Pendant que Khelif combattait pour l’Algérie, Khaled se prosternait au Maroc
Par Karim B. – La boxeuse algérienne Imane Khelif n’a pas besoin d’une médaille d’or pour trôner sur les Jeux olympiques de Paris. C’est elle-même la médaille ; les médailles : médaille de championne née, médaille de courage, médaille de patriotisme, médaille de résilience. La fille de Tiaret au poing de fer dans une main de velours – derrière ses uppercuts imparables se cache un cœur d’ange – a réussi la prouesse de focaliser toutes les attentions sur elle, faisant de l’Algérie qu’elle représente fièrement le pôle d’attraction de ces Jeux, jusqu’à faire oublier toutes les autres disciplines. Imane Khelif aura ainsi remporté toutes les médailles d’or, d’argent et de bronze à elle seule, rendant son pays le plus grand vainqueur de ce rendez-vous sportif mondial.
Imane Khelif quitterait la compétition précocement et rentrerait au bercail avant même de poursuivre son parcours victorieux, elle aura déjà fait un triomphe qui vaut toutes les consécrations. Elle aura rassemblé ses compatriotes autour d’elle, renfort de soldats armés du drapeau tricolore vert, blanc et rouge, mobilisés pour assurer la victoire à la nouvelle égérie de la dignité et de l’honneur pour lesquels l’Algérien meurt debout – «Ya Ali mout waqef !»(*). Elle quitterait Paris avant terme, elle aura rempli sa mission, dans le prolongement de celle de l’ensemble de la délégation algérienne qui, dès la cérémonie d’ouverture, a planté le décor, en jetant des fleurs dans la Seine en hommage aux martyrs du 17 Octobre 1961. Ce geste valant toutes les médailles, tous les sacres. Car, au-delà des joutes sportives, c’est le réveil des consciences qui compte dans ce contexte de génocide subi par les enfants en Palestine, pendant que les caméras du monde entier sont braquées en direction de la capitale française pour détourner l’attention des crimes contre l’humanité commis par l’Etat nazi d’Israël. Comme en 1982 à Sabra et Chatila, trois mois à peine après l’euphorie du Mondial espagnol.
Et, pendant que la moudjahida Imane Khelif se sacrifie pour son pays en terre hostile, le troubadour Cheb Khaled se prosterne aux pieds de son roi à Tétouan, au Maroc, où il a assisté à la célébration de l’intronisation de Mohammed VI, une tradition héritée du protectorat français qui a porté au pouvoir, par le truchement du maréchal Lyautey, une famille soumise à la France ad vitam ad aeternam. Le chanteur, qui a vendu son âme à Mohammed VI contre un plat de lentilles, «a participé à une réception organisée en l’honneur du souverain», nous apprennent les médias marocains, qui précisent que le chanteur a également assisté à la cérémonie d’allégeance à Tétouan, artificiellement présidée par le monarque potiche.
Gloire à la combattante Imane Khelif ! Honte au renégat Cheb Khaled, bouffon aux dents longues, qui prouve encore une fois que ses sanglots ayant accompagné ses excuses aux Algériens pour sa traîtrise n’étaient que des larmes de crocodile.
K. B.
(*) «Ali, meurs debout !». Scène d’anthologie du chef-d’œuvre cinématographique L’Opium et le Bâton, magistralement interprétée par le grandissime Sid Ali Kouiret.
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