Pervers Driencourt : «J’ai été espionné par le Maroc mais ce n’est pas grave !»
Par Houari A. – L’ancien ambassadeur français a rappelé, dans un entretien à Europe 1, réalisé à l’occasion de la visite d’Emmanuel Macron à Rabat, que son téléphone avait été piégé par le système Pegasus, alors qu’il était en poste à Alger. «Mais ce n’est pas grave», a-t-il minimisé, pour ne pas accabler ses amis marocains mis au ban de la communauté internationale après la grave révélation qui avait été faite par de nombreux médias et chancelleries à l’époque, et qui mettaient en cause l’Etat voyou du Maroc. L’Algérie avait, pour rappel, exprimé sa «profonde préoccupation» suite à cette scabreuse affaire et «condamné vigoureusement cette inadmissible violation flagrante des principes et normes régissant les relations internationales», dénonçant, par là même, «une pratique illégale, malvenue et dangereuse».
Sur un autre volet, Xavier Driencourt a relativisé l’impact de la présence du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, au sein de la délégation pléthorique qui accompagne le président français dans son déplacement surmédiatisé. Selon le diplomate à la retraite mais très présent dans les médias français et marocains où il se lâche, libéré, soutient-il, de l’obligation de réserve, il ne faut pas s’attendre à un miracle s’agissant des sans-papiers marocains qui se trouvent sur le sol français et que la France veut expulser. Si le nombre d’ordres de quitter le territoire français, les fameux OQTF, exécutés par la police française concernant les ressortissants marocains sont plus élevés que ceux visant les Algériens, en raison des quelque 2 000 laissez-passer délivrés par les consulats marocains, il n’en reste pas moins que ceux-ci demeurent tout de même bas, a-t-il fait remarquer.
Pour lui, en décidant de soutenir le plan d’autonomie marocain, le président français a «pesé le pour et le contre» dans les relations entre la France et l’Algérie, d’un côté, et la France et le Maroc, de l’autre. La balance a penché en faveur du Maroc, après qu’Emmanuel Macron eut «fait de nombreux gestes envers l’Algérie, lesquels ont valu à la France de recevoir des injures en retour», s’est-il plaint, en se référant aux propos du président Tebboune qui a parlé de «grand remplacement». Se découvrant un négationnisme naissant, Xavier Driencourt nie l’existence de crimes contre l’humanité commis par l’armée coloniale française en Algérie, trouvant que les récits qui en font état «sont exagérés».
Pour l’ancien ambassadeur, point d’enfumades, de bombardements au napalm, d’exécutions sommaires, de tortures et de déportations, donc. Tous ces actes condamnables n’existent que dans l’imaginaire des «dirigeants algériens» qui «font du chantage mémoriel à la France». Ignorant ? Xavier Driencourt, qui n’a pu que faire des études d’histoire dans le cursus universitaire qui l’a fait parvenir à la prestigieuse fonction de diplomate, ne peut l’être. Le maître chanteur, c’est plutôt lui, qui brandit l’accord de 1968 à chacune de ses sorties pour en exiger la dénonciation par la France. Un accord pourtant obsolète qu’il aime à présenter comme un sésame qui ouvrirait aux Algériens toutes les portes dans son pays qui bascule dans l’extrême-droite et l’emporte avec lui dans sa dérive raciste et islamophobe.
H. A.
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