Le féminisme : symbole d’un processus de déshumanisation généré par le capital
Une contribution de Khider Mesloub – L’activisme effréné féministe symbolise l’incapacité de ces militantes à transformer leur propre vie socialement et humainement misérable. Le féminisme petit bourgeois activement militant, s’il refuse de se soumettre à la prétendue puissance phallique de l’homme, en revanche accepte servilement la dictature du capital, la condition salariale esclavagiste, la misère sociale.
Le féminisme ne cible pas le capital ou la dégradation des rapports humains, engendrée par la société bourgeoise décadente. Aux yeux du féminisme injectés de misandrie, l’ennemi c’est l’homme, accusé de perversion et affublé d’une puissance fantasmagorique.
Par cette focalisation sur le mâle, le féminisme contribue à dissimuler la perversité mortifère et la puissance destructrice inhérentes au système capitaliste.
Certaines féministes, favorisées par un climat de déchaînement hystérique misandre, n’hésitent pas à proclamer que la violence et l’exploitation existent seulement par la faute des mâles, exonérant ainsi le capitalisme et tous ses succédanés : impérialisme, sionisme, fascisme, populisme. Et pour y remédier, il suffirait d’enrayer cette moitié nuisible de l’humanité, à savoir l’homme, permettant ainsi l’avènement d’un monde composé exclusivement de femmes dont la reproduction serait garantie grâce aux progrès de la biologie, notamment la procréation médicalement assistée (PMA).
Historiquement, le féminisme incarne le processus d’un mouvement généré par le capital, en particulier dans les pays occidentaux. Un mouvement historique qui a soustrait la femme à sa condition ancestrale par la transformation des rapports entre les sexes, entraînant la dissolution progressive de la société patriarcale.
Sans conteste, ce n’est pas le féminisme qui a provoqué la désagrégation du patriarcat mais le capital par la précipitation des femmes dans le salariat, induisant la réduction du temps et de l’activité voués aux fonctions maternelles et domestiques.
Par ailleurs, par le progrès de l’industrie, la force physique, autrefois concentrée par l’homme, est devenue l’apanage des machines. De même, par l’étatisation de la société, la violence est occupée par les armes à feu, souvent propriété de l’Etat, qui exerce la «violence légitime» sur l’ensemble de la population opprimée, sans distinction de sexes. De fait, dans les sociétés capitalistes développées, et la force physique masculine et la «violence légitimée» mâle ont été ébranlées, supplantées, détrônées par le progrès technologique et le Léviathan étatique, désormais maîtres absolus du monde. L’homme, cet être aux pieds d’argile, a été descendu de son piédestal, réduit à partager le même sort que la femme.
Par ailleurs, de nos jours, contrairement à l’époque antérieure, la fonction maternelle ne définit plus la femme. La femme n’existe que par sa fonction d’esclave-salarié. En termes sociologiques, par son statut social professionnel.
Au reste, statistiquement, au plan de la richesse nationale, le travail domestique des femmes n’est pas comptabilisé. En d’autres termes, au sein de la société d’exploitation capitaliste, l’activité effectuée au sein du foyer n’a aucune valeur. Pourtant, pour ne citer que le cas de la France, selon un rapport de l’Institut national de la statistique et des études économiques (l’Insee), les tâches ménagères et éducatives représentent plus de 60 milliards d’heures par an, soit un tiers du produit intérieur brut, 933 milliards d’euros.
On prétend que le capitalisme a libéré la femme. Or, comme on vient de le souligner, il l’a émancipée uniquement pour l’intégrer dans le procès de production capitalistique en vue de l’accumulation. Ainsi, le travail domestique et éducatif (faire la cuisine, le ménage, étendre le linge, s’occuper de l’éducation des enfants, etc.) est une activité non rémunérée, effectuée gratuitement pour le plus grand profit du capital qui bénéficie de cette main-d’œuvre gratuitement.
Selon cette même étude, les femmes consacrent entre 28 et 41 heures par semaine aux tâches domestiques et éducatives. «Ces services ne sont pas comptabilisés dans le PIB, alors qu’ils le seraient si nous les achetions, sous la forme, par exemple, d’heures de ménage», soulève l’Insee. En attribuant des prix à ces heures (basés sur le salaire spécialisé horaire, le smic brut ou le smic net), l’Institut estime que le travail domestique représente au moins 292 milliards d’euros, et jusqu’à 1 366 milliards d’euros. Soit 15 à 70% du PIB.
Autrement dit, du point de vue comptable, la femme est doublement spoliée : au travail, par le vol de la plus-value qu’elle génère accaparée exclusivement par son employeur ; à la maison, par la «captation» de son temps libre accaparée par des activités «d’intérêts nationaux», effectuées, sans rémunération, pour la préservation et la reproduction de l’humanité (sa progéniture).
De manière générale, avec la généralisation du salariat à l’ensemble des prolétaires, l’ancestrale division du travail entre les sexes a volé en éclats. Et l’érosion des fondements du patriarcat, autrement dit les relations hiérarchisées entre hommes et femmes, est imputable au capital, et non au combat féministe.
Nul doute, le féminisme s’inscrit, par ailleurs, dans le contexte de «sociétalisation» de la vie quotidienne, délibérément expurgée de sa dimension sociale conflictuelle et politique émancipatrice. Le féminisme participe de la dissolution de la question sociale dans des revendications parcellaires sociétales, incarnées notamment par les LGBT, les mouvements communautaristes à caractère religieux ou ethnique.
Or, en réalité, l’aliénation de l’homme a pour pendant l’aliénation de la femme. Certes, l’extension du salariat féminin a permis la libération de la femme par sa soustraction à l’univers borné de la vie domestique, lui conférant par ailleurs une indépendance financière.
Cependant, cette libération s’effectue encore sur le mode capitaliste. Il est indubitable que ce mouvement ne permet aucunement l’abolition de l’assujettissement de la femme, étant entendu qu’il le reproduit sous des formes innovantes, le salariat, dernière forme d’exploitation et d’oppression développée par le capitalisme. Au sein du mode de production capitaliste, hommes et femmes, indistinctement, sont asservis à l’exploitation salariale. Sous le mode de production capitaliste régi par des rapports sociaux d’exploitation, les travailleurs (hommes et femmes) appartiennent globalement à la classe capitaliste dans son ensemble. Un rapport social d’oppression collective dissimulé sous l’apparente liberté juridique et citoyenne, et l’absence de lien d’assujettissement à un capitaliste individuel.
La majorité des salariés, en particulier la femme, est persuadée d’être libre, indépendante. Depuis quand un salarié est-il indépendant de son employeur ? En vérité, dans le système capitaliste, tout salarié est asservi à son patron ; autrement dit, c’est un esclave rémunéré et, à ce titre, ne dispose d’aucune liberté au cours de sa phase d’exploitation, c’est-à-dire son temps de travail aliéné. Il est corps et âme dévoué à son maître à qui il doit docilité, obéissance, soumission. Une fois franchi le portail de l’entreprise, tout salarié perd sa liberté (de pensée, de conception, d’élaboration, de programmation, de décision : facultés totalement monopolisées par Son patron). Il est dépossédé de soi. Il appartient corps et âme à son maître employeur qui lui impose le planning de production, lui dicte le rythme de travail, lui prescrit les tâches à exécuter, lui assigne les objectifs commerciaux à atteindre, lui ordonne de fournir une rentabilité toujours plus performante. Enfermé dans ces bagnes de la production où tout est chronométré, millimétré, délimité, le travailleur est totalement dépossédé de lui-même. Il ne s’appartient plus. Il est l’esclave de son patron, l’exécutant de la machine ou de l’ordinateur.
Et dire que ce genre d’activité salariale aliénante est présenté comme une libération, une chance d’accomplissement social, de réalisation de soi. Notamment pour la femme. De nos jours, la femme arbore de la fierté d’aliéner sa vie à une entreprise qui lui vend l’espoir d’avoir la possibilité de s’endetter pour acheter sa vie à crédit pour le grand profit des banquiers. Pauvre femme ! Elle se croit libre. En réalité, elle est pressurée par son patron, ses banquiers, ses créanciers.
Quelle dégradation morale. Quelle déchéance sociale, cette émancipation féminine sous le joug du capital. Heureux l’esclave d’antan qui ne s’enorgueillissait pas de sa condition sociale servile, conscient de son assujettissement forcé. Aujourd’hui, l’esclave-salarié, notamment la femme, est fier d’exhiber son contrat d’asservissement professionnel, sa fiche de paie d’aliéné heureux, et ses quatre semaines de vacances octroyées par son patron pour lui permettre de reconstituer sa force de travail onze mois durant soumise à une exploitation destructrice.
Cela étant, quoiqu’elle prétende avoir libéré la femme, la société capitaliste enferme encore la femme dans des fonctions subalternes à caractère domestique. En effet, la répartition, en matière d’activité professionnelle, des fonctions demeure encore sexuellement discriminatoire.
Globalement, les femmes sont massivement employées dans les secteurs à dominante éducative et hospitalière (enseignement, personnel soignant – n’est-ce pas son rôle essentiel au cours de l’histoire : éduquer ses enfants et «soigner» son mari –), les secteurs à faible qualification (caissières, femmes de ménage, secrétariat, employées, vendeuses, etc.).
En réalité, le capital a libéré la femme des tâches éducatives et domestiques familiales exercées sous l’autorité de son mari (quoique c’est faux puisqu’elle continue, comme on l’a indiqué plus haut, à remplir gratuitement ses tâches mais, indirectement, au service de la société, notamment par l’éducation des enfants, futurs forces-esclaves destinées à être achetées par les capitalistes), mais c’est pour la transformer en esclave-salarié accomplissant des fonctions subalternes sous l’autorité de son patron.
Dans la société capitaliste «hautement civilisée», les femmes cessent d’être des «mères» pour s’occuper des enfants et des adultes dans les crèches, les écoles, les hôpitaux, etc., d’être des épouses pour servir comme secrétaires leurs nouveaux «tuteurs professionnels», ces «petits pachas bureaucratique», les patrons.
Force donc est de relever que l’activité principale des femmes ne s’exerce pas dans la production réelle, ni dans la création et la conception, encore moins la direction, mais dans les «activités occupationnelles et domestiques». Les femmes sont globalement assignées aux fonctions éducatives, ménagères, sanitaires, autrement dit toujours au service des personnes. Singulière émancipation que celle de la femme moderne, arrachée au patriarcat avilissant pour sombrer dans le salariat déshumanisant ! Dès son surgissement, le féminisme s’est inscrit dans le processus de dissolution des ancestrales structures sociales et familiales, impulsé par le capital, visant l’intégration directe des femmes dans le procès de production.
Le féminisme s’appuie sur la pauvreté existentielle et relationnelle de la femme petite bourgeoise pour prospérer sur des revendications parcellaires et particularistes. Il incarne moins un combat social contre l’infériorisation de la condition féminine qu’un conflit psychologique de la femme moderne, tiraillée par ses fonctions contradictoires induites par les transformations sociales et économiques.
Le drame de la femme moderne, depuis l’effondrement de l’ancienne société patriarcale où la femme disposait d’un statut, certes, inférieur, c’est qu’elle n’existe plus en qualité de femme mais comme simple «citoyenne et prolétaire» invisible, contrainte par ailleurs de batailler dans une société fondée sur la compétition et la performance façonnées par les hommes pour s’insérer socialement et économiquement.
Faute de pouvoir exister en tant que femme (avec tous les honneurs dus à son statut de femme protégée par les anciennes formations sociales), dans une société fondée sur l’indistinction et l’invisibilité des sexes, sinon comme salarié anonyme, la femme, pour manifester sa frustration, fustige l’imaginaire société patriarcale (depuis longtemps disloquée par le capital), incrimine le fantomatique autoritarisme du mâle (en vérité depuis longtemps désintégré par le capital, autorité transférée à l’Etat qui l’exerce violemment contre l’ensemble des membres dominés de la société), rendu responsable du déclassement de la condition féminine.
Jadis, dans les anciennes sociétés, la galanterie mettait la femme en valeur. Aujourd’hui, la galanterie de la valeur du capital est d’aliéner la femme. Depuis son apparition, le capital ne reconnaît les hommes et femmes que par leurs fonctions. Aussi ignore-t-il la différence des sexes. Si, autrefois, la femme était reconnue et valorisée pour ses «attributs» de reproduction humaine, assurant la descendance de son mari au nom du système de filiation patrilinéaire, à l’époque contemporaine, la fonction maternelle ne définit plus la femme. La femme moderne n’existe que par sa fonction d’esclave-salarié, sa force de travail assurant la production du capital et, par conséquent, l’enrichissement de ses anonymes patrons, Ses nouveaux et véritables maîtres, que le féminisme ne combat pas.
Pour autant, le féminisme, idéologie bourgeoise par essence, étant le produit du capital, ne peut saisir cette dimension aliénante de la femme moderne, comprendre l’asservissement social et la pauvreté humaine de la femme contemporaine prétendument émancipée.
Axé essentiellement sur la fustigation des hommes accusés d’être en position de domination, cultivant une polarisation radicale entre hommes et femmes, le féminisme petit bourgeois se révèle également incapable d’apporter la moindre critique objective des comportements masculins toxiques. La haine réactive engendre inévitablement l’agressivité réelle ou symbolique. On ne bâtit pas des relations apaisées avec la haine et l’agressivité. Telle est la caractéristique essentielle du féminisme petit bourgeois occidental hystérisé : à l’image de l’ensemble de la société décadente dans laquelle il évolue, ce féminisme est haineux et agressif. Pour ne pas dire fasciste.
Le féminisme contemporain est d’essence émotionnelle, et non pas rationnelle. Populiste, et non pas politique. De là s’explique l’émergence du mouvement féministe les Femen, connue pour sa nullité, illustrée par la provocation indécente de ses actions hystériques mais, surtout, pour sa nudité, matérialisée par l’exhibition publique des seins de ses militantes en lutte (rut ?).
Le féminisme, arme du capital, fonde son existence exclusivement sur le combat contre l’autorité masculine, incarnation de la famille patriarcale, selon les activistes féministes. L’ennemi, c’est l’homme, et non pas le capital. Le mal, c’est le mâle. Or, s’il y a «crise anthropologique», elle n’est pas féministe mais civilisationnelle, induite par l’implantation du système inhumain capitaliste.
En effet, depuis l’extension du capitalisme à toute la planète, les sociétés sont confrontées à une profonde crise d’identité (personnelle, culturelle, sociale, religieuse, radicalement bousculée et basculée par le capitalisme), déstabilisant les rapports humains.
Contrairement au discours idéologique propagé par le féminisme, le problème fondamental de l’époque moderne, travaillée par la déshumanisation des rapports sociaux, ne porte pas sur la question de l’autorité masculine. Mais sur la question de l’extension massive des contraintes multiformes avilissantes à l’ensemble des hommes et femmes du peuple, imposées par les gouvernants et les puissants, comme l’illustre dramatiquement notre triste époque génocidaire, marquée par le despotisme gouvernemental exercé au nom du capital.
K. M.
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