En plein déclin
Mrizek Sahraoui – Les Etats-Unis et leur vassal, la France, singulièrement, ont pendant longtemps loué leur modèle : des démocraties libérales, qu’ils ont fait apparaître comme un système de gouvernement triomphant et incontestable. Dans le même temps, et tout ce temps-là, ces deux pays, désormais des démocraties crépusculaires et en plein déclin, avaient dénigré toute autre forme de gouvernement, allant jusqu’à classer les pays qui ont fait des choix de systèmes politiques antithétiques aux leurs d’autocratie, lorsque ce n’est pas carrément des dictatures.
L’élection présidentielle américaine de novembre, quel qu’en sera le vainqueur, n’y changera rien au processus de déclassement des Etats-Unis, commencé, au moins, au lendemain de la prise du pouvoir par Donald Trump, de nouveau sur la rampe de lancement pour un second mandat. L’arrivée de Joe Biden devait, avaient cru beaucoup, amorcer une nouvelle ère dans le monde basée sur des relations internationales apaisées et, en interne, réconcilier les Américains après le règne tempétueux du président Trump, lui qui n’en finissait pas d’abîmer les fondements même de la démocratie américaine en proie aux frelons.
Le bilan (désastreux) Biden en dit beaucoup : un monde mis à deux doigts de la troisième guerre mondiale – et c’est loin d’être fini – ; des Américains plus que jamais se regardant en chiens de faïence. Et plus l’élection approche, plus le monde craint le pire (les Américains ont depuis toujours réglé leurs affaires au son des canons), moins les Américains en ont foi en un avenir qui chante (l’élection à venir ouvre large le champ des incertitudes). Sur laquelle plane sérieusement le spectre d’un pugilat entre deux peuples qui se haïssent, dont la réconciliation risque de passer d’abord par une (deuxième) guerre de Sécession avant la paix.
La France, quant à elle, n’est plus à la croisée des chemins, ayant emprunté, notamment depuis l’arrivée du président jupitérien, celui du déclin et de régression dans tous les plans, en particulier sur les questions sociales (7 millions de Français ne se nourrissent pas correctement, selon le Croissant-Rouge français), du respect des règles démocratiques, ainsi que du bon fonctionnement des institutions. Force est au regret de constater que jamais un gouvernement français n’a autant fait preuve d’un tel comportement à l’égard de (son) peuple. «Finalement, toutes les institutions, toutes les règles ont été bafouées, cassées, abîmées», ces propos de Jean-Louis Debré, l’une des dernières figures gaullistes, résument, à eux seuls, l’étendue des dégâts causés par un homme, Emmanuel Macron, dont la venue avait été supposée aller dorer le blason du rêve français.
Avec lui, le rêve s’est mué en cauchemar et les dés y sont désormais jetés, tombés sur la face explosive. Les élections législatives anticipées, censées apporter la clarification, ont cheminé le pays vers davantage d’instabilité des institutions, avec comme corollaire la précipitation probable de pans entiers de la société vers plus de radicalité. On ne peut pas à chaque fois jouer d’entourloupes et confisquer le choix du peuple impunément sans risque, à un moment ou un autre, d’effet boomerang.
Aux Etats-Unis comme en France, le coq chante le chant du cygne avec les pennes qui tombent l’une après l’autre.
M. S.
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