Yasmina Khadra : une écriture qui cultive l’onirisme et l’onanisme
Par Khider Mesloub – Dans une récente interview accordée au journal régional français La Provence, à la question du journaliste : «Votre écriture est très onirique, notamment dans l’agencement des dialogues», Yasmina Khadra a répondu : «Oui, je prends le lecteur par la main, je lui dis : veux-tu rester avec moi, d’où l’importance des dialogues retravaillés par la force de l’onirisme.»
Tout est résumé dans ce dernier mot : Yasmina Khadra est un auteur onirique. Tel un conteur, pour endormir le lecteur, en guise de somnifère culturel, il lui administre les mêmes naïves et caricaturales historiettes. Des histoires à dormir debout. Des récits qui assomment le lecteur cartésien par leur irréalité. Mais apportent aux âmes sensibles du baume au cœur par leur idéalité. Sa plume s’épuise à puiser ses insipides inspirations dans le ciel éthéré des idées, du monde onirique.
«La philosophie est à l’étude du monde réel ce que l’onanisme est à l’amour sexuel», a écrit Karl Marx. L’écriture khadrienne est à la littérature authentique ce que l’onanisme est à l’amour sexuel. L’onanisme, c’est de l’auto-érotisme. Et l’onanisme rime avec narcissisme, l’admiration béat de soi-même.
Pour rappel, l’onanisme vient d’un personnage de la Genèse, Onan, qui, contraint par la tradition d’épouser la veuve de son frère, aurait préféré «laisser sa semence se perdre dans la terre» plutôt que féconder celle-là.
En tout cas, l’onaniste Yasmina Khadra, par sa stérile littérature onirique, ne pourra jamais féconder intellectuellement son lectorat. Et pour cause. Son écriture onaniste, fondée sur la jouissance auto-érotique littéraire, est entièrement tournée vers soi. Yasmina Khadra, cet onaniste de la littérature, s’adonne à la déjection d’une écriture sans fondement réaliste. Ses romans ruminent les mêmes récits oniriques stéréotypés.
Le mystique Yasmina Khadra nous livre toujours les mêmes contes pour enfants. Les personnages de ses romans ne sont pas convaincants, ni crédibles. Comme l’a écrit un commentateur à propos du roman Les Vertueux : «Il faut être fort croyant et posséder une foi absolue pour admettre la morale que l’auteur nous livre. J’ai perdu mon temps en lisant ces 540 pages. Les livres de développement personnel nous livrent le même message en moins de temps.»
Certes, Yasmina Khadra est un prestidigitateur de la littérature. Un acrobate du verbe. Un jongleur de mots. Un bateleur de la rhétorique. Un ensorceleur littéraire. Un alchimiste romanesque. Mais il n’est pas écrivain, encore moins un intellectuel. C’est un conteur. Or, comme l’a écrit l’écrivain américain Stewart O’Nan : «Tous les grands conteurs sont de formidables menteurs.» Car les menteurs, pour obtenir du succès, embellissent la réalité et enjolivent leur œuvre.
Pour autant, à lire les romans de Khadra, on s’aperçoit qu’il a studieusement étudié les mots. Mais pas laborieusement la vie. Encore moins scruté minutieusement ses maux. L’œuvre de Yasmina Khadra, militaire de carrière, est une littérature encasernée, portée par une pensée enrégimentée et disciplinée, destinée désormais au lectorat français, friand de romans de gare, de livres à l’eau-de-rose, à l’instar des romans oniriques qui ont façonné l’esprit de Mohamed Moulessehoul durant son enfance.
«Un mot n’est pas le même dans un écrivain et dans un autre. L’un se l’arrache du ventre. L’autre le tire de la poche de son pardessus», a écrit Charles Péguy. Yasmina Khadra n’écrit pas avec ses tripes, mais avec des stéréotypes. Raison pour laquelle ses romans oniriques ne risquent pas de prendre le lecteur cartésien aux tripes.
«Je prends le lecteur par la main je lui dis : veux-tu rester avec moi», tel est l’aveu narcissique ou érotique de Khadra. Ainsi, roman après roman, Yasmina s’applique à draguer le lecteur par ses récits oniriques. A le séduire par sa prose aguicheuse, son lyrisme emphatique.
L’inconsolable Khadra semble éprouver une dévorante avidité d’inviter les lecteurs à lui tenir compagnie, de lui témoigner leur amour. Un désir insatiable de se réfugier dans leurs bras pour revigorer son nombrilisme littéraire.
Son nombrilisme littéraire mercantile est tellement éloquent que cet écrivain prolifique, d’ordinaire loquace, est devenu muet devant la cruauté du monde réel. Notamment le drame des Palestiniens sur lequel il aura brillé par son mutisme coupable et criminel.
K. M.
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