Assassinat d’une gendarme d’origine algérienne : qui étouffe le dossier ?
Par Houari A. – Treize ans après son assassinat, le dossier de la gendarme d’origine algérienne Myriam Sakhri traîne toujours en longueur. Ses proches sont revenus à la charge, en assurant qu’ils ne baisseront pas les bras tant que toute la lumière sur la disparition tragique de leur fille ne sera pas faite et que le ou les coupables ne seront pas arrêtés et jugés. La victime s’était plainte, avant son assassinat, de harcèlement et de racisme qu’elle subissait de la part de sa hiérarchie au sein de la gendarmerie française, révélant au grand jour les pratiques ignobles qui règnent dans ce corps comme dans celui de la police, où le nombre de suicides est élevé.
La famille de Myriam Sakhri rejette la thèse du suicide et met en doute la probité de la partie qui a mené l’enquête. Elle insiste pour qu’un procès se tienne, mais ses demandes répétées sont à chaque fois renvoyées aux calendes grecques. Que veulent cacher les autorités françaises par leurs atermoiements qui ne découragent aucunement cette famille déterminée à mener son combat pour la vérité jusqu’au bout ? Sa dernière demande a été déposée ce jeudi 10 octobre et a été à nouveau renvoyée.
L’avocat de la famille Sakhri s’est dit «scandalisé». «J’ai l’impression que la justice n’est absolument pas aux côtés des parties civiles en dépit de l’extrême gravité des faits», a, en effet, affirmé Me Vincent Brengarth. «J’ai véritablement l’impression qu’on cherche à mettre de côté ce dossier», a-t-il fait constater, émettant ainsi un sérieux doute sur les intentions inavouées de la justice française aux ordres. Quant à la sœur de la victime, elle dénonce un «mépris» et un «sabotage», marqués par «treize ans d’injustice». Le garde des Sceaux a été interpellé et la famille espère que son appel sera enfin entendu, après le silence radio du président Emmanuel Macron à la connaissance duquel cette affaire a pourtant été portée.
Myriam Sakhri, gendarme d’origine algérienne, avait été retrouvée sans vie le 24 septembre 2011 dans son appartement de fonction, à l’intérieur de la caserne où elle était affectée, à Lyon. Elle était alors âgée de 32 ans. Elle avait engagé un avocat pour porter plainte, et une enquête interne avait été ouverte, dont elle attendait les conclusions, rappelle BFMTV. «Une première information judiciaire avait été ouverte en 2012, avant d’être classée malgré le pourvoi d’appel puis en cassation», ajoute le média français, qui précise que la famille avait obtenu qu’une nouvelle information judiciaire pour des faits de «harcèlement» et «homicide involontaire» fût ouverte en 2021, mais des cercles craignant de voir des faits graves être révélés au grand jour maintiennent le dossier sous le coude et empêchent la tenue d’un procès.
H. A.
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