Décision de l’Algérie de tourner le dos aux BRICS : nécessaire mise au point
Par Abdelkader S. – La mise au point était nécessaire. L’Algérie a répondu une fois pour de bon aux voix qui tentent ici et là de faire croire à un prétendu choix de l’Algérie de maintenir sa candidature à l’adhésion aux BRICS après un premier refus inexpliqué des pays qui constituent ce conglomérat de cinq pays fondateurs, créé pour contrebalancer le groupe du G7. La liste des pays ayant obtenu l’aval pour en faire partie avait choqué plus d’un et mis à nu les calculs malsains qui sous-tendent ce groupe dont on espérait qu’il allait réellement constituer un nouveau pôle économique puissant appelé à briser la domination de l’Occident. Il n’en fut rien.
La réponse d’une source gouvernementale algérienne dans les colonnes du journal public El Moudjahid revêt une signification d’une extrême importance. Même si ladite source a requis l’anonymat, le fait que le message passe par cet organe de presse historique confère un caractère solennel à la déclaration au vitriol sur les «choix absurdes» des BRICS. Ce qualificatif fort traduit la grande colère de l’Algérie qui voyait dans cette nouvelle organisation l’occasion de rétablir l’équilibre mondial et de renforcer l’axe sud de la planète face à un Nord hégémonique.
On comprend, à travers cette réponse définitive et sans appel, exprimée via El Moudjahid, que l’Algérie maintiendra le cap sur la diversification de ses partenariats, sans se laisser emprisonner dans un carcan qui lui ferait perdre sa souveraineté dans la prise de décision. L’Algérie refuse, en effet, toute interférence ou influence sur ses positions, d’où qu’elle émane. La récente réponse corsée de notre représentant permanent à New York à son homologue russe sur l’affaire Imane Khelif est une preuve supplémentaire que la relation amicale, stratégique et historique ne l’empêche pas de dire tout haut son rejet de ce qu’elle peut considérer comme une attitude inacceptable à son égard.
Ce quiproquo, qui n’a pas altéré la qualité des rapports de longue date qui lient Alger et Moscou, a, au contraire, confirmé à la Russie qu’elle pouvait compter sur un allié authentique et digne de foi.
Le président du Conseil de la nation [Sénat], Salah Goudjil, avait donné une explication rationnelle au refus de l’Algérie de maintenir sa candidature aux BRICS, expliquant que «les relations stratégiques bilatérales sont plus importantes pour nous». L’explication du deuxième personnage de l’Etat est plausible et confirme le refus de l’Algérie de s’enfermer dans des positions figées, préférant adapter sa stratégie selon l’évolution de la situation, de sorte à ne pas être tenue par des engagements contraignants qui réduiraient sa marge de manœuvre.
Dès lors, le fait qu’une source officielle algérienne fustige le mode de fonctionnement des BRICS ne l’empêche pas de continuer d’entretenir de bonnes relations bilatérales avec les pays qui en sont membres et d’œuvrer au renforcement de toute action visant à instaurer le nouvel ordre mondial auquel a appelé le président Boumediene à partir de la tribune de l’ONU en 1974. Cinquante ans plus tard, l’Algérie mène toujours le même combat, sans céder d’un pouce sur ses principes de justice et d’égalité.
A. S.
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