Majed Nehmé : «Les objectifs déclarés d’Israël au Liban sont irréalisables»
Par Kahina. B.-H. – Dans une interview accordée au site Investig’Action, le politologue et directeur du magazine Afrique Asie, Majed Nehmé, a indiqué que Netanyahou et ses ministres de la Guerre, lesquels n’ont eu de cesse de chercher l’escalade, sont dans l’impasse au Liban comme à Gaza.
A une question sur les objectifs de Netanyahou après les attentats en série exécutés à distance par les services secrets israéliens et le bombardement du Liban, le politologue fait savoir qu’il est «difficile de parler d’objectifs. Ce sont plutôt des hallucinations, des fantasmes qui, malheureusement, se traduisent par des bains de sang. D’abord, à Gaza. Et maintenant au Liban», notant que le gouvernement «ultrafasciste» de Netanyahou «n’a aucun espoir qu’il puisse remporter la guerre au Liban. Il n’a d’ailleurs atteint aucun des objectifs qu’il s’était fixés à Gaza».
Pour Nehmé, les objectifs «déclarés» de l’entité sioniste étaient d’éradiquer le Hamas et de libérer les otages «mais pratiquement tout le monde disait, dès le départ, qu’une organisation comme le Hamas ne pourrait pas être éradiquée avec des bombes et des tanks». «L’objectif réel n’est-il pas de chasser les Palestiniens au profit d’un Grand Israël ? On se souvient qu’en septembre 2023 Netanyahou avait montré à la tribune des Nations unies une carte du Nouveau Moyen-Orient sur laquelle la Palestine ne figurait pas», fait-il savoir, en attestant que «cet objectif est également irréalisable. Les Palestiniens ne partent pas. Et la Cisjordanie est devenue un volcan alors que les autorités israéliennes pouvaient compter sur les collabos de l’Autorité palestinienne qui n’a d’autorité que le nom».
Le politologue d’origine libanaise considère que «Netanyahou poursuit la guerre parce qu’il ne peut envisager d’autres options. C’est tout d’abord une manière de se maintenir au pouvoir plutôt que d’assumer ses responsabilités devant une commission d’enquête pour la faillite désastreuse du 7 octobre et sa gestion calamiteuse des otages».
C’est aussi une façon de repousser la fin annoncée du projet sioniste, a ajouté le directeur du magazine Afrique Asie, car «une solution politique impliquerait de revenir aux résolutions de l’ONU avec la création d’un Etat palestinien et un Israël contenu dans les frontières de 1967. C’est presque irréalisable, et Netanyahou n’en veut pas. Une autre solution serait de créer un seul Etat où tous les citoyens auraient les mêmes droits. Netanyahou n’en veut pas non plus. Une troisième solution consisterait à expulser les Palestiniens, mais Netanyahou ne le peut pas. Notamment parce que la Jordanie et l’Egypte, alignées sur les Etats-Unis, déchireraient les accords de paix», a-t-il expliqué.
Selon lui, la guerre d’Israël contre le Liban confirme l’impasse dans laquelle se trouve l’entité sioniste génocidaire. «Il n’y a pas de véritable logique, pas de stratégie, pas d’objectifs réalisables. Le Hezbollah n’est pas le Hamas. Le mouvement libanais compte de nombreux combattants et dispose également d’une forte base populaire qui le soutient. Et il n’est pas coupé de ses nombreux alliés régionaux», a développé Majed Nehmé pour lequel cette guerre contre le Liban est «vouée à l’échec». «Netanyahou ne parviendra pas à neutraliser le Hezbollah, ni à faire revenir de la sorte les quelque 60 000 Israéliens ayant quitté les localités situées à la frontière libanaise», a-t-il expliqué encore une fois en rappelant les faits de 2006 et comment le Hezbollah a vaincu l’armée de Tsahal.
A la question de savoir si d’autres acteurs pourraient s’impliquer dans le conflit, l’auteur de l’ouvrage collectif La Face cachée des révolutions arabes a, concernant l’Iran, déclaré que cette dernière n’a pas besoin d’entrer en guerre. Il lui suffit de continuer à soutenir l’Axe de la Résistance». Pour ce qui est des Etats-Unis, «quels que soient les résultats des prochaines élections présidentielles, ils ne pourront pas continuer à soutenir Israël comme ils le font». Il a étayé ces propos par «la pression de la société civile de plus en plus forte. On a pu voir une importante mobilisation contre les opérations d’Israël impliquant notamment des représentants de la communauté juive aux États-Unis. De plus, le projet colonial israélien a été créé et soutenu par les Occidentaux pour servir de gendarme au Moyen-Orient». En concluant qu’aujourd’hui, «non seulement Israël n’est pas capable de mâter les pays arabes. Mais les Etats-Unis doivent aussi intervenir pour protéger cette colonie avec un rendement égal à zéro».
K. B.-H.
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