Cette action d’envergure que dissimule l’appel à la migration collective au Maroc
Par Kamel M. – L’appel lancé sur les réseaux sociaux à l’adresse des jeunes Marocains pour converger vers la frontière avec l’Espagne, à la frontière avec Ceuta, n’était qu’un ballon de sonde pour tester la capacité de mobilisation à travers les réseaux sociaux. L’opération ayant fait son effet, les Marocains ont réédité le coup mais pour des manifestations à travers tout le royaume pour exiger le départ du gouvernement dirigé par Aziz Akhannouch, l’ami du roi en fin de règne. Les premiers échos font état d’un retour positif des citoyens marocains qui ne supportent plus leur situation sociale misérable et la profonde injustice dont ils sont victimes.
L’état de l’économie marocaine est catastrophique, et le Makhzen est astreint, depuis plusieurs mois, au respect des directives contraignantes du Fonds monétaire international (FMI) qui a exigé la mise en place de plans de restructuration pour régler le problème de la dette abyssale dans lequel Mohammed VI a plongé le pays pour assouvir sa folie des grandeurs, face à son voisin de l’Est qui avance à grands pas, tandis que le Maroc s’enfonce dans une crise protéiforme inextricable.
Les Marocains se sont donné rendez-vous pour occuper la rue et dénoncer l’accaparement des richesses du pays par la famille régnante prédatrice et sa clientèle. «Où sont les dix milliards de dollars engrangés chaque année par l’Office chérifien des phosphates ?» demandent ces sujets qui voient leur pouvoir d’achat s’éroder avec les augmentations exponentielles des matières de première nécessité et la levée progressive des rares subventions que l’Etat consent à ses populations dont le nombre de pauvres ne cesse d’enfler. Les Marocains disent ne pas comprendre comment le milliardaire Aziz Akhannouch, qui détient le quasi-monopole sur les produits énergétiques (gaz butane, carburants, etc.) peut être à la fois juge et partie dans la gestion de cette ressource névralgique dont les prix se sont envolés, et continuent de suivre une courbe ascendante.
Les appels du pied du Makhzen à l’Espagne pour combler le déficit causé par la décision de l’Algérie de suspendre les livraisons du gaz à travers le Gazoduc Maghreb-Europe (GME) semblent ne pas répondre à la demande sans cesse grandissante des Marocains pour cette source vitale. Et la crise va en s’aggravant, ce qui pousse les Marocains à exiger que leur soit restituée leur part dans les richesses du pays dilapidées par un monarque noceur et un gouvernement ultralibéral. L’existence d’un filet social en Algérie, la médecine gratuite, la distribution de logements sociaux par l’Etat, etc. commencent à faire des jaloux chez nos voisins de l’Ouest, depuis que des youtubeurs marocains installés dans notre pays se sont mis à contredire, par l’image, les balivernes répandues par les mouches électroniques de Yassine Mansouri.
Les campagnes de dénigrement du régime de Rabat n’ont plus d’effet sur les sujets frustrés de Mohammed VI qui découvrent ainsi un pays qui est à des années-lumière du leur, sur le plan de la prise en charge sociale et des avancées enregistrées dans divers domaines. Cette découverte pousse les habitants des régions situées aux frontières avec l’Algérie à tenter des mouvements de migration clandestine collective à partir de Saïdia, dans l’extrême nord du pays, vers l’Algérie, et à lancer des appels incessants à l’ouverture de la frontière terrestre fermée, côté algérien, depuis trente ans.
L’ancien opposant marocain Abdelmoumen Diouri, auteur du livre A qui appartient le Maroc ? affirmait, à sa sortie de prison, que ce pays était «porteur d’une révolution». Trois décennies plus tard, au lieu d’une révolution, c’est le régime despotique, porté par la France et Israël, qui s’est, au contraire, renforcé, faute d’une prise de conscience des sujets marocains anesthésiés par le prétendu caractère spirituel de la monarchie, le maréchal Lyautey leur ayant fait croire aux crédules Marocains que la dynastie ayant usurpé le pouvoir et occupé le Rif descendrait du prophète Mohamed (QSSSL).
K. M.
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