Le fossoyeur
Par Mrizek Sahraoui – A première vue, la nomination de Michel Barnier à la tête du gouvernement semble apporter la solution à la crise politique sans précédent qui secoue la France. En réalité, c’est maintenant que les choses sérieuses commencent. Parce que le problème ne réside pas forcément dans le choix du Premier ministre, ni même des futurs membres du gouvernement, mais dans l’état désastreux de la France. Un état d’effondrement rendu possible par les politiques antisociale et antidémocratique conduites par Emmanuel Macron tout au long de son règne.
Sur le plan politique d’abord. La France est désormais ingouvernable. Sans majorité, même relative, le gouvernement n’aura pas les coudées franches afin de mettre en œuvre de nouvelles réformes. On peut d’ores et déjà parier que toutes les réformes à venir et le budget de cette année seront passés grâce à «l’outil démocratique», l’article 49.3, à la disposition d’Emmanuel Macron, dont avaient usé et abusé les gouvernements précédents. D’énièmes dénis démocratiques que ne manquera pas de dénoncer l’opposition.
Une opposition partagée entre une gauche à l’équilibre fragile, qui peine à s’imposer comme alternative, et une extrême droite conquérante, dont l’avenir s’annonce très prometteur. Son accession au palais de l’Elysée n’est qu’une affaire de temps. Question d’agenda électoral car, à force de s’assoir sur la volonté populaire, de mépriser le choix du peuple, de détourner les résultats électoraux, les Français vont finir par accepter l’option frontiste.
Un vote en faveur du RN qui brisera définitivement le front républicain qui a sauvé la France par le passé, singulièrement en 2024. Il est fort à prédire qu’il ne se reproduira pas lors des scrutins à venir. La preuve vient d’être donnée par un député de la France Insoumise (LFI). Très en colère à la suite de la nomination d’un transfuge de la droite au poste de Premier ministre, Aymeric Caron a donné le premier coup de marteau masse sur le mur du front républicain. Il écrit dans un tweet sur le réseau X : «Cette fois, nul pardon, plus de front républicain.» « Si demain il y a un vote qui doit avoir lieu entre un candidat LR/Macroniste et un candidat RN, il n’y aura pas de vote de ma part.» Tout est dit sur ce qui reste du cordon sanitaire qui a toujours empêché le Rassemblement d’accéder au pouvoir.
C’est sur le volet économique, qui constitue le plus grand échec du président Macron, que les choses se corsent. Le pouvoir d’achat des Français n’en finit pas de s’éroder. Les médias ne s’intéressent plus, par exemple, au nombre de Français qui ne sont pas partis en vacances cet été, tant le pourcentage est effarant. Cette année, les reportages sur les bilans touristiques n’ont pas été tirés, ni n’ont fait matière à sujets phares des journaux télévisés. 16% de Français, soit 1 Français sur 6, sont tombés dans la précarité alimentaire, selon une étude publiée par le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Credoc).
Les finances publiques sont dans le rouge. Le déficit devrait monter à 6,2% du PIB en 2025. Sauf à taper encore et encore dans les poches des couches moyennes et des salariés avec de faibles revenus, avec une politique austéritaire, l’argent viendra à manquer. Ce gouvernement n’ira pas le chercher là où il se trouve, c’est-à-dire chez les nantis, bien que les fortunes des 500 plus riches du pays aient grimpé de 28 à 45% du PIB, en 2023, selon un classement publié par le magazine économique Challenges.
Et, conclusion, un pays trop endetté s’expose et devient la proie des ogres de la finance internationale. C’est Emmanuel Macron, le fossoyeur de la République, qui a, seul, mis la France dans cet état, état qui doit sérieusement inquiéter Xavier Driencourt, au lieu de s’occuper de la rive sud de la Méditerranée. D’évidence, si la France finit par s’effondrer totalement, ce sont aussi les pays partenaires, l’Algérie au premier chef, qui risquent sérieusement d’en pâtir.
M. S.
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