Confession d’un lieutenant de Bigeard sur le courage du héros Larbi Ben M’hidi

Allaire Larbi Ben M’hidi
L'ancien lieutenant de l'armée française Jacques Allaire qui a arrêté le héros Ben M'hidi.

Par Houari A. – La manœuvre du président français à l’occasion de la célébration du 70e anniversaire du déclenchement de la Révolution armée a ravivé la mémoire douloureuse de l’abject assassinat d’un des héros de la Guerre de libération nationale. La mort de Larbi Ben M’hidi, après son arrestation en 1957 à Alger, par l’armée coloniale criminelle française, a montré au monde entier le degré de scélératesse atteint par la France «civilisée» et son gouvernement «démocratique» dans lequel, un futur président, François Mitterrand, couvrait la torture et les exécutions.

Le communiqué de l’Elysée a le mérite de rappeler les hauts fais de guerre de Larbi Ben M’hidi, ainsi que le courage illimité qui caractérisait les révolutionnaires algériens, dont la force morale incommensurable leur a fait accepter le sacrifice suprême pour l’honneur et la dignité.  Un courage que les officiers français eux-mêmes ne pouvaient nier. C’est le cas du lieutenant Jacques Allaire, qui deviendra colonel par la suite. C’est lui qui a arrêté Larbi Ben M’hidi. Il témoignera, 49 ans plus tard, dans un documentaire sur la Bataille d’Alger.

«Si je reviens à l’impression qu’il m’a faite, à l’époque où je l’ai capturé, et toutes les nuits où nous avons parlé ensemble, j’aurais aimé avoir un patron comme ça de mon côté, j’aurais aimé avoir beaucoup d’hommes de cette valeur, de cette dimension, de notre côté. Parce que c’était un seigneur Ben M’hidi. Ben M’hidi était impressionnant de calme, de sérénité et de conviction. Lorsque je discutais avec lui et que je lui disais vous êtes le chef de la rébellion, vous voilà maintenant entre nos mains, la Bataille d’Alger est perdue, et j’extrapolais un peu, la guerre d’Algérie, vous l’avez perdue maintenant, il dit : ne croyez pas ça ! Et il me rappelait les chants de la résistance (le chant des Partisans), un autre prendra ma place. Voilà ce qu’il m’a dit, mais ceci d’une manière sereine, pas ostentatoire. C’est un homme qui est calme, serein, je ne peux même pas dire qu’il était inquiet, il avait déjà compris que la page était tournée pour lui.»

L’ancien lieutenant ajoute : «Que faire de Ben M’hidi ? Nous, nous avons d’abord longuement parlé avec le colonel Bigeard et j’ai dit que Ben M’hidi est un poisson trop gros pour nous, il faut le rendre, il faut le donner et le reste ce n’est plus notre problème, c’est à l’échelon supérieur de décider de ce que l’on pourra faire de Ben M’hidi.» «Ben M’hidi, ça m’a fait de la peine de le perdre, parce que je savais qu’on ne le reverrait plus. Je subodorais», a-t-il confessé. «Je l’ai remis à l’état-major et à une équipe qui est venue le chercher, c’était la nuit, et bien que le règlement s’y oppose, je lui ai fait présenter les armes, parce qu’il faut reconnaître chez son adversaire la valeur et le courage», a admis le lieutenant Allaire.

«Ben M’hidi était pour moi un grand Monsieur et, d’ailleurs, son prénom, dans la résistance, c’était Hakim, qui veut dire le preux», a conclu l’ancien officier qui affirmait avoir appris son «suicide (sic) dans sa cellule, à travers la presse, les journaux et tous les livres d’histoire», confirmant ainsi l’institutionnalisation du mensonge par le pouvoir français. Combien d’autres crimes de guerre la France dissimule-t-elle encore ?

H. A.

Comment (14)

    NARCISSE
    5 novembre 2024 - 6 h 42 min

    «Si je reviens à l’impression qu’il m’a faite, à l’époque où je l’ai capturé, et toutes les nuits où nous avons parlé ensemble, j’aurais aimé avoir un patron comme ça de mon côté, j’aurais aimé avoir beaucoup d’hommes de cette valeur, de cette dimension, de notre côté. Parce que c’était un seigneur Ben M’hidi. Ben M’hidi était impressionnant de calme, de sérénité et de conviction. Lorsque je discutais avec lui et que je lui disais vous êtes le chef de la rébellion, vous voilà maintenant entre nos mains, la Bataille d’Alger est perdue, et j’extrapolais un peu, la guerre d’Algérie, vous l’avez perdue maintenant, il dit : ne croyez pas ça ! Et il me rappelait les chants de la résistance (le chant des Partisans), un autre prendra ma place. Voilà ce qu’il m’a dit, mais ceci d’une manière sereine, pas ostentatoire. C’est un homme qui est calme, serein, je ne peux même pas dire qu’il était inquiet, il avait déjà compris que la page était tournée pour lui.»
    «Ben M’hidi était pour moi un grand Monsieur et, d’ailleurs, son prénom, dans la résistance, c’était Hakim, qui veut dire le preux», a conclu l’ancien officier qui affirmait avoir appris son «suicide (sic) dans sa cellule, à travers la presse, les journaux et tous les livres d’histoire», ➡️
    ALLAH YERAHMEK YA SID ERDJAL !!! ALLAH YERAHMEK YA SI LARBI BEN M’HIDI POUR L’ETERNITE !!! Et c’est pour TOUS NOS CHOUHADAS AMIROUCHE ET LES PAS ANONYME POUR TOUS NOS PÈRES ALLAH YRAHMOUM.
    Ensuite cette pratique BARBARE d’un autre temps « suicide par pendaison » est toujours d’actualité par la flicaille de zbl franchouillarde d’une bravoure exemplaire… Allah yrahmou Idir Mederess.

    Anonyme
    4 novembre 2024 - 13 h 10 min

    Il est indéniable que la confession de Jacques Allaire, ancien lieutenant de l’armée française, soulève des questions profondes sur le courage et la dignité des héros algériens, en particulier Larbi Ben M’hidi. Ce témoignage poignant éclaire non seulement le caractère exceptionnel de Ben M’hidi, mais il met également en lumière la brutalité et l’inhumanité des méthodes employées par l’armée coloniale française. La reconnaissance de la valeur de cet adversaire par un ancien militaire français démontre que, malgré le pouvoir et l’oppression, la force morale des révolutionnaires algériens a su transcender les atrocités de la guerre.

    L’évocation de la sérénité de Ben M’hidi face à son arrestation rappelle à quel point son engagement pour la liberté et la dignité de son peuple était inébranlable. Cela souligne également les contradictions d’un système qui prétendait être civilisé tout en pratiquant la torture et l’exécution. Les paroles d’Allaire, qui décrit Ben M’hidi comme un « seigneur », témoignent d’un respect qui va au-delà de l’affrontement militaire. Elles révèlent une humanité partagée, même entre ennemis, dans le cadre d’un conflit où la bravoure et l’honneur prenaient le pas sur la simple violence.

    Il est crucial de se rappeler que ces récits font partie d’une mémoire collective qui doit être préservée et enseignée. La manière dont l’histoire a été écrite et réécrite, souvent au détriment de la vérité, appelle à une réflexion sur la nécessité d’une réconciliation basée sur l’honnêteté et la justice. Le cas de Larbi Ben M’hidi et d’autres héros de la Révolution algérienne devrait servir de catalyseur pour une discussion plus large sur les crimes de guerre et les injustices historiques, afin que les générations futures puissent apprendre des erreurs du passé.

    Brahms
    4 novembre 2024 - 12 h 37 min

    La France serait ruinée,

    Le mieux serait de vendre la TOUR EIFFEL de Paris sur internet (500 milliards d’euros) + 1000 tonnes d’or afin de commencer à solder ses dettes sinon, la catastrophe arrivera.

    Eneffet, depuis la dissolution de l’Assemblée nationale et l’arrivée de Michel Barnier à la tête du gouvernement, Emmanuel Macron a pris de la distance avec ses troupes. Et ces dernières ne sont pas toujours tendres avec le président de la République. D’après Le Parisien ce lundi, un ministre a déclaré à son sujet « il a l’air paumé, on ne comprend pas ce qu’il fait ».

    Dans les couloirs de l’exécutif, le président semble de plus en plus seul. « Il avait l’air isolé au moment du choix de Barnier », confie un autre ministre au journal. Il faut dire qu’Emmanuel Macron a décidé de s’éloigner de la politique gouvernementale. Résultat : l’Elysée semble de plus en plus déconnectée du gouvernement.

    De la hauteur mâtinée de rancœur.

    D’après Le Parisien qui cite un ministre, on leur a « demandé de ne pas remonter [leurs] échanges internes à l’Elysée ». Si cette stratégie d’éloignement permet à Emmanuel Macron de se désolidariser du choix du gouvernement, le président essuie aussi toujours les plâtres de sa décision d’avoir dissous l’Assemblée nationale. Un choix qui irrite toujours nombre de ceux qui étaient jusque-là dans son camp.

    Quoi qu’il en soit, Emmanuel Macron ne pourra pas se représenter en 2027. Le président ménage donc la chèvre et le chou, dans l’espoir de conserver son héritage alors que les questions de succession font vibrer son camp politique. Trois ans avant la prochaine élection, la présidence d’Emmanuel Macron a donc déjà des allures de fin de règn

    La faillite arrivera très vite donc vendez au plus vite.

    Un passant
    4 novembre 2024 - 10 h 46 min

    C’est la pourriture qui régnait à cette époque. Maintenant ils sont remplacés par d’autres qui se disent journalistes et encensent le génocide des palestiniens. Nous les avons connus veules et mesquins ils sont restés tels quels après toutes ces années. Aucune amélioration aucun progrès ils aiment végéter dans leur crasse de criminels invétérés.

    Anonyme
    4 novembre 2024 - 10 h 34 min

    « Il témoignera, 49 ans plus tard, dans un documentaire sur la Bataille d’Alger. » dixit.
    Des témoignages bien tardifs . Mais bon, si ça peut contribuer à lever ( encore trop timidement) la chappe de plomb de la France officielle sur le passé criminel de l’armée coloniale française en Algérie, pourquoi pas…
    Reste que le plus gros des aveux sur les crimes et atrocités commis est encore loin devant.

    zardoff
    4 novembre 2024 - 10 h 07 min

    Et pour les assassinats de Abane Ramdane et de krim Belkacem ?

      Mohamed El Maadi
      4 novembre 2024 - 13 h 07 min

      Les assassinats d’Abane Ramdane et de Krim Belkacem représentent des épisodes tragiques de l’histoire algérienne, marqués par des luttes internes qui ont profondément impacté le cours de la Révolution. Il est essentiel de rappeler que ce sont des affaires qui relèvent exclusivement du contexte algérien. Lorsque le moment sera venu, et que les cicatrices des rivalités tribales se seront apaisées, l’Algérie pourra aborder son passé tumultueux avec sérénité et lucidité. Ce processus de réconciliation et de réflexion historique est crucial pour construire un avenir harmonieux, où les leçons du passé pourront éclairer les générations futures.

      BEN
      4 novembre 2024 - 15 h 17 min

      n’oubliez pas Amirouche !

    Abou Stroff
    4 novembre 2024 - 9 h 54 min

    « «Si je reviens à l’impression qu’il m’a faite, à l’époque où je l’ai capturé, et toutes les nuits où nous avons parlé ensemble, j’aurais aimé avoir un patron comme ça de mon côté, j’aurais aimé avoir beaucoup d’hommes de cette valeur, de cette dimension, de notre côté. Parce que c’était un seigneur Ben M’hidi. Ben M’hidi était impressionnant de calme, de sérénité et de conviction. Lorsque je discutais avec lui et que je lui disais vous êtes le chef de la rébellion, vous voilà maintenant entre nos mains, la Bataille d’Alger est perdue, et j’extrapolais un peu, la guerre d’Algérie, vous l’avez perdue maintenant, il dit : ne croyez pas ça ! Et il me rappelait les chants de la résistance (le chant des Partisans), un autre prendra ma place. Voilà ce qu’il m’a dit, mais ceci d’une manière sereine, pas ostentatoire. C’est un homme qui est calme, serein, je ne peux même pas dire qu’il était inquiet, il avait déjà compris que la page était tournée pour lui.» »

    j’ai lu et relu et relu ce passage et j’ai compris que quoi que fassent ou disent le macron et ses semblables, Ben M’hidi était un lion, est un lion et restera un lion jusqu’à la fin des temps.

    le reste, tout le reste n’a aucune importance.

    wa el fahem yefhem

      Kadour El Vingtquatre
      4 novembre 2024 - 21 h 43 min

      👍👍👍. Exact c profond. Sans vouloir provoquer, une algerie digne de lui devrait faire de ce témoignage un verset qu’on répète chaque jour, une matière d’exégèse pour en tirer le maximum de lumière. Quand je vois comment cet héritage de nos valeureux révolutionnaires est ignoré, piétiné…j’ai envie de…
      Vive l’Algérie, gloire à nos martyrs et honneur à nos aghlid

    Bouzorane
    4 novembre 2024 - 9 h 53 min

    Ben M’hidi souriait devant la mort et souriait devant la torture aussi!
    On raconte qu’en plus de la torture, les militaires français utilisaient le sérum de vérité (LSD) pour le faire parler.
    Là encore, Ben M’hidi gardait son sourire… mais pas parce qu’il planait!!
    Ben M’hidi avait atteint un tel degré de maîtrise de soi qu’il avait trouvé le moyen de résister même à la drogue.
    Il s’y préparait mentalement en s’auto suggérant une histoire fictive. Et lorsque ses tortionnaires le droguaient, il leur balançait cette histoire qu’il a lui-même inventée de toute pièce!
    Les français étaient contents d’être enfin parvenus à faire parler ce géant, mais désenchantaient aussitôt quand ils voulaient exploiter ces « infos » et découvraient avec effarement que c’était des histoire bidon!
    Les vrais secrets, eux, restaient bien gardés et ne pouvaient être divulgués!!… C’était le Grand Ben M’hidi!
    Je ne pense pas que faire un film aujourd’hui sur Ben M’hidi soit très opportun. Si la plupart des maquisards combattaient pour l’indépendance de l’Algérie, un géant comme Ben M’hidi, lui, voyaient beaucoup plus loin, il voyait déjà l’après décolonisation : l’avènement d’une Nation Algérienne souveraine, forte et conquérante. L’indépendance a bien été obtenue, mais pour ce qui est d’une Nation Algérienne forte et conquérante, nous sommes toujours dans l’attendre. Nous sommes indépendants depuis 60ans mais nous ne sommes toujours pas une Nation. Pour la majorité des combattants et la majorité des Algériens, 1962, c’est l’indépendance, et c’est mission accomplie, mais pour quelqu’un de la trempe de Ben M’hidi, un visionnaire qui avait tant d’ambitions et d’exigences pour l’Algérie, nous sommes encore loin du compte et la révolution n’a toujours pas atteint ses objectifs. Un film sur Ben M’hidi pourra donc etre réalisé seulement le jour où les objectifs de Ben M’hidi seront tous atteints. Avant de réaliser un film sur Ben M’hidi, il faut d’abord réaliser la Nation Algérienne. Paradoxalement, ce ne sont pas ceux qui ont vécu la guerre et la décolonisation de l’Algérie qui pourront nous révéler Ben M’hidi. Je crois que ce sera plutot ceux qui vivront au sein de la Nation Algérienne qui seront les mieux placés pour comprendre l’esprit de Ben M’hidi. Ce jour n’est pas encore arrivé, et celui qui fera ce film n’est pas encore né!
    Et puis, question pratique, avant d’envisager un film, il faut d’abord des études biographiques sérieuses, réalisées par des chercheurs spécialisés.
    Aucune biographie, aucune étude académique sur notre révolution et nos héros! Ou sont les thèses sociologiques, psychologiques, anthropologiques,…??? Où sont les descriptions des batailles et les analyses des stratégies militaires??? Où sont les biographes spécialisés et attitrés??? Partout dans le monde, on commence d’abord par des recherches scientifiques, viennent ensuite les publications prolifiques et c’est seulement après qu’apparaissent les « adaptations sur grand écran »… sans oublier la création, l’entretien et le développement des mythes fondateurs!!! Rien de tout cela n’est fait, rien de tout cela n’existe actuellement

      Un passant
      4 novembre 2024 - 18 h 49 min

      C’est la pourriture qui régnait à cette époque. Maintenant il sont remplacés par d’autres qui se disent journalistes et encensent le génocide des palestiniens. Nous les avons connus veules et mesquins ils sont restés tels quels après toutes ces années. Aucune amélioration aucun progrè s ils aiment végéter dans leur crasse de criminels invétérés.

    Brahms
    4 novembre 2024 - 9 h 48 min

    Difficile de reconnaître son passé de criminels et de voleurs.

    Imaginez, vous étiez des criminels, vous butiez des gens pour voler leur pays, c’est vraiment ingrat.

    De plus, vous étiez des voleurs en plus d’être des criminels où Charles X rentrait dans des banques en Algérie pour ouvrir les tiroirs caisses et prendre tout ce qu’il désirait en monnaies, billets, or.

    A l’inverse, imaginez un instant, un africain faire a même chose en plein Paris, il rentrerait à la BNP Paribas fouillerait dans les coffres – forts, chargerait son magot tranquillement dans une voiture puis il buterait quelques employés avec son révolver pour ensuite filer dans son pays pour y investir.

    En clair, c’est ce que la France faisait durant 132 ans. Du banditisme par des politiciens véreux.

    François Mitterrand, encore et toujours...
    4 novembre 2024 - 9 h 39 min

    dès qu’il s’agit des horreurs commises contre l’Algérie. Y compris pour soutenir sournoisement la violence islamiste pour prendre le pouvoir.
    La haine des Algériens l’a habité jusqu’à sa mort.

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