Contribution de Sabri Boukadoum – Du phare anticolonial au succès moderne
Par Sabri Boukadoum – Le 1er Novembre 1954, l’Algérie a déclenché une Révolution qui est devenue un moment déterminant dans la lutte mondiale contre le colonialisme. La Révolution, menée par le Front de libération nationale (FLN), n’était pas seulement une lutte pour l’indépendance nationale contre le régime colonial français, mais aussi un symbole de défi et d’autodétermination pour les nations opprimées du monde entier. La guerre d’indépendance de huit ans, qui a culminé en 1962, a inspiré des mouvements révolutionnaires à travers l’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine. Aujourd’hui, cet esprit révolutionnaire continue de façonner le rôle de l’Algérie sur la scène mondiale.
La lutte pour l’indépendance de l’Algérie est le résultat de plus d’un siècle d’oppression et d’exploitation économique sous le régime colonial français. Entre 1830 et 1962, la France coloniale a déplacé de force des millions d’Algériens, exproprié nos terres et dénigré notre culture. Le pouvoir colonial a détruit des villages entiers et réorganisé l’économie au seul bénéfice des colons européens, aux dépens des Algériens de souche.
La Révolution algérienne a non seulement été cruciale pour son propre peuple, mais a également servi de modèle aux mouvements anticoloniaux du monde entier. Le succès de l’Algérie a encouragé d’autres nations, de l’Angola à l’Afrique du Sud, à défier les puissances coloniales et à affirmer leur souveraineté.
L’indépendance n’a cependant pas signifié la fin des défis pour l’Algérie. L’héritage du colonialisme a laissé le pays économiquement dévasté et une grande partie de ses infrastructures détruites. Les premières politiques post-indépendance du pays se sont concentrées sur la reconstruction. La nation nouvellement recouvrée et souveraine s’est efforcée de trouver un équilibre entre ses valeurs révolutionnaires et patriotiques et la nécessité de moderniser et de stabiliser son économie.
Avec les onzièmes plus grandes réserves prouvées de gaz naturel au monde, le secteur des hydrocarbures a servi d’épine dorsale à l’Algérie. Depuis son adhésion à l’OPEP en 1969, l’Algérie est devenue un producteur important de pétrole, exportant 900 000 barils par jour et fournissant à l’Europe une énergie sûre et sécurisée.
L’Algérie assume pleinement son rôle d’acteur clé sur le marché mondial de l’énergie, avec des réserves prouvées d’hydrocarbures en pétrole, gaz, condensats et gaz de pétrole liquéfié (GPL), estimées à plus de 4 300 millions de tonnes équivalent pétrole (MTEP), soit plus de 12 milliards de barils, le gaz naturel représentant à lui seul 55% de ces réserves. En 2023, l’Algérie a fait huit nouvelles découvertes, augmentant potentiellement sa production de gaz naturel de 137 à 200 milliards de mètres cubes (Bcm). En tant que l’un des principaux fournisseurs de gaz à l’Europe, les investissements continus de l’Algérie dans les infrastructures énergétiques continuent de renforcer sa position de partenaire sûr et fiable sur les marchés mondiaux de l’énergie.
Les ressources naturelles abondantes de l’Algérie, ainsi que sa fiabilité en tant que partenaire, constituent également un élément crucial de la sécurité énergétique de l’Europe. Les gazoducs Medgaz et TransMed, qui relient directement l’Algérie à l’Espagne et à l’Italie, constituent un élément vital de la sécurité énergétique de l’Europe. L’Algérie a renforcé ses infrastructures énergétiques, qui fournissent des milliards de mètres cubes de gaz par an. Entre 2022 et 2023, les exportations de gaz naturel liquéfié de l’Algérie ont augmenté de 26,1%. Des projets comme le gazoduc transsaharien permettront de relier davantage les réserves de gaz naturel de l’Afrique aux marchés européens, offrant ainsi un potentiel important pour l’avenir.
L’Algérie ne compte pas seulement sur le pétrole et le gaz pour assurer son avenir. Témoignant d’un engagement fort en faveur du développement durable, le Plan de développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique de l’Algérie, lancé en 2015, fixe des objectifs ambitieux pour 2030, visant à produire 27% de l’électricité du pays à partir de sources renouvelables.
L’Algérie adopte une approche multidimensionnelle pour diversifier son économie au-delà de sa dépendance traditionnelle au pétrole et au gaz. Cet effort comprend des incitations stratégiques pour attirer les investissements étrangers et privés, ainsi que des réformes importantes pour simplifier les processus bureaucratiques grâce à la création d’un portail d’investissement «à guichet unique». En conséquence, l’économie du pays est en plein essor. Son économie a connu une croissance de 4,1% en 2023.
L’Algérie continue également d’affirmer son rôle de leader en Afrique du Nord, en s’engageant activement dans la diplomatie régionale et en négociant la paix pour promouvoir la stabilité au Sahel. Engagée depuis longtemps dans le rétablissement de la paix, l’Algérie, sous la présidence d’Abdelmadjid Tebboune, privilégie la diplomatie constructive par rapport aux intérêts personnels et favorise la solidarité au sein des communautés arabe, africaine et méditerranéenne. En tant que membre clé de l’Union africaine et du Mouvement des non-alignés, l’Algérie demeure un fervent défenseur du droit des nations à se gouverner elles-mêmes sans ingérence extérieure.
Cet engagement en faveur du partenariat international et des valeurs communes a de profondes racines historiques. L’Algérie et les Etats-Unis entretiennent des liens diplomatiques qui remontent au Traité d’amitié et de paix, signé le 5 septembre 1795, lorsque l’Algérie fut l’un des premiers pays à reconnaître l’indépendance des Etats-Unis. Depuis lors, le respect mutuel et l’engagement en faveur de la paix ont marqué les relations entre nos deux nations pendant plus de deux siècles.
La ville d’Elkader, dans l’Iowa, est un symbole durable de ce lien. Elle doit son nom à l’émir Abdelkader, le chef algérien vénéré qui a résisté à la colonisation française. Connu pour ses actes de compassion, Abdelkader a abrité des milliers de chrétiens, dont des diplomates américains, lors du conflit de Damas en 1860, un acte qui lui a valu l’admiration du président Abraham Lincoln.
L’Algérie et les Etats-Unis se sont souvent unis pour défendre des valeurs, telles que la liberté, la justice et l’indépendance. Le soutien indéfectible du sénateur John F. Kennedy à l’indépendance de l’Algérie en 1957 a laissé un héritage durable parmi les Algériens, qui se souviennent de son plaidoyer comme d’un élément central sur la scène internationale.
Aujourd’hui, alors que l’Algérie prend place au Conseil de sécurité de l’ONU, dans un contexte tragique d’escalade de la violence en Palestine, son objectif demeure celui de défendre la cause palestinienne et de défendre les valeurs de justice, de coopération et d’adhésion à la Charte de l’ONU. Ce sont des valeurs que l’Algérie et les Etats-Unis peuvent continuer à défendre ensemble.
La Révolution algérienne n’a pas été qu’un moment historique. Elle a jeté les bases de la création d’une nation moderne. De sa lutte pour l’indépendance à son rôle actuel d’économie florissante et de puissance régionale, l’histoire de l’Algérie est celle de la résilience, de la vision et de la croissance. L’esprit révolutionnaire qui a conduit à l’indépendance continue de guider l’Algérie dans le renforcement de son économie, l’expansion de son influence et la défense des droits des nations à travers le monde.
S. B.
Ambassadeur d’Algérie aux Etats-Unis, ancien ministre des Affaires étrangères de l’Algérie. Il a occupé de hauts postes diplomatiques, dont notamment celui de représentant permanent de l’Algérie auprès des Nations unies.
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