Colonie résiduelle
Par Mrizek Sahraoui – C’est fait, la France, qui n’a jamais été amie de l’Algérie, soutient officiellement sa colonie résiduelle dans son plan pour le Sahara Occidental comme seule solution à rebours de la légalité internationale.
Emmanuel Macron a choisi le contexte des Jeux olympiques pour faire rendre publique sa décision par le biais des services de sa majesté – c’est dire le courage – qui n’a, à vrai dire, surpris personne. Sans surprise, parce que les errements du président français ne se comptent plus sur les dix doigts. Ils les cumulent au fur et à mesure de son règne duquel la France en sort exsangue sur tous les plans.
Par cette décision, qui n’a aucun impact sur le terrain, parce que la France n’a plus le poids pour peser sur la scène internationale en ces temps de recomposition de l’ordre mondial qui voit la France traîner en queue de peloton, Emmanuel Macron veut redorer le blason et l’image de son pays, tous deux ternis par plusieurs années de politique étrangère bidon, en Afrique en général, singulièrement par celle menée en direction des anciennes colonies. Une politique fondée sur une sorte de paternalisme aux relents de néocolonialisme qui a conduit les Africains à témoigner à la France un rejet clair et net et une haine de tout ce qu’il symbolise.
Alors, pour tenter d’atténuer le déluge diplomatique auquel il a fait face depuis qu’il a été prié de déguerpir de nombreux pays africains, Emmanuel Macron tente une nouvelle incursion par l’intermédiaire du Maroc. D’une forfaiture, le président français espère capitaliser sur quatre tableaux, au moins.
D’abord, c’est parce que les intérêts de la France sont durablement menacés en Afrique que le locataire de l’Elysée approuve le funeste plan marocain. La question est de savoir si stipendier un roi cupide, mais finissant, suffit à reconquérir une Afrique résolument tournée vers d’autres partenaires plus fiables, plus respectueux et non moins portés vers une coopération gagnant-gagnant dans le domaine économique notamment. Soudoyer un roi dont le peuple n’en finit pas de payer les turpitudes et les frasques, souvent commises dans ses châteaux acquis à prix d’or (argent des Marocains) en France, n’est ni la solution, ni ne promet de régler les questions posées.
D’autre part, dans le plan ourdi pour écarter le Nouveau Front populaire de la primature, il était, aux dires des observateurs patentés, question de tout faire afin de rallier l’extrême droite à son projet. Rien de mieux qu’un couteau donné dans le dos de l’Algérie pour satisfaire une extrême droite dont le programme politique ne prône, pour l’essentiel, que la haine de l’Algérie.
Ensuite, la victoire de Donald Trump après le forfait du Président sortant, qui promet des négociations dès sa prise de fonction, se précise jour après jour. Comme le Président des riches a l’habitude de ramer à vau-l’eau, et dans le but de s’attirer les bonnes grâces américaines et sionistes (Macron est un farouche soutien de l’entité sioniste), Emmanuel Macron s’est aligné comme le feraiy logiquement un vassal à son suzerain.
Le conflit ukrainien chemine tantôt vers des négociations entre les deux belligérants. Voyant poindre la réélection de Donald Trump, laquelle relève du domaine du fort possible, les autorités ukrainiennes se disent disposées à négocier une sortie de la guerre, sentiment partagé par les pays européens, dont la France. Dans cette France où s’applique à merveille cette citation à la paternité incertaine : quand on est emmerdé par une affaire, il faut susciter une affaire dans l’affaire, et si nécessaire une autre affaire dans l’affaire de l’affaire, jusqu’à ce que personne n’y comprenne plus rien. Pour faire oublier la débâcle en Ukraine, il faut déporter le regard au Sahara Occidental.
Les jeux de lumière des Jeux olympiques éblouissent, mais ne font pas fermer les yeux. La réalité ressurgira et fait même la promesse d’une rentrée politique explosive. Car Macron a juste mis les problèmes sous le boisseau. Il va devoir nommer un Premier, pas forcément celui issu du camp des vainqueurs des élections ; pas sûrement celui venant de son camp. C’est le brouillard total, plutôt une crise politique majeure, que les lumières des Jeux n’ont fait qu’épaissir.
M. S.
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