Driencourt et l’éléphant sioniste dans la maison de verre du Quai d’Orsay
Une contribution de Khaled Boulaziz – Xavier Driencourt, ancien ambassadeur français à Alger à deux reprises, a attiré une attention significative avec son livre L’Enigme algérienne. Depuis la fin de son mandat, Driencourt est entré dans une activité boulimique. Il est actif dans presque tous les médias, offrant des perspectives sur les affaires algériennes. Il est aussi pressenti pour devenir le prochain ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement à venir. Malgré ses nombreux commentaires, Driencourt a notablement omis de mentionner l’influence du lobby sioniste sur la politique étrangère française. Cette omission est cruciale, compte tenu des preuves substantielles de ce lobby dans l’élaboration des orientations de la France à l’étranger, en particulier concernant la reconnaissance des revendications marocaines sur le Sahara Occidental.
Contexte historique : influence depuis Charles de Gaulle
L’influence du lobby sioniste sur la politique étrangère française n’est pas un développement récent mais remonte à l’époque de Charles de Gaulle, le dernier grand dirigeant français connu pour sa position ferme sur le maintien de la souveraineté de l’Etat français dans les affaires internationales.
De Gaulle était un ardent défenseur de l’indépendance nationale et de la politique étrangère autonome, ce qui l’a mis directement en désaccord avec les intérêts israéliens. Sa sortie du pouvoir a marqué le premier coup significatif porté à la structure de pouvoir française par le lobby sioniste bien enraciné.
Ce moment crucial a signalé le début d’un changement graduel mais profond de la politique étrangère française, s’alignant de plus en plus sur les intérêts israéliens.
Mécanismes d’influence et techniques de lobbying
Depuis la présidence de De Gaulle, les lobbyistes sionistes ont utilisé divers mécanismes, y compris des dons politiques, l’influence médiatique et la pression diplomatique pour façonner la politique étrangère française. Ces efforts ont constamment poussé la France vers des positions de plus en plus favorables aux intérêts hémogéniques israéliens.
Le conflit du Sahara Occidental
Le conflit du Sahara Occidental est un différend colonial de longue date entre le Maroc et la République arabe sahraouie démocratique (RASD), soutenue par l’ONU. Récemment, il y a eu une pression croissante sur la France pour reconnaître les revendications marocaines sur ce territoire une mesure largement perçue comme influencée par le lobbying sioniste. L’intérêt du lobby dans cette question découle de l’alliance stratégique entre Israël et le Maroc, formalisée par les Accords d’Abraham.
Les preuves de la pression sioniste sur la politique française incluent des câbles diplomatiques, des activités de lobbying par des groupes pro-israéliens et des déclarations publiques de figures influentes du lobby sioniste plaidant pour la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental.
Cette pression a conduit à un changement dans la position de la France, s’alignant de plus en plus sur la position marocaine, au grand dam de son allié historique, l’Algérie.
Implications pour la France et Israël
L’alignement de la politique étrangère française sur les intérêts israéliens offre des avantages stratégiques significatifs pour Israël (1). Il solidifie les alliances israéliennes en Afrique du Nord, renforce son influence géopolitique et favorise les partenariats économiques. Pour la France, cependant, cet alignement complique ses relations avec d’autres nations nord-africaines, notamment l’Algérie, qui considère la reconnaissance des revendications marocaines comme une trahison.
Ce changement reflète également des conséquences plus larges pour la diplomatie française, potentiellement sapant la réputation de la France en tant qu’acteur indépendant et souverain dans les affaires internationales. La perception croissante d’une politique étrangère française influencée par les intérêts sionistes pourrait conduire à des tensions accrues et à une réévaluation des alliances.
Conclusion
Le silence de Xavier Driencourt sur l’influence du lobby sioniste dans ses nombreux commentaires sur les affaires algériennes et la politique étrangère française est frappant. Alors qu’il est sur le point de devenir le prochain ministre des Affaires étrangères, il est crucial de reconnaître et d’examiner de manière critique le rôle de ce groupe de pression dans la formation au sein de la maison de verre qu’est le Quai d’Orsay.
La reconnaissance des revendications marocaines sur le Sahara Occidental sert d’exemple poignant de cette influence, mettant en lumière les avantages stratégiques pour Israël et les ramifications complexes pour les relations boiteuses de la France.
Driencourt sera-t-il le prochain ministre des Affaires étrangères français ? Il ne lui reste qu’à aller se recueillir devant le Mur des lamentations en Israël pour confirmer sa désignation.
K. B.
1) Vaïsse, M. (2013). Histoire du lobby pro-israélien en France. CNRS Editions.
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