Macron a informé «préalablement» Tebboune de sa décision en juin dernier en Italie
Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf, a affirmé, mercredi à Alger, que la réponse du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, à la nouvelle position de la France sur la question du Sahara occidental, «a été ferme, résolue et précise», estimant que la démarche française ne contribuera pas à la relance du processus diplomatique, mais alimentera plutôt l’impasse dans lequel le plan d’autonomie a plongé la question sahraouie depuis plus de 17 ans.
Répondant aux questions des journalistes, lors d’une conférence de presse au siège du ministère sur les dossiers d’actualité inhérents à la politique étrangère, Attaf a fait savoir que le président de la République avait été informé, préalablement, de la démarche française par son homologue français qui a tenté de justifier cette décision, lors de leur rencontre, le 13 juin dernier, à Bari (Italie) en marge de la Réunion du G7.
A cette occasion, Attaf a estimé que les différents données et arguments avancés par le président français pour justifier le changement qu’il préparait n’avait apporté aucune nouveauté, d’autant plus qu’il s’agit d’un rappel de la position française déjà exprimée en 2007 lors de la présentation du plan d’autonomie par le royaume marocain.
Cette démarche est à même de «contribuer à la relance du processus politique pour le règlement du conflit au Sahara Occidental, selon les justifications du président français qui a également souligné que la France demeurait fidèle à ses engagements et à ses obligations d’appuyer les efforts du secrétaire général (SG) de l’ONU et à soutenir les efforts de son envoyé personnel».
Qualifiant la réponse du président de la République de «ferme, résolue et précise», Attaf a indiqué que le président de la République estimait que «la nouvelle position française n’est qu’une reproduction des positions exprimées auparavant, voire même les dépasse de très loin, car considérant le plan d’autonomie comme base exclusive pour le règlement du conflit au Sahara Occidental, reconnaissant expressément la prétendue marocanité du Sahara Occidental et incluant clairement le présent et l’avenir du Sahara Occidental dans le cadre de la prétendue souveraineté marocaine».
Comme première mesure, souligne Attaf, l’Algérie a décidé, donc, de réduire sa représentation diplomatique en France, en retirant son ambassadeur auprès de la République française, avec effet immédiat, et en confiant la représentation diplomatique algérienne en France, dorénavant, à un chargé d’affaires, conformément aux traditions et us internationaux pour exprimer la dénonciation algérienne de la démarche des autorités françaises.
«Nous allons prendre les mesures nécessaires, pour exprimer notre rejet de la démarche française dangereuse, qui menace la stabilité de la région et sape les efforts déployés, en cette conjoncture, pour parvenir à une solution pacifique et politique à la question du Sahara Occidental.»
A une question sur la visite qui était prévue par le président de la République en France, le ministre a affirmé que «toutes les conclusions seront tirées dans le cadre de la préparation de la réponse à la démarche entreprise par la France», ajoutant que «la visite d’Etat qui était prévue s’inscrira, sans nul doute, dans le cadre de ces conclusions». «Je ne serai pas surpris si je dis que la décision française n’a pas contribué positivement à la concrétisation de cette visite, compte tenu des conséquences dangereuses qui découlent de la décision française qui est à même de compromettre non seulement, la résolution pacifique et politique de la question, mais aussi la sécurité et la stabilité de la région».
En outre, le ministre s’est dit surpris que la France ait choisi ce moment pour annoncer sa décision, d’autant plus que la conjoncture connait des mutations devant permettre aux Nations unies de relancer, via son envoyé spécial au Sahara Occidental, le processus de paix dans la région, ajoutant que l’ONU s’attèle à réactiver le mécanisme de relance des négociations de paix entre les parties au conflit, le Maroc et le Front Polisario.
R. N.
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