de la macronie, de la droite (LR), du parti socialiste et de EELV (les Verts).

Pour ce faire, rencontres secrètes, tractations s’enchaînent en coulisses. Les ténors du camp présidentiel assurent être en capacité à gouverner et affichent leur refus d’abandonner le pouvoir. En tout cas, le camp macroniste ne veut pas lâcher le pouvoir. Il «joue l’entravisme» pour priver le NFP de former un gouvernement.

L’ancienne présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a déclaré cette semaine : «Avec les centristes, l’UDI et Les Républicains, nous sommes capables de représenter une autre force politique alternative.» De son côté, Sylvain Maillard, chef du groupe Renaissance à l’Assemblée lors de la précédente législature, a proposé «une alliance, qui nous permette, sur des items et des projets très clairement identifiés, de pouvoir gouverner le pays dans les trois prochaines années».

Une chose est certaine, les macronistes, en particulier l’aile droite, ont affiché leur volonté d’entraver, notamment par le vote d’une motion de censure, la formation de tout gouvernement comprenant un ministre de la LFI ou reprenant le programme du NFP. Autant de manœuvres antidémocratiques de la macronie pour éviter de rendre le pouvoir.

En attendant, par ces manœuvres, Macron, en jouant la montre, escompte exacerber les divisions apparues au sein de la NFP, grâce notamment à la campagne médiatico-politique de diabolisation de LFI. Une diabolisation qui s’étend également à EELV.

Cela étant dit, on savait que la France glisse, économiquement, vers la tiers-mondisation, on découvre qu’elle emprunte, politiquement, dorénavant les sentiers de la République bananière.

La macronie, au pouvoir depuis sept ans, ne veut ni reconnaître sa défaite électorale aux dernières élections législatives ni accepter de céder la gouvernance au Nouveau Front Populaire.

La passation normale et pacifique du pouvoir est censée être une caractéristique déterminante de la démocratie bourgeoise. Or, avec l’entravisme de Macron, tout porte à croire que la France s’achemine vers un putsch présidentiel perpétré par la macronie.

Pour information, tous les correspondants des médias européens, invités sur les plateaux télés des chaînes audiovisuelles françaises, ont dénoncé l’obstruction de Macron. L’obstination de la macronie à ne pas reconnaître sa défaite. Pour ces journalistes, dans tous les pays occidentaux dits démocratiques, c’est au parti arrivé en tête d’une élection qu’échoit la prééminence de former un gouvernement composé de ministres issus de ses rangs.

Apparemment, tel n’est plus le cas de la France qui a basculé de la démocratie vers le bonapartisme, le totalitarisme.

K. M.

Comment (7)

    La France, l'obsession qui vous perdra.
    19 juillet 2024 - 17 h 12 min

    Quand quelque chose nous rend malade, il faut l’abandonner, c’est une question de bon sens.

    Sauf si cette chose est notre gagne pain……….

    sherrif
    17 juillet 2024 - 3 h 27 min

    le NFP n’arrive toujours pas à se mettre d’accord sur un nom pour un premier ministre et surtout le NFP n’ a pas la majorité pour gouverner sans passer des alliances avec des partis non NFP leur gouvernement sauterait à la première censure du parlement

    Anonyme
    17 juillet 2024 - 2 h 38 min

    En quoi leur salade politique interne nous concerne?
    Qu’ils se bouffent les uns les autres, le peuple Algérien s’en moque éperduement.

    Anonyme
    16 juillet 2024 - 21 h 51 min

    Yaël Braun-Pivet cherche le perchoir et comme Macron et ces caporaux cherche à voler les urnes.
    Les alliances ne se font pas après l élection et si il y a alliance elles doivent être faites au parlement à l assemblée nationale , il aurait dû appeler comme la tradition républicaine le veut, le gagnant du scrutin et celui qui représente le plus de siège, ensuite oui vous pouvez si ça vous plaît pas voter une mention de censure pour éjecter ce gouvernement de gauche et même faire une alliance tous ensemble mais pas avant.. Ensuite c est à double tranchant pour ceux qui ont fait l alliance et tt les partis même les socialistes si ils pensent la faire à LFI, pourquoi je dis ça parce que Macron en 2027 ne sera plus en fonction, on est d accord il peut pas se représenter trois fois ka constitution est claire la dessus, j y viens le es élections présidentielles les plus importantes à leurs yeux à ces parti mais c’est un candidat parti le pouvoir exécutif c est ça, donc si ils font cette alliance pour Macron et avec les socialistes, vous serez d accord avec moi que Mélenchon et LFi dira au peuple français, oui nous sommes le seul parti à incarner vraiment la gauche et ça ni Olivier Faure ou autres socialistes quelqu il soit pourra dire le contraire donc ils ont bcp plus à perdre a faire cette alliance aujourd hui. Les français ont rejetés la macronie et ont fait barrage au RN, de voir le RN ou les LR se rapprocher même dans un vote de mention de censure devront l assumer devt les français qui ont voté pour la gauche pour leurs programme alléchant et qu ils ont loupés et à cause de qui, vous voyez que ça peut être bénéfique au bout du compte à Mélenchon et LFi. Il faudra expliquer aux français qui ont du mal à finir les fins de mois pourquoi vous aviez empêché le SMIC à 1600 euros et le retrait de la retraite à 64 ans , les candidats à la future présidentielle seront attendus aux virages par les français.C est vous il ya deux qui nous ont halam tout cela et Macron lui ne sera plus là donc vous voyez Marine ou autres futurs candidats ont surement penser à ce dilemme de demain et ne voudrions pas se sacrifier pour Macron et sa macronie qui a perdu et qui s accapare du pouvoir en force contre les urnes et leurs souhaits. Lui il s en fout il est plus la en 2027 pas les autres donc cette équation vous pensez que ils ont pas faite Marine wauquiez ect . Et les chefs de partis même macroniste à commencer par Darmanin Attal et pleins d autres le lâcheront pour leurs propres candidatures personnelles au Graal sacré en 2027;. Faire cette erreur peut leur coûter en 2027;et personnellement puisqu elle est individuelle, c’est pas les législatives mais la présidentielle l exécutif et ça ils en rêvent tt les jours , croyez moi. Qui vivra verra mais avouez que c’est cohérent et fort possible que ça arrive ? On peut voir aussi les choses comme ça et si j étais eux je le verrais comme ça et ils sont pas cons on de là icar en politique on se fait pas de cadeaux et surtt pour cette place unique en son genre, président de la République, il fait ce su il veut et on ke voit bien en ce moment, ces pouvoirs sont incommensurable dans la constitution de la 5 ème république. La proposition d une constituante aussi pourrait se faire, qui sait ?

    Laurence Tubiana
    16 juillet 2024 - 21 h 43 min

    Celle-là même que macron voulait nommer 1er ministre en 2020 tu parles d’une blague d’une farce ces élections législatives 😂

    Dede
    16 juillet 2024 - 18 h 21 min

    Et ces gens là (la France)qui se permettent de critiquer les élections d’autres pays nous n’avons plus rien à attendre de cette France hypocrite d’échéante et raciste

      kariou
      17 juillet 2024 - 6 h 38 min

      Et les Francais ne veulent plus des Algériens comme quoi c’est simple la vie

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