Hommage au moudjahid Mohamed Lemkami, l’homme de l’ombre…

moudjahed Lemkami
Mohamed Lemkami. D. R.

Il y a sept ans nous quittait le moudjahid Mohamed Lemkami, proche collaborateur d’Abdelhafid Boussouf. Si Abbès s’est éteint le 27 septembre 2017 à l’âge de 85 ans.

Réagissant à un appel lancé par les membres de l’Association nationale des moudjahidines du MALG en mars 2011 pour apporter leur contribution aux réformes projetées par les instances politiques du pays, l’auteur des Hommes de l’ombre répondait, dans les colonnes du Soir d’Algérie , que «le temps est arrivé pour nous de laisser la place à nos cadets». Il avait souhaité apporter sa «modeste contribution» au débat. Nous republions sa contribution pertinente tant elle est d’une brûlante actualité.

«(…) De nombreux dirigeants historiques, encore de ce monde, peuvent (…), mieux que nous tous, délivrer les précieux enseignements qu’ils ont pu tirer d’une longue vie de militantisme et d’exercice des responsabilités. Mohand-Saïd Maâzouzi, Rédha Malek et Abdelhamid Mehri, pour ne citer que ceux-là, connaissent bien la société algérienne au sein de laquelle ils ont vécu et continuent de vivre. Ils peuvent, sans doute, contribuer à élever le niveau du débat et à enrichir son contenu.

J’ai lu et relu, à cet égard, la lettre rendue publique par Abdelhamid Mehri dont j’approuve, parfaitement, l’esprit et comprend, pleinement, la substance. Cette lettre analyse, objectivement, les réalités nationales du pays qu’elle décrypte, en termes simples et clairs, accessible à tous les Algériens. Je n’ai pas la prétention de pouvoir livrer une meilleure compréhension de la situation nationale que celle que propose Abdelhamid Mehri. Je relève, seulement, qu’il ressort de sa lettre, en filigrane, deux constats majeurs.

Ce sont les pratiques dévoyées qui nous ont éloignées du message du 1er novembre 1954 qui sont à l’origine de la crise profonde qui traverse le pays, une crise ouverte, en réalité, depuis la Guerre de libération nationale ;

l’Algérien a enduré tant d’épreuves violentes qu’il faut tout essayer pour que la transition politique à venir — inéluctable en tout état de cause — se déroule pacifiquement. Je dois souligner, dans le même esprit d’apaisement, qu’il faut renouer avec la symbiose unitaire qui avait imprégné le cours de la Révolution algérienne. Une symbiose qui avait permis le brassage, dans le feu du combat, de toutes les composantes de la société algérienne, sans différence d’appartenance politique, sociale ou régionale, avait forgé l’unité indéfectible de la nation algérienne.

Faut-il rappeler, à ce propos, que ce sont de jeunes Algériens et Algériennes, à peine arrivés à la fleur de l’âge, issus de toutes les couches sociales et de toutes les régions qui ont constitué la sève vivifiante du FLN et de l’ALN ? Peut-être est-il nécessaire de préciser que l’élite intellectuelle qui avait joué, alors, un rôle inestimable dans le succès de la Guerre de libération nationale avait constitué, sans équivoque, l’ossature du MALG sous la responsabilité du regretté Abdelhafidh Boussouf .

Abdelhafidh Boussouf lequel, selon le témoignage de son collègue au GPRA, Abdelhamid Mehri : «C’est, lui disait-il, à rechercher des collaborateurs plus instruits et plus cultivés que moi, pour en tirer avantage au profit de la Révolution, que je m’attelle, pas à m’entourer de personnes moins instruites ou moins cultivées !» Soucieux de demeurer fidèle à ce message d’humilité, je me permets de développer les points suivants d’une contribution que j’entends bien sans prétention :

1- Le pays est en panne de visibilité, l’administration est gagnée par l’incompétence et la corruption se développe à une vitesse exponentielle. C’est là le lot pour tous les pays qui tournent le dos à la jeunesse et aux élites. L’Etat algérien est malade, c’est une évidence.

Toute réforme sérieuse doit commencer par le haut car, comme le dit si bien le proverbe, « le goulot de la bouteille se trouve toujours en haut ». Si personne, en particulier, n’est visée par l’énoncé de cette maxime, il est clair, cependant, que le constat est limpide ; pas d’avenir radieux pour l’Algérie tant que la jeunesse sera méprisée et les élites marginalisées. La considération pour la jeunesse et la réhabilitation de l’intelligence constituante, par conséquent, un passage incontournable pour toutes les réformes envisagées.

2- Dans le même ordre d’idées, les élus locaux, à l’échelon de la commune comme de la wilaya, doivent, désormais, provenir de l’élite nationale, parmi les diplômés universitaires, disponibles à profusion. Le critère de compétence doit être remis à l’honneur, et combattues, sans relâche, les pratiques mercantiles qui consistent en l’achat par des personnes fortunées de postes électifs sur les listes de scrutins locaux, législatifs et même présidentiels. La compétence et la moralité, en aucune manière la fortune matérielle, doivent constituer les seuls critères exclusifs pour le choix des candidats aux postes électifs.

3- Intimement associé à cette exigence, il faut affirmer, haut et fort, le principe selon lequel l’avenir de l’Algérie ne pourrait se construire au détriment de la femme algérienne. La Révolution algérienne qui a libéré la femme dans notre pays du jeu de l’asservissement lui a permis de contribuer, avec la sueur et le sang, à la libération de la patrie.

Un pays, tout comme l’oiseau, ne peut voler que par ses deux ailes. La mère des réformes n’est-elle pas de permettre au peuple algérien de se réapproprier sa dignité ? Une démarche qui passe, indiscutablement, par la restitution à la femme algérienne de sa dignité et de son statut légitime.

4- Dans les pays insérés dans un processus d’unification européenne, la régionalisation constitue un choix de développement stratégique qui a donné des résultats probants sans comporter un risque essentiel pour l’intégrité territoriale des pays concernés.

Pourquoi imaginer, bêtement, que le peuple algérien est immature pour des formes modernes de pratique démocratique ? Avec pareil raisonnement, nous serions encore sous domination coloniale ! Le temps n’est-il pas venu où, sereinement, sans réminiscence tribale, sur la base d’évaluation rationnelle, certaines wilayas pourraient être regroupées sous forme de régions ou de provinces avec des dirigeants élus au suffrage universel ?

5- L’islam, ce jambes culturelles enracinées dans les entrailles de la société par des pratiques ancestrales, elles-mêmes pétries par l’histoire millénaire de l’Algérie, n’a guère besoin d’être figé dans un article 2 constitutionnel. Sans vouloir paraître provocateur, je m’interroge, honnêtement, si cet article n’a pas, plutôt, servi de prétexte à des prédicateurs indélicats qui ont voulu importer des modèles théologiques sans rapport avec les réalités propres de l’Algérie arabe, amazighe et musulmane. Il est entendu que notre identité religieuse ne tient pas à son énoncé dans un texte de loi, ce texte fût-il la Constitution.

6- Ceux de ma génération ont, certainement, accompli leur devoir en assumant des responsabilités historiques durant la Guerre de libération nationale et accompli des missions exaltantes au cours de la première phase de l’édification nationale. Faisons confiance, à présent, à nos jeunes comme nous qui avions appartiennent de la confiance de chefs à peine plus âges que nous. Le temps est arrivé pour nous de laisser la place à nos cadets, c’est le meilleur service que nous pourrions rendre à notre pays.

Mohamed Lemkami.»

Comment (15)

    Vroum Vroum 😤..
    28 septembre 2024 - 21 h 13 min

    Allah Yarhmou.
    La relève a entendu, et nos Parents nous ont éduqués dans le Patriotisme et nous eduquerons nos enfants dans le Patriotisme..
    🇩🇿👋

    Mohamed El Maadi
    28 septembre 2024 - 13 h 17 min

    Allahyarhamou. Héros de la liberté, gardiens de l’espoir.

    Anonyme
    27 septembre 2024 - 20 h 07 min

    Allah y rhamo et condoléances à la famille.

    Laptop
    27 septembre 2024 - 15 h 57 min

    Condoléances à la famille.
    Allah yarhmou

    terre à terre
    27 septembre 2024 - 13 h 19 min

    Je demande à AP d’envoyer ce message au président du sénat pour qu’il le commente…

    Brahms
    27 septembre 2024 - 9 h 00 min

    C’est grâce à lui et d’autres que notre pays vit.

    Sans lui et sans ses efforts, on serait peut être sous le joug d’un catholique & juif a nous commandé sans arrêt à faire ci et ça

    Etre libre et en bonne santé c’est merveilleux.

    Quand je vais en Algérie, il m’arrive de discuter avec des personnes qui veulent à tout prix partir. Je leur dis, tu as un pays merveilleux, tu as reçu un héritage des anciens, travaille ton pays, tu as de l’or devant toi et toi tu cherches à aller dans des pays de taxes, d’impôts et de surtaxes où tu seras obligé de trimer 15 heures par jour pour payer et payer.

    Reste chez toi, tu as ta famille devant toi, tes amis, ta langue, ta culture. Prends un emploi, bosse et après sur 10 ans à 15 ans, tu verras, tu seras bien. Ne regarde pas les immigrés de France, 80 % sont perdants aux niveaux des enfants, de la carrière professionnelle, le racisme, la perte des repères etc..etc…

    Voilà mon message.

      Linadz
      28 septembre 2024 - 21 h 19 min

      C’est dommage cette jeunesse est superficielle et égoïste malgré qu’elle est plus instruite
      Peut être qu’il faut plus de fermeté l’immigration peut être bonne ou mauvaise mais tout les pays sont fragiles le potentiel de l’argent est grand avec plus d’implication le meilleur est à venir alorsque pour les oles occidentaux sa ne peut que ses deteriorer

    Abou Stroff
    27 septembre 2024 - 8 h 45 min

    « Le pays est en panne de visibilité, l’administration est gagnée par l’incompétence et la corruption se développe à une vitesse exponentielle. C’est là le lot pour tous les pays qui tournent le dos à la jeunesse et aux élites. L’Etat algérien est malade, c’est une évidence. »

    le constat fait par le moudjahid Mohamed Lemkami est incontournable et je ne pense pas que l’intensification des « contacts avec toutes les forces vives de la Nation en vue d’organiser un dialogue national ouvert qui nous permettra de baliser ensemble le chemin qu’empruntera notre pays en matière de consécration de la véritable démocratie » avancée par Tebboune sortira, l’Algérie et les algériens de leur torpeur remarquable.

    en effet, je persiste et signe: les forces vives (les soi disant partis politiques notamment) de la Nation auxquelles se réfère Tebboune sont le produit direct du système basé sur la distribution de la rente et sur la prédation et leur vocation première est de se rapprocher le plus près possible de la mangeoire.
    quant à leur projet de société, il se résume, dans les faits, à être roi (futurs distributeurs de la rente) à la place du roi (les actuels distributeurs de la rente).

    en terms crus, l’Algérien est, effectivement, malade et a besoin, non pas d’un gestionnaire (fût il extrêmement doué) de la rente, mais d’un Homme d’Etat doublé d’un visionnaire qui aura pour tâche de déconstruire le système basé sur la distribution de la rente et sur la prédation qui nous avilit et nous réduit à des tubes digestifs ambulants doublé de zombies décérébrés.

    moralité de l’histoire: il n’y en a aucune, à part que l’Algérie est effectivement malade et que sa classe politique (pouvoir et « opposition ») formatée par le système rentier n’a ni la vision, ni les moyens pour entamer la destruction du dit système, d’où la nécessité de l’emergence d’un HOMME D’ETAT doublé d’un visionnaire pour ………….. »secouer le cocotier ».

    wa el fahem yefhem

    Les patriotes ALLAH les reconnaîtra
    29 septembre 2021 - 9 h 19 min

    Allah Yarhamou

    Allah yerahmou
    29 septembre 2021 - 3 h 24 min

    S’il était vivant il aurait probablement été jeté en PRISON
    Il aurait peut-être été victime du Manque d’oxygène suite à une infection au CoVid-19.
    – Heureux qu’il n’ait pas vu cette période.
    Il a gardé son franc parlé et la Tête haute.
    C’est l’essentiel
    Allah Yerahmou

    Condor
    28 septembre 2021 - 21 h 50 min

    Si abbés était un vrai patriote avec son franc parlé il nous manque avec ses positions contre les marionnettes du pouvoir tel que sahib el berouita et la bou chkara de fellaoucen.
    Allah yerahmak si Mohamed inchalah m’a tkounch maa les ouled lahram li halkou leblad

    Abdellah
    27 septembre 2021 - 23 h 33 min

    L Algérie va au fonds du gouffre et bien sûr nous n avons jamais prêté attention à ce qu ils disaient.
    Allah yerahmou

    Anonyme
    27 septembre 2021 - 23 h 08 min

    Pourquoi personne n a écouté ce grand Monsieur et qu attendons nous pour prendre en considération ses écrits?

    Akli
    27 septembre 2021 - 23 h 06 min

    Si Mohammed était un symbole pour tous les algériens targui chaoui kbayli gherbi….
    Allah yerahmou ou yahfedh ouladou
    Vive l Algérie

    4 ans plus Tard
    27 septembre 2021 - 21 h 29 min

    Ce Texte semble avoir été écrit Hier…
    C’est assez triste de penser qu’on aurait du juste ÉCOUTER et AGIR.
    Allah Yerahmou et tous ses semblables
    Tahya El Djazair

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