Cinglant aveu
Par Mrizek Sahraoui – «Si je m’étais appelé Moussa Darmanin, je n’aurais pas été élu maire et député et, sans doute, n’aurais-je pas été ministre de l’Intérieur.» Ces propos, tenus lors de la passation de pouvoir, sont de Gérald Darmanin, le désormais ex-ministre de l’Intérieur. Un cinglant aveu venant non pas d’un citoyen lambda d’origine étrangère, avec des compétences avérées, se disant victime de discrimination et de racisme, mais d’un ancien ministre de l’Intérieur fraîchement délogé place Beauvau, le siège du ministère de l’Intérieur.
La déclaration de Gérald Darmanin a fait bondir et suscité la bronca politique et médiatique. L’extrême droite a demandé des explications. Mais il n’y a rien à expliquer : dans la tête de chaque Français, il y a plus ou moins un peu de Le Pen dedans, avons-nous écrit dans un précédent propos. Le maire de Tourcoing n’a dit que ce que des milliers d’étrangers bardés de diplômes n’ont eu de cesse de marteler. Beaucoup d’entre eux ont d’ailleurs fait le choix d’aller s’installer sous des cieux plus cléments. Où il est possible de mettre en œuvre les acquis scolaires sans avoir à se justifier en permanence.
En réalité, Gérald Darmanin, petit-fils d’un tirailleur algérien qui servit la France, vient de donner un éclairage sur le traitement réservé aux étrangers, qu’ils soient diplômés ou pas. Les politiques, comme les médias, ont toujours visibilisé la médiocrité. Ils ont fait de l’imam Chelghoumi, qui ne sait pas aligner une phrase avec un sujet, un verbe, un complément, la figure iconique de l’immigration maghrébine. Alors que des médecins, des ingénieurs qui font le bonheur d’une France, paradoxalement toujours à la recherche de matière grise, n’ont pas droit au chapitre, souvent victimes, bien que hautement diplômés, de discrimination à l’embauche.
Et, tout compte fait, cette déclaration surprenante, il faut bien le souligner, de Gérald, Moussa, Darmanin vient démentir et tordre le coup au discours selon lequel la République offre les mêmes chances à tous. S’appeler Mohamed ou Moussa, alors même que le grand-père dut servir la France, ne garantit pas l’accès à de hauts postes de responsabilité, a fortiori depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir.
Macron au pouvoir, c’est le parti d’extrême avec dix millions d’électeurs ; c’est un député issu des rangs du parti au perchoir de l’Assemblée nationale. Ce sont 141 députés, du jamais vu, siégeant au Parlement, dont le poids est de la mesure à imposer qui nommer Premier ministre. Avec comme ligne importante de la galimafrée programmatique du RN l’interdiction des postes de haute responsabilité aux binationaux et autres Français avec un prénom à consonance étrangère : Moussa.
M. S.
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