Pourquoi la visite officielle du président Tebboune au Caire est problématique

Tebboune Caire
Le président Tebboune avec son homologue égyptien Abdelfattah Al-Sissi. D. R.

Par Kamel M. – La visite officielle que le président Tebboune effectue en Egypte est problématique à plus d’un titre. Sa préparation n’a pas été de tout repos, tant les dossiers qui divisent Alger et Le Caire sont nombreux. La situation actuelle des relations entre les deux pays rappellerait presque, par sa complexité, les hostilités nées d’une rencontre de football en novembre 2009, laquelle avait failli dégénérer. Le président de l’époque, Hosni Moubarak, avait dû faire le premier pas pour une réconciliation, en rendant visite à son homologue algérien, Abdelaziz Bouteflika, dans un geste qui avait fini par dissiper le malentendu.

Les divergences entre l’Algérie et l’Egypte, dans le contexte géopolitique chaotique actuel, sont autrement plus profondes et sont liées au génocide qu’Israël commet à Gaza. Le président Tebboune avait, pour rappel, déclaré, dans un discours prononcé lors de la dernière campagne électorale, que le gouvernement égyptien devait ouvrir sa frontière terrestre avec l’enclave palestinienne assiégée pour permettre aux aides humanitaires d’être acheminées plus facilement. Il avait assuré, notamment, que si les autorités égyptiennes le permettaient, l’armée algérienne construirait au moins trois hôpitaux de campagne à Gaza pour venir en aide aux victimes palestiniennes privées de soins.

Cette déclaration avait fait jaser en Egypte, bien qu’elle ne fût pas suivie d’une réaction officielle. C’est via les réseaux sociaux et dans certains médias égyptiens que la riposte avait été déclenchée, dans les termes insultants habituels. Un échange vif entre internautes algériens et égyptiens avait alors laissé présager l’exacerbation d’une haine réciproque comme cela s’était manifesté la veille de la Coupe du monde de 2010. Mais les esprits se sont vite calmés et tout est rentré dans l’ordre.

Cependant, la mésentente au sujet du dossier palestinien demeure pendante. L’Algérie, pleinement souveraine dans ses décisions, mène un combat diplomatique acharné aux Nations unies pour contraindre la communauté internationale à punir Israël pour ses crimes contre l’humanité, tandis que l’Egypte, pays pauvre et lié par des accords avec l’entité sioniste, manœuvre pour sauvegarder ses intérêts, obligé qu’il est de se plier aux desideratas de ses nombreux donateurs, notamment les Etats-Unis et les Emirats arabes unis.

Les positions divergent également en Libye, où l’Egypte soutient militairement Khalifa Haftar. Le maréchal de pacotille américano-libyen ne cache pas son inimitié envers l’Algérie qui lui rend la pareille. Dans le dossier libyen, Le Caire s’aligne sur la position du régime belliciste d’Abou Dhabi. Pareillement s’agissant de la question sahraouie, l’Egypte se montre plus proche des thèses marocaines qu’algériennes, suivant à la lettre la feuille de route que Mohammed Ben Zayed dicte à Abdelfattah Al-Sissi.

Le président Tebboune réussira-t-il à aplanir ces nombreux et lourds différends ? Des compromis sont possibles, même si la tâche s’annonce compliquée, l’Algérie ne transigeant pas avec ses principes et l’Egypte, étranglée par une crise économique inextricable, n’étant ni disposée ni capable de contrarier ses bienfaiteurs.

K. M.

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