Les Egyptiens déforment les propos de Tebboune sur Gaza et attaquent l’Algérie
Par Mohamed K. – Les propos tenus par le candidat à sa propre succession lors d’un meeting de campagne à Constantine ont été mal captés par les Egyptiens qui, tel un rituel immuable, y ont trouvé une opportunité pour s’attaquer à l’Algérie et aux Algériens. Abdelmadjid Tebboune, en affirmant que si l’Egypte ouvrait sa frontière avec Gaza, l’Algérie saurait quoi faire, a clarifié sa déclaration en expliquant que le but était de bâtir trois hôpitaux et de participer ainsi de façon effective à la reconstruction de l’enclave palestinienne assiégée et détruite par le régime nazi de Tel-Aviv. D’aucuns ont compris que le chef de l’Etat, en lice pour un second mandat, insinuait une implication militaire algérienne directe dans une guerre contre l’entité sioniste, comme en 1967 et 1973.
En Egypte, si aucune réaction officielle n’a été enregistrée pour le moment, les internautes se sont acharnés contre l’Algérie, rappelant l’épisode de novembre 2009, lorsque l’équipe nationale avait été agressée au Caire et que le défunt président Abdelaziz Bouteflika avait organisé un pont aérien entre l’Algérie et le Soudan, envoyant plus de 10 000 supporters à Oum Dorman, où s’était déroulée la rencontre historique qui avait vu une victoire éclatante des Verts gonflés à bloc sur des Pharaons médusés. Les Algériens ont droit, depuis deux jours, aux mêmes insultes et aux mêmes informations erronées sur l’Algérie qu’à la veille de la qualification du Onze national à la Coupe du monde disputée en Afrique du Sud.
«Abdelmadjid Tebboune n’avait aucunement l’intention de porter atteinte à l’Egypte et à son gouvernement», expliquent des observateurs avisés. «Tout ce que le candidat à la présidentielle du 7 septembre prochain a voulu dire, c’est que l’Algérie, Etat et peuple, sont engagés à aller jusqu’au bout dans leur soutien affectif et effectif au peuple palestinien et que des facteurs exogènes font que ce soutien indéfectible a ses limites», appuient ces sources. «L’Egypte elle-même se trouve dans une situation délicate car il est facile de pousser un pays de cette envergure à entrer dans une confrontation directe avec Israël et ses puissants alliés occidentaux, alors que les enjeux sont autrement plus complexes», soulignent ces observateurs. Pour eux, «le président Tebboune est pleinement conscient de cet état de fait et il ne pouvait donc pas se hasarder dans des accusations contre l’Etat égyptien, alors que tout un chacun connaît les conséquences désastreuses d’un embrasement généralisé dans la région, et au-delà».
La réaction intempestive d’Egyptiens fanatiques et chauvins est une tempête dans un verre d’eau. Comme les attaques abjectes de 2009 qui n’avaient même pas épargné les martyrs de la glorieuse Guerre de libération nationale, touchant ainsi le peuple algérien dans son amour propre, celles qui foisonnent sur les réseaux sociaux actuellement finiront dans la poubelle de l’histoire et n’honorent pas leurs auteurs habitués aux virevoltes et qui seront les premiers à affirmer qu’ils n’avaient pas l’intention de blesser «nos frères algériens». Le cinéma égyptien, nous y sommes habitués.
M. K.
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