Jusqu’à quand l’Etat va construire des stades pour des clubs milliardaires ?
Par Houari A. – Le scandale du saccage du stade de Douera, inauguré il y a à peine deux mois, pose le problème du financement des infrastructures footballistiques dont profitent des clubs qui jonglent avec des milliards et une Fédération algérienne de football (FAF) éclaboussée par un grand scandale financier. On nous explique que le stade Ali-Ammar appartient au Mouloudia Club d’Alger (MCA). Or, une question se pose : ce club appartient-il à des investisseurs privés ? Non. Alors, comment se fait-il que Sonatrach, une entreprise publique, bien de l’Etat, donc du peuple, verse-t-elle des sommes astronomiques pour l’achat de joueurs à coup de milliards, qui touchent des salaires pouvant dépasser les dix millions de dinars par mois – cas de Youcef Bellaïli, entre autres –, et le recours à des entraîneurs ramenés d’Europe payés en euros sonnants et trébuchants ?
Concrètement, que rapportent ce club, ses joueurs et son entraîneur à nous autres Algériens ? Tous les Algériens sont-ils des supporteurs du MCA pour accepter que leur part des ressources pétrolières aille ainsi à une seule équipe ? Le géant pétrolier, colonne vertébrale de l’économie nationale, devra, dans ce cas, financer tous les clubs du championnat à égalité, tous les Algériens, de toutes les régions, étant actionnaires dans cette firme nourricière à hauteur de 98%.
On se souvient que la réforme sportive, enclenchée au milieu des années 1970, et qui avait rattaché chaque équipe de la première division à une entreprise publique, avait porté ses fruits et abouti à la qualification méritée des Verts à la Coupe du monde d’Espagne en 1982, soit quelques années à peine après les changements opérés dans le système de soutien aux clubs. Les joueurs, pour la plupart des intellectuels, vivaient de leur métier – médecins, architectes, ingénieurs, officiers dans les corps constitués, etc. –, et touchaient un salaire mensuel modeste en tant qu’employés dans les entreprises qui sponsorisaient leur club.
A l’époque, les joueurs mouillaient le maillot et se donnaient à fond pour les couleurs qu’ils défendaient sur le terrain, faisant preuve d’un impeccable fair-play et d’un grand respect et du public et des joueurs adverses. Jamais des incidents n’étaient signalés après l’indépendance, jusqu’à ce que les génies du football algériens décident, dans les années 2000, de lui adjoindre le vocable «professionnel», pompeusement accolé au championnat national auquel il sera attribué un nom européen anglicisé, pour faire croire à une révolution dans le football national. Or, de professionnel il n’y a eu que les milliards qui se sont mis à pleuvoir sur certains clubs privilégiés, sans que cela n’améliore aucunement le niveau de la compétition.
Alors qu’en 1982 les joueurs évoluant en Europe étaient alignés sur le banc de touche comme remplaçants des Fergani, Belloumi, Assad, Madjer, Merzekane, Madjer et autres, aujourd’hui, l’ossature des Verts est constituée à 99% de binationaux qui ont choisi – et c’est tout à leur honneur – de défendre les couleurs nationales, tandis que les locaux peinent à se frayer un chemin pour pouvoir prétendre au port du maillot vert, en dépit des salaires de rois qui leur sont versés indûment.
Il est grand temps que cette gabegie cesse et que l’Etat oriente cet argent du peuple vers des projets autrement plus bénéfiques pour le citoyen qui en a grandement besoin. Si le MCA veut son complexe, il doit le payer de sa poche. Le MCA devra prendre en charge les dégâts causés par ses supporters au stade Ali-Ammar. Cela voudra dire que ce sera à Sonatrach de le faire et ce sera donc au contribuable, qui n’a même pas droit à cette machine à sous, de payer les pots cassés.
Aberration quand tu nous tiens !
H. A.
Comment (41)