Le jeune lynché se défend : «Je ne me suis pas prosterné devant Tebboune !»
Par Houari A. – Le jeune homme dont l’image a été diffusée sur les réseaux sociaux le montrant en train de se prosterner devant le portrait du candidat à la présidentielle Abdelmadjid Tebboune est sorti de son silence pour expliquer son geste qui a soulevé un tollé général. «Je ne me suis pas prosterné devant Tebboune mais devant Dieu», s’est-il défendu dans un enregistrement vidéo réalisé à même la rue, en plein centre d’Alger. «Si je me suis prosterné ainsi, c’est pour remercier Dieu d’être retourné dans mon pays où prévalent la paix et la prospérité», a-t-il expliqué, en indiquant qu’il a vécu à l’étranger de manière clandestine avant d’être expulsé.
«Certes, je suis au chômage, mais j’ai déposé des demandes d’emploi et je ne rechignerai devant aucune offre, je suis même prêt à travailler comme éboueur», a déclaré ce jeune qui affirme subir de terribles pressions, si bien qu’il soit obligé de se déplacer camouflé, portant une casquette et des lunettes de soleil pour ne pas être reconnu dans la rue où, a-t-il dit, les moqueries et les insultes fusent à chaque fois qu’il est reconnu. Ce jeune, dont le comportement semble avoir été mal interprété, n’a pas pu finir son enregistrement car submergé par l’émotion.
L’affaire de la prosternation devant le portrait du candidat à sa propre succession a pris des proportions inattendues, faisant réagir jusqu’à la direction de campagne d’Abdelmadjid Tebboune qui s’en est démarquée et a dénoncé ce genre de pratiques qui «remontent à un temps révolu». Allusion à l’affaire de l’ancien président de la République, le défunt Abdelaziz Bouteflika, dont le cadre avait été brandi à la Coupole du 5-Juillet dans un meeting pour le cinquième mandat, alors que le candidat était impotent et absent. Le scandale avait provoqué les manifestations hebdomadaires qui allaient durer plus d’une année.
Le geste apparemment spontané et dénué de toute arrière-pensée politique du jeune homme a même fait croire à une manœuvre ourdie par quelque cercle visant à provoquer un nouveau Hirak et à perturber l’échéance électorale qui se tient dans une semaine, devenant ainsi quasi une affaire d’Etat.
Les Algériens rejettent l’idolâtrie et le culte de la personnalité et une prosternation devant un être humain, quel qu’il soit, est systématiquement condamnée. D’où cette campagne acharnée contre ce citoyen qui a commis l’erreur de semer le doute sur sa véritable intention en paraissant avoir accordé l’adoration qui n’est due qu’à Dieu seul.
Ce jeune s’étant expliqué, son lynchage doit cesser et sa maladresse pardonnée.
H. A.
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