Interview – Amitié algéro-italienne : la nièce d’Enrico Mattei se confie à AP

Mattei ENI
Rosangela Mattei. D. R.

Rosangela Mattei, nièce d’Enrico Mattei, fondateur et premier président du groupe ENI, a consacré sa vie avec passion à garder intacte la mémoire de son oncle, depuis sa mort le 27 octobre 1962, lorsqu’il a perdu la vie près de Bascapé, à Pavie, non loin de l’aéroport de Linate, à Milan.

Rosangela Mattei avait confié à la presse italienne : «Avec mon père, nous nous sommes rendus le 28 octobre 1962 sur le lieu du crash récupérer les morceaux de l’avion sur lequel mon oncle voyageait le jour de l’accident et, au fil des années, j’ai rassemblé tous les souvenirs de l’homme extraordinaire qu’il était. Il m’a accueillie, avec son épouse, comme la fille qu’ils n’avaient pas eue, j’étais souvent à Rome avec eux et ils m’ont beaucoup donné en termes d’affection et d’attention.»

Une femme motivée et de tous les combats justes qui a bien voulu répondre à nos questions.

Algeriepatriotique : Madame Rosangela Mattei, nous vous voyons souvent en Algérie pour des initiatives en mémoire de l’héritage de votre oncle. Quel accueil trouvez-vous parmi nos représentants ?

Rosangela Mattei : Depuis la première fois où j’ai foulé le sol de votre pays, l’accueil qui m’a été réservé a toujours été empreint de respect et de gratitude, à travers moi, envers mon défunt oncle. Et il n’y a pas de mots pour décrire l’accueil qui a été réservé à ma famille aussi, au nom de mon oncle. Les témoignages de gratitude, d’affection, d’amitié et, je dirais, d’amour du peuple algérien, directement et à travers ses représentants, ont toujours été émouvants. Emouvants pour la sincérité, la chaleur à plus de 60 ans des faits en question.

Vous êtes la représentante pour l’Europe de la Fondation des amis de la Révolution algérienne et de nombreux Italiens ont eu un rôle décisif durant cette période. Selon vous, ont-ils reçu la juste reconnaissance, même à titre posthume ?

D’une manière générale, je dirais que le lien d’amitié et de fraternité entre l’Algérie et l’Italie, cultivé et défendu de part et d’autre, est la reconnaissance collective du rôle des Italiens et de l’Italie au cours de cette période. Mais vous avez raison, peut-être devrions-nous mémoriser mieux et indiquer explicitement les noms de tous ceux qui ont contribué au succès de leur action, au service de la Révolution algérienne.

Les relations stratégiques entre l’Algérie et l’Italie connaissent, depuis quelques années, une embellie remarquable et le gouvernement actuel a lancé un plan et a choisi le nom de votre oncle comme rappel pour promouvoir le développement en Afrique…

J’en suis très fière, mais je tiens à souligner que sans adopter la Méthode Mattei, il y a un risque de grand malentendu. C’est pour cette raison que, bien avant le lancement du Plan Mattei, nous nous sommes engagés à définir la Méthode Mattei à travers la Fondation Enrico-Mattei pour le développement social et économique, présidée par mon fils Aroldo personnellement. Mattei n’a évidemment pas écrit une méthode, il l’a incarnée. Notre engagement est de faire en sorte que, lorsque son nom est utilisé et que son œuvre est évoquée, il ne soit pas trahi et que sa méthode soit appliquée, en tout et pour tout. Nous le lui devons, l’Italie le lui doit. L’Afrique le mérite.

Vous avez inauguré à Matelica un musée où sont rassemblés des souvenirs et des documents d’Enrico Mattei, dont certains concernent l’Algérie…

Absolument. Dans les livres que j’ai publiés, on trouve de nombreuses références directes à la documentation photographique et documentaire liée à la République algérienne démocratique et populaire. Mais le travail à accomplir reste énorme car la documentation conservée est très riche. Permettez-moi de vous dire que ce sera la mission première de ce musée dans les années à venir.

Des livres sont publiés de manière cyclique sur l’accident mortel qui a coûté la vie au fondateur d’ENI, en 1962. Selon vous, un titre en particulier s’est-il approché de la vérité ?

Il y en a beaucoup sur lesquels j’ai déjà exprimé mon opinion. Mais la question fondamentale est que la vérité soit connue et qu’un jugement du tribunal italien de Pavie l’a certifiée. Ce fut un assassinat. En revanche, ce que l’on ne peut pas dire, même après plus de 60 ans, c’est le nom des commanditaires.

Propos recueillis par Mourad Rouighi

Comment (3)

    Pourquoi ?
    2 août 2024 - 18 h 00 min

    Manque une question : POURQUOI « ce que l’on ne peut pas dire, même après plus de 60 ans, c’est le nom des commanditaires » ?

    Tin-Hinane
    2 août 2024 - 1 h 32 min

    Les européens devraient prendre un homme comme Enrico Mattei pour exemple

    Anonyme
    1 août 2024 - 16 h 50 min

    Excellent article et interview.

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