Par quelles mesures le président Tebboune va-t-il entamer son mandat ?
Par Nabil D. – Après la tempête – dans un verre d’eau – provoquée par les résultats de la présidentielle, dont l’immense écart n’a pas manqué de soulever des interrogations sur la façon dont l’Autorité de surveillance des élections a procédé au décompte et la manière dont le Conseil constitutionnel a corrigé le tir, vient le moment des questionnements sur les décisions que le président Tebboune s’apprête à prendre dès l’entame de son second et dernier mandat.
Si ses choix sur certaines questions seront clairement maintenus, on ne sait pas, par contre, ce qu’il compte faire s’agissant d’autres. En effet, Abdelmadjid Tebboune maintiendra inexorablement le cap de l’Etat social, fondé sur la redistribution de la rente pétrolière à une majorité d’Algériens, sous forme d’aides de diverses natures et de logements subventionnés, cheval de bataille de sa politique, qu’il avait déjà entamée en tant que ministre de l’Habitat sous le défunt Bouteflika.
Quid du gouvernement ? Le président réélu maintiendra-t-il Nadir Larbaoui à la tête de l’Exécutif ou procédera-t-il à un remaniement profond pour insuffler une nouvelle dynamique adaptée à la poursuite de son programme et à de nouvelles orientations qui devraient marquer son règne pour concrétiser les promesses qu’il a faites de faire intégrer l’Algérie parmi les Etats émergents d’ici 2027 ? Y aura-t-il également des changements parmi ses proches conseillers à la présidence de la République aux fins d’assurer une meilleure coordination entre le gouvernement et ceux-ci et éviter un chevauchement des prérogatives qui serait nuisible au bon fonctionnement des institutions de l’Etat ?
Faudra-t-il s’attendre, par ailleurs, à des mesures d’apaisement qui consisteraient en la libération des «prisonniers d’opinion» ? Tebboune enverra-t-il des signes positifs à l’opposition qui l’accuse de verrouiller le champ politique et médiatique ? Une telle option semble plausible car rien ne peut menacer sérieusement les solides structures de l’Etat adossé à une armée forte, professionnelle et respectueuse de la Constitution. Même les mercenaires payés par le Makhzen et entretenus par la DGSE française ne représentent aucun danger pour le pays, même si leur verbiage est suivi par quelques curieux qui y voient moins quelque activisme utile qu’un cinéma burlesque dont l’effet unique est le divertissement – on écoute les inepties de Hichem Aboud, Larbi Zitout et Anouar Malek comme on prête l’oreille à un soliloque tragi-comique.
Autre domaine qui freine considérablement le progrès du pays, la persistante machine bureaucratique hypertrophiée qui continue de décourager aussi bien les citoyens que les investisseurs, en dépit des appels répétés du Président à la numérisation pour aller voter dans les réformes sociales et économiques. Il faut dire que le système financier algérien est à la traîne et que nos banques, qui étaient des vaches à traire sous Bouteflika, sont revenues à leur fonction initiale : des caisses de dépôt qui réfrènent toute idée positive allant dans le sens de l’inventivité et de la créativité. Bref, nos banques, échaudées par les expériences passées, ne prennent pas d’initiatives.
Cette bureaucratie décourage l’investissement direct étranger auquel le président Tebboune ne cesse de faire appel. Sans sa levée, les efforts allant dans ce sens seront annihilés, et les Algériens seront privés du transfert technologique, d’emplois pérennes et d’alignement sur les grandes nations industrialisées.
Le chef de l’Etat peut alléger les formalités et réformer les procédures, mais il ne pourra pas changer les mentalités. Le citoyen doit aussi y mettre du sien pour permettre au pays d’aller de l’avant.
A l’international, la question qui taraude les analystes est liée à la visite annoncée du président Tebboune en France : ira-t-il ou n’ira-t-il pas ?
N. D.
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