Lobbyiste pro-marocain : «La danse du ventre de Macron à l’Algérie a échoué»

Macron Oran
Le président français Emmanuel Macron à Oran, en août 2022. D. R.

Par Nabil D. – On ne peut pas dire que Vincent Hervouët soit un ami de l’Algérie. Sa haine viscérale pour notre pays est légendaire et il ne manque pas de l’exhiber fièrement à chaque fois que l’occasion lui en est offerte sur les plateaux de télévision française où il officie comme chroniqueur ou est invité en tant que spécialiste de ceci et de cela. Pourtant, le journaliste n’a pas pu se retenir, cette fois-ci, sur la chaîne raciste CNews, en commentant la visite du président français à Rabat, flanqué de quelque 130 accompagnateurs triés sur le volet dans les milieux politique, économique et culturel. Une visite qui a fait couler beaucoup d’encre en France comme au Maroc, où le régime monarchique chancelant a mis le paquet pour fêter cette réconciliation du couple franco-marocain fâché un temps.

Le lobbyiste pro-marocain a admis que la visite d’Etat de trois jours d’Emmanuel Macron au Maroc avait pour seul but de «narguer les Algériens». «Je pense franchement, sincèrement, au bout du bout de l’analyse, que si le président Macron s’est rendu au Maroc, ça n’a qu’une seule raison : c’est pour narguer les Algériens, parce que la danse du ventre qu’il fait depuis des années à l’Algérie n’a rien donné et, donc, c’est une façon de faire un bras d’honneur aux Algériens, c’est pour narguer l’Algérie qu’on s’est réconcilié [avec le Maroc]», s’est-il emporté. «C’est une bonne chose, mais c’est la seule raison que je vois à cette politique très bizarre», a-t-il surenchéri.

«Je suis assez surpris par ce voyage [du président Macron] au Maroc», a insisté le chroniqueur, qui a pris le soin de rappeler à chaque fois son tropisme marocain, pour ne pas se faire taper sur les doigts par le puissant lobby sioniste qui protège la famille régnante à Rabat. «Pour ce qui est de la réconciliation avec le Maroc après des années de brouille absurde, cela fait dix ans que c’est la soupe à la grimace avec les Marocains, alors que c’est un pays avec lequel on a toutes les raisons d’être alliés», a-t-il déclamé.

Revenant sur la décision unilatérale de Macron de se rallier à l’hypothétique plan marocain d’autonomie, Vincent Hervouët a estimé que «les Marocains ont obtenu de la France quelque chose de considérable, parce que cela fait 49 ans précisément qu’ils ont une politique obstinée [visant à] «faire reconnaître par le monde la souveraineté sur le Sahara Occidental». «La France a, pendant l’été, par la voix d’Emmanuel Macron, à l’occasion de la fête du Trône, envoyé un message au roi [du Maroc], et personne n’a remarqué cela. C’est le 30 juillet, en plus, le leader du Hamas s’est fait, à ce moment-là, dessouder, donc, c’est passé complètement inaperçu», a-t-il tenté de justifier.

Mais le journaliste français n’est pas du tout convaincu par les motifs qui ont poussé Emmanuel Macron à emboîter le pas au Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez. «La France a accepté de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental. Très bien, ça peut s’imaginer, mais l’Espagne avait fait autant parce que les Marocains faisaient chanter les Espagnols, ils leur ont fait lâcher prise en envoyant des milliers de jeunes gens à l’assaut de Ceuta, l’enclave espagnole. Il y avait vraiment un intérêt pour les Espagnols de lâcher prise sur le Sahara [Occidental]», a-t-il développé, reconnaissant par là-même l’implication directe du régime du couple Mohammed VI-André Azoulay dans l’envahissement de l’enclave espagnole par quelque 10 000 Marocains en juin 2021.

«Quel est l’intérêt de la France, pourquoi est-ce qu’on rallie à la position marocaine ? Ça peut s’imaginer, ce n’est pas du tout scandaleux mais, en général, c’est donnant-donnant», a-t-il argumenté, avant de s’interroger : «Qu’est-ce que la France a obtenu comme contrepartie stratégique décisive ?» Et de répondre, exaspéré : «Rien, que des paroles !»

N. D.

Commentaires

    Mohamed El Maadi
    1 novembre 2024 - 6 h 01 min

    Emmanuel Macron, avec son discours flamboyant sur la colonisation algérienne, avait souvent réussi à se poser en moraliste, qualifiant ce chapitre sombre de « crime contre l’humanité ». Pourtant, cette posture ne fut qu’un habillage pour masquer une réalité bien moins reluisante. Alors qu’il naviguait habilement entre les intérêts géopolitiques et les exigences économiques, il apparaissait comme un stratège opportuniste, un véritable « maître des imposteurs ».

    Il avait affirmé que la colonisation était un crime, mais cette déclaration était mise à mal par ses actions ultérieures, notamment en ce qui concerne le Sahara occidental. Dans ce contexte, il semblait légitimer une forme de colonisation bien différente, en soutenant des positions qui allaient à l’encontre de ses propres discours. Ce double discours révélait une incohérence troublante, où les principes énoncés sur la souffrance algérienne se heurtaient à une réalité politique où il choisissait de fermer les yeux sur des injustices similaires.

    Sa capacité à jongler avec des convictions qu’il n’avait jamais vraiment défendues soulevait des questions légitimes sur son authenticité. À l’image d’un caméléon, il changeait de couleur selon le public qu’il souhaitait séduire. Macron, trop imbu de sa personne, paraissait davantage préoccupé par son image que par les injustices du passé. Sa diplomatie avec l’Algérie et son attitude face au Sahara occidental donnaient l’impression d’une manœuvre calculée pour apaiser les tensions tout en préservant ses propres intérêts.

    En fin de compte, il était difficile de ne pas voir en lui un homme dont les convictions étaient aussi volatiles que ses promesses. Son héritage risquait d’être celui d’un président qui avait joué avec les mots et les symboles, mais qui avait échoué à incarner la profondeur d’une réflexion sur la mémoire et la réconciliation. Un imposteur, au fond, qui avait usé de la souffrance d’un peuple pour renforcer son propre statut, tout en légitimant des actions qui contredisaient ses propres déclarations sur la colonisation.

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