Comment Macron a berné les Français et ses partenaires étrangers par la causette
De Paris, Mrizek Sahraoui – Le président Macron a nommé, ce jeudi, un nouveau Premier ministre. Si la décision de désigner Michel Barnier à la primature relève de ses prérogatives, il a fallu pourtant obtenir la bénédiction de la cheffe du Rassemblement national, parti désormais faiseur de roi, sans lequel aucun gouvernement, ni aucune loi ne pourra aboutir sans son aval.
La nomination du nouveau Premier ministre dans les rangs du parti arrivé en quatrième position (LR), avec 41 députés, a fait réagir. La gauche en colère crie au déni démocratique. Du côté du clan présidentiel, on y subit, perplexe, les événements ; au RN, on sabre le champagne.
Le nouveau Premier ministre est connu pour avoir assuré les négociations du divorce entre Européens (Brexit). C’est le candidat malheureux à la présidentielle de 2022 qui, sous étiquette LR, avait proposé dans son projet pour la France une réforme de la retraite à 65 ans. Dont le penchant pour les idées d’extrême droite n’est un secret pour personne. Il avait alors demandé un moratoire sur l’immigration, proposé une limitation drastique du regroupement familial, souhaité une réforme du droit d’asile, réclamé la fin des régularisations des sans-papiers et la suppression de l’aide médicale d’Etat (AME). En somme, la colonne vertébrale même du programme du Rassemblement national repris par un homme qui se dit gaulliste.
Cette nomination intervient après des semaines de tergiversations, de procrastination et, notamment, de calculs politiques visant à garder le cap ultralibéral tracé dès 2017 par le cabinet de l’ombre. Et qui s’est également opérée au moment où, pour sauver les meubles de la République, de nombreux Français et une partie de l’opposition réclament la démission du président Macron. «Macron démission !» demande-t-on avec force sur les réseaux sociaux et dans l’opposition. A l’exception du parti lepéniste, le RN qui, même s’il a perdu les législatives à cause de la grande mobilisation des électeurs, a fini par récolter les fruits de la dissolution. Le parti, héritier et comptable de l’histoire sombre de la France, est désormais pivot du jeu politique.
Au centre du jeu politique bien malgré le vote des Français, un choix on ne peut plus clair : non à l’extrême-droite au pouvoir et un rejet tout aussi net et massif du clan Macron. Le Président qui a, depuis le début de son règne, berné ses concitoyens par la causette, les partenaires étrangers par de vaines annonces et des déclarations tonitruantes mais sans lendemain.
Avec ses menaces de censure de tout gouvernement nommé qui ne satisfera pas ses demandes, le parti lepéniste a réussi à obtenir le pouvoir de nomination du Premier ministre, en dépit du choix souverain de la majorité du peuple français, qui avait rejeté et la mouvance nationale raciste et les partisans du macronisme. Mais grâce à la volonté d’un Président, dont l’égo se mesure en distance interstellaire, cinglent ses détracteurs, l’échec électoral s’est transformé en un dividende politique inespéré en faveur du Rassemblement national. Selon les pourfendeurs de la politique macroniste, même si la France dev(r)ait sombrer dans le chaos, Emmanuel Macron, par excès de cynisme et de narcissisme, continuera de malmener les institutions.
Des institutions au bord de l’asphyxie. Le budget risque de ne pas être voté dans les temps impartis. La rentrée scolaire s’est faite sans ministre de tutelle. La dette s’est envolée pour atteindre près de 3 600 milliards d’euros en 2027. Le déficit public grimpe à 5,6% du PIB, et 15 milliards d’euros se sont volatilisés sans que personne ait la moindre idée où cette énorme dépense a été jetée. Le ministre de l’Economie démissionnaire impute ces 15 milliards aux collectivités locales, qui s’étranglent après sa déclaration. Mais le site Mediapart, citant un rapport gouvernemental, croit savoir où est passée une petite partie de l’argent des Français. Selon ce rapport, la France a livré, en 2023, pour 30 millions d’euros d’armes à l’entité sioniste.
On disait de Macron le «Mozart de la finance», le «Machiavel de la politique», mais les faits sont là : la France est au bord de l’explosion d’une crise larvée, avec comme conséquence un impact direct sur ses relations avec ses partenaires, Etats comme institutions. Nombre de prêteurs de la France, des fonds de pension américains commencent d’ailleurs à émettre des doutes sur la capacité de la France à honorer sa dette abyssale. Des prêteurs qui ont commencé à spéculer, mais dès l’annonce de la nomination de Michel Barnier, la Bourse de Paris a retrouvé des couleurs, les actions des grandes banques ont vu leurs cours bondir.
Le gâteau reste intact, donc, mais les Français devraient s’attendre à une cure d’austérité sans précédent. Il faudra, en effet, trouver 100 milliards d’euros d’ici 2028.
M. S.
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