Les deux buts réels de la visite de travail de Macron à son protectorat marocain
Par Kamel M. – Le geste condescendant du président français à son arrivée à l’aéroport de Rabat en dit long sur la nature de la visite d’Emmanuel Macron dans le protectorat marocain de la France. Un invité supposé être étranger ne peut se permettre de repousser le plateau de dattes et le verre de lait qui lui sont présentés en guise de bienvenue. Les services protocolaires ne sont pas censés ignorer ce détail d’apparence anodine, mais qui traduit, en réalité, la véritable nature des relations qui lient le Makhzen et la puissance coloniale française.
Emmanuel Macron s’est déplacé à Rabat accompagné d’une délégation pléthorique. Cela a nécessité la mobilisation de deux avions et un budget colossal, ce qui a provoqué une grande colère en France où les critiques fusent sur la gabegie qui caractérise la gouvernance du locataire de l’Elysée, au moment où la Cour des comptes tire la sonnette d’alarme sur les dépenses démesurées du Président et de son épouse. Devant une situation financière catastrophique – 3 800 milliards d’euros de dettes –, le nouveau Premier ministre, Michel Barnier, a été jusqu’à imposer une taxe sur la nationalité pour tenter de combler le déficit, alors que le chef de l’Etat continue de vider les caisses en faisant don de plusieurs milliards de dollars à l’Ukraine, pendant que les Français se serrent la ceinture.
Or, dans la visite de travail qu’effectue Emmanuel Macron au Maroc, la douzaine de contrats que les membres du gouvernement français signeront avec les administrateurs locaux – affublés du titre fallacieux de ministres – serviront à déguiser la réalité qui consiste en deux éléments essentiels. D’abord, la captation des bénéfices colossaux de l’Office chérifien des phosphates (OCP), une société écran française dont la famille régnante sert de prête-nom. L’argent de ce géant de l’engrais ira nûment dans les poches des capitaines de l’industrie française, patrons exploiteurs du CAC 40, sous forme d’investissements dédiés au confort et au bien-être des quelque 100 000 Français qui dirigent l’économie marocaine au Maroc même. Ni la construction du TGV ni son extension ne sont destinées à la populace marocaine, réduite aux moyens de transport rudimentaires qui leur sont financièrement inaccessibles. Même l’eau, rare, est encore transportée à dos d’âne dans les banlieues des grandes villes clochardisées du royaume.
Pomper les dividendes de l’OCP n’est pas le seul objectif du déplacement de Macron au Maroc. La France compte, en effet, installer une base navale au plus près de la frontière maritime avec l’Algérie, en y stationnant deux sous-marins. Une décision qui fait suite à la mise en garde d’un amiral de la Marine française, qui a fait savoir, devant une commission parlementaire, que les forces navales algériennes se positionnaient désormais comme une des premières puissances en Méditerranée et qu’elles devançaient leurs rivales françaises en termes d’acquisition d’équipements de dernière génération. Sous couvert d’un contrat de vente d’armements, la France ne fait, en réalité, qu’étendre sa base de Toulon plus au sud pour contrer la puissance de feu de l’ANP. L’armée marocaine n’ayant ni les capacités financières ni la maîtrise technologique pour pouvoir jouter la puissante et professionnelle armée algérienne, la France a décidé de prendre les choses en main directement dans son département d’outre-mer marocain.
K. M.
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