L’illusion française
Par Mrizek Sahraoui – Il n’est pas juste de dire que le peuple français soit raciste et xénophobe en général. Pas plus qu’il ne soit objectif d’affirmer qu’il le deviendra dans son entièreté dans les années à venir. Mais, les agissements, les menteries, les attitudes et les pratiques des nombreux ludions de la politique permettent à la fabrique du vote en faveur des partis d’extrême droite de tourner à plein régime.
Et, d’ailleurs, si le Rassemblement national a lamentablement échoué aux législatives anticipées des 30 et 7 juillet derniers, nombre d’observateurs s’accordent à dire que cette défaite électorale est, en réalité, moins due à un rejet des électeurs qu’à une impréparation manifeste et l’amateurisme criant des cadres du parti frontiste, qui n’ont pas su transformer l’essai plus que favorable du premier tour gagné haut la main.
Un premier tour qui présageait sinon une majorité absolue, à tout le moins une assemblée où le RN allait y jouer les grands rôles. Ceci étant le fruit de la politique menée par un président, Emmanuel Macron, qui n’a eu de cesse de démanteler les acquis sociaux, de fracturer la communauté nationale, de servir grassement les riches et d’appauvrir ceux d’en bas, de creuser la dette publique – abyssale. Ce à quoi viennent se greffer un mépris de classe et un déni de démocratie jamais égalés depuis l’instauration de la Ve République.
Et cela continue. Voilà un parti, celui du Président, qui a perdu toutes les élections organisées depuis le début du second mandat, qui enregistre 82 députés en moins par rapport à 2022 (245 en cette année-là ; 163, à présent), un mouvement déserté par plus de dix millions d’électeurs, cette coalition donc réussit le coup de maître d’introniser une députée venue de ses rangs comme Présidente de l’Assemblée nationale. Un coup de maître, rien n’est moins au regard au machiavélique calcul politique échafaudé par Macron. Lequel a dissous le gouvernement la veille du vote à l’Assemblée pour ainsi permettre aux ministres élus de retrouver leur siège de député et de voter.
Président du parlement, un prestigieux poste qui devait logiquement revenir au Nouveau Front populaire, n’eussent été les guerres picrocholines qui ont toujours miné cette aile du paysage politique français. Et la tambouille politique continuera sans doute son bonhomme de chemin, avec la nomination, désormais très probable, d’un Premier ministre issu de la coalition formée par les macronistes et la droite, les deux grands perdants de ce scrutin législatif anticipé, avec comme argument la recherche d’une sorte de pax americana.
L’échec qui se mue en réussite, le grand paradoxe, somme toute normal, de cette démocratie française : une illusion. Une illusion, car de telles pratiques finissent par lasser, un euphémisme, et susciter l’envie de donner sa chance au monstre.
M. S.
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